Fragile comme du verre ou la réalisation d'un aquarium en bois | Article publié dans la RFC N°
107 (mars 1991)
mis à jour en novembre 2003 |
Par Thierry Pallier, ex-responsable régional de l'AFC Normandie
Qui n’a jamais abîmé un aquarium au cours d’un déménagement ? " Ouais, mais c’est vachement lourd ton truc ! " " Bon, bah la prochaine fois, je le ferais en bois !" Dans certain cas (exposition temporaire, déménagements fréquents…) il peut être intéressant de concevoir de grands bacs qui soient assez légers et résistants. Le contreplaqué qualité extérieur (appellation CTBX) en épaisseur 22, 25 ou 30mm sera tout indiqué pour la réalisation d’un bac de 1000 à 2000 litres environ. Bien sur, il faudra prévoir une à deux couches de stratifié polyester (mat + résine ) et une bonne couche de gel-coat polyester pour la finition et l’étanchéité. Un bac de 3 mètres de longueur pour une contenance proche de 1000 litres reviendra à environ 460 Euros ttc pour un poids de 130 kg si l’on choisit le bois alors qu’il faudra compter le double tant en prix qu’en poids si l’on retient le verre. Autre avantage, la déperdition thermique est deux fois moins importante avec le bois. Dans le commerce spécialisé on trouve aussi un contreplaqué imprégné en surface d’une (très ) légère couche d’un produit ressemblant à la bakélite. Ce matériaux dénommé CTBX filmé est utilisé comme planches de coffrage pour le béton. Le revêtement est étanche, assez résistant à l’abrasion mais beaucoup trop fin pour assurer une bonne protection face à une grosse pierre. De plus l’épaisseur maximale de 18 mm limite beaucoup la hauteur des bacs. Plutôt que de prendre un exemple précis, les lignes qui suivent vous donneront une base de travail. La construction d’un aquarium en bois est relativement aisée pour un bricoleur du dimanche, puisque les planches seront coupées de façon précise et d’équerre par le revendeur. Choix de l’épaisseur du contre plaqué
:
Exemple : bac de 3 m de long avec une vitre égale à la hauteur d’eau 60 cm = CP de 22 mm pour 1000 litres ou 25 mm pour 2000 litres Les planches sont vendues complètes en 3,05 m x 1,53 m ou en 2,50m x 1,22m, les coupes étant facturées en plus. En limitant les chutes, on peut concevoir un bac de 3 mètres x 0.75 m de large x 0.70m de hauteur (dimensions extérieures ) avec 2 plaques complètes de la plus grande dimension. Pour un bac jusqu'à 1,5 m de long, l’assemblage
des planches est identique à celui d’une simple caisse en bois mais
pour un bac d’une longueur supérieure, il est préférable
de ceinturer la caisse avec des tasseaux de 50x50 mm de section, et de
rigidifier les faces avant et arrière par deux tasseaux placés
au-dessus du niveau d’eau et de la glace (voir croquis). Ces derniers serviront
de supports aux vitres de couvercle. Les tirants intérieurs pourront
être réalisés dans les chutes de ctbx, sans oublier
de les résiner.
- la découpe de la face avant tiendra compte de la présence possible d’une décantation. Rien ne vous empêche de vitrer également un coté. En théorie, si la planche constituant la face avant était indéformable, le recouvrement (appui) de la vitre pourrait n’être que de deux fois sont épaisseur (25mm pour une glace de 12mm d’épaisseur). Pour une hauteur d’eau égale à la hauteur de la vitre, soit 60cm pour une longueur de 3 mètres par exemple, une vitre de 10 mm d’épaisseur pourra suffire. Les coefficients de Timoschenko (documentation Saint Gobain vitrage) donne une épaisseur théorique de 8,5mm. Le bon compromis me semble être 5cm pour les appuis et 10mm d’épaisseur jusqu'à 1000 litres, 12 mm au-delà. - Le collage : une colle à bois vinylique de bonne qualité, un pré perçage (2mm) avant vissage (vis inoxydables). Il est bon de savoir que les colles modernes ont une adhérence supérieure à la résistance des matériaux qu’elles assemblent. En clair, c’est le bois qui casse, pas le collage. Puis jointement intérieur avec une colle joint polyuréthane (Sika). La présence de ce dernier facilitera la pose du mat de verre dans les angles. Lorsque la caisse est assemblée, il faut appliquer (y compris sur les renforts) à l’intérieur une couche de primaire du type G4 Soloplast. Ce produit est une résine polyuréthane mono composant dont les fonctions seront d’étanchéifier le contreplaqué et (ou) de servir de primaire d’accrochage. Dans un délai compris entre une demi-heure et quatre heures après l’application du primaire, on peut commencer la stratification polyester. Placer le mat de verre (choisir du 200 ou 300 grammes au m²) sur les parois, puis l’imbiber de résine additionnée d’un peu du gel-coat que l’on utilisera pour la finition. Cet ajout a pour but de teinter le stratifié dans la masse et d’améliorer l’étanchéité de la résine polyester (qui n’est pas une résine étanche). Pour 1 m² de mat 200g/m², il faudra 400g de résine. Cet ensemble donnera un stratifié de 0.6 mm d’épaisseur. Il faudra deux à trois couches de mat de verre pour constituer un ensemble suffisamment résistant au choc avec de grosses pierres aux profils acérés. Pour la finition, on appliquera une bonne couche de gel-coat paraffiné de couleur claire pour le fond. Pour les autres faces, c’est le moment idéal pour constituer un décor en mousse polyuréthane. Sinon passez une couche de gel-coat paraffiné de teinte foncée ou bien se rapprochant des roches utilisées pour le décor. Après séchage, poncer légèrement le gel-coat pour déglacer la partie devant recevoir la silicone sur la face avant, puis effectuer le collage de la vitre. Ensuite mettre en place les renforts transversaux.
Prix des matériaux : Contreplaqué ctbx en planche 3,05m x 1,53m épaisseur 22 mm ~ 25 Euros ht le m² 25 mm ~ 29 Euros ht le m² 30 mm ~ 38 E ht le m² Contreplaqué ctbx filmé en planche 3,05m x 1,53m épaisseur 18 mm ~ 21 E ht le m² Primaire d’accrochage G4 Soloplast 7,6 E ttc le 1/2 litre chez Castorama Produit équivalent ~ 4,5 E ht le kilo chez grossiste en résine Polyester Résine polyester isophtalyque = 4,5 E ht le kilo Mat de verre 200 g/m² = 2 E ht le m² Gel coat coloré ~ 6,1 E le kilo Catalyseur ~ 4,5 E ht le 1/2 litre 1 m² constitué de 2 couches de mat + résine + 1 couche gel coat revient à env. 14 E ttc la paraffine est destinée au séchage à l’air libre du gel-coat de finition, contrairement au séchage à l’abri de l’air dans un moule. Verre 8 mm : env 38 Eht le m² 10 mm :env 55 E ht le m² 12 mm :env 106 E ht le m²
Complément (Novembre 2003) Après lecture ou visite de plusieurs sites ou forums, voici quelques précisions : -le mat de verre doit être complètement imprégné de résine (isophtalique), aucune fibre ne doit ressortir du stratifié. Ne pas hésiter à repasser une couche de résine supplémentaire, puis une ou deux couches de gel coat. -le second problème vient de la mauvaise adhérence du silicone sur le polyester. Il existe un silicone de marque Ayrton, référence N 600 T qui adhère bien sans primaire, disponible chez Legallais Bouchard (quincaillerie industrielle) mais uniquement en carton de 25 cartouches pour environ de 80 euros ttc, ce qui met la cartouche à environ 20 francs. Cette colle n'est pas recommandée par le constructeur pour un collage standard verre/verre, par contre elle est adaptée dans le cas qui nous intéresse. -concernant le CTBX filmé, effectivement
il sert pour le coffrage du béton ou pour le plancher de remorques
ou camionnettes, mais dans le 1° cas, l'intérêt réside
dans l'isolation entre le bois et le ciment liquide (sinon, ça colle
bien) dans le 2eme cas, (s'il n'est pas anti-dérapant) c'est pour
faciliter le glissement ou le décollage d'autocollants, ou pour
éviter l'arrachement des fibres du bois. Donc cela ne met pas en
évidence une quelconque solidité de la (mince) couche qui
recouvre le CP. Quant au collage des planches au silicone…….
-la quasi totalité des bacs bois/résine sont en polyester, même en eau de mer. Il n'y a donc aucune raison valable pour utiliser l'epoxy sauf sur du polystyrène. J'utilise aussi un gel coat pour moulage (plus dur) de marque Norpol type GSK (env 8 euros le kilo). Celui-ci est alimentaire après un léger rinçage à l'eau de Javel. Pas d'autre recette miracle de x temps x rinçage. Ne pas focaliser sur l'appellation alimentaire, deux fois plus chère et demander conseils à un grossiste. -pour les décors, on peut mélanger
pas mal de choses à la résine ou au gel coat, pour teinter
ou donner un effet de matière, mais parfaitement sec, mais pas comme
je l'ai lu sur un forum, du sable provenant du bord de mer ou de sablage
des routes l'hiver, car si l'eau pénètre la résine
via une fente, le sel se dissout, augmente de volume, et cela fait une
cloque sous le polyester. C'est le phénomène d'osmose. En
plus le sel empêche la prise du ciment, il doit en être de
même pour la résine.
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