Les Aulonocara du complexe stuartgranti Article publié dans Aqua-Plaisir N°96
et

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Le complexe d'Aulonocara stuartgranti, originaire du lac Malawi en Afrique, regroupe un certain nombre d'espèces/formes plus ou moins bien identifiables occupant dans leur milieu naturel les zones intermédiaires entre zones sableuses et rocheuses. Comme tous les Aulonocara (et quelques autres genres), la mâchoire inférieure possède des pores sensitives plus ou moins élargies permettant aux poissons de capter les vibrations émises par les animalcules se déplaçant dans le sable. Le poisson " en chasse " se place, immobile à quelques centimètres au-dessus du sol pour détecter toute vibration. Soudain, il plonge la tête dans le sable et en extrait l'animal imprudent.
A stuartgranti Meyer et Riehl, 1985, le premier décrit au sein du groupe est originaire de la côte Nord-Ouest du lac, la population type étant originaire de Chilumba. Il correspond aux forme bleues plus ou moins agrémentées de rouge sur les flancs. Notons que la baie de Chitimba abrite deux formes distinctes le " Maulana " (bleu à épaule jaune) vivant à assez faible profondeur et, un peu plus loin et plus profond le " Maisoni " semblant plus proche de la forme type mais qui pourrait être une espèce distincte. 

Ultérieurement d'autres espèces ont été décrites :
 
 
A hansbaenschi Meyer, Riehl et Zetsche, 1987 est originaire du Sud-Est du lac, la population type venant des environs de Masinje. Il a été (et est encore souvent) distribué sous le nom de Aulonocara nyassae (cette dernière espèce étant une espèce sabulicole n'ayant aucun rapport avec le complexe stuartgranti). Il s&agit de poissons à dominante bleue présentant souvent une tache pectorale rouge. Sa répartition géographique s'étend globalement de Cobué jusqu';au sud de la frontière avec le Malawi. Une population vit également dans la zone de Cape Maclear mais il s'agit en fait d'une population tanzanienne introduite là dans les années 60 par Peter Davies qui était un exportateur de poissons et qui, pour des raisons pratiques liées à la distance, avait introduit plusieurs espèces dans la zone.
A steveni Meyer, Riehl et Zetsche, 1987 a été décrit de Kande Island. Il correspond aux formes bleu/jaune dont les variétés les plus en vogue proviennent de Usisya sur la côte Ouest ou de Tanzanie (Blue Neon). Cette espèce est globalement répartie dans toute la zone centrale du lac aussi bien sur la côte Ouest que sur la côte Est.

Il est évident que lorsque l'on observe ces formes dans leur localité type, il semble difficile de les attribuer à une seule et même espèce et donc la division semble justifiée. Toutefois Ad Konings signale que dans différents endroits du lacs on passe d'une forme à l'autre progressivement et que donc toutes appartiennent à la même espèce (A. stuartgranti qui a la priorité). Cette théorie n'est pas partagée par tout le monde ; ainsi Patrick Tawil estime que les trois espèces sont bien valides et se seraient réparties " en mosaïque " tout autour du lac en se partageant une niche écologique identique.

Ajoutons à ce complexe quelques espèces dont le statut spécifique ne semble pas discuté :
 
 
Dans le sud-ouest du lac on trouve les formes jaunes : A. baenschi Meyer et Riehl, 1985 des environ de Benga et A. sp Maleri (plusieurs variantes plus ou moins bien définies dans l'archipel des îles Maleri et environs de Chipoka) qui bien que très proches l'une de l'autre en coloration présentent malgré tout des différences morphologiques notables justifiant leur séparation. La cassure du front de A. baenschi
constitue un bon moyen de détermination en cas de doute. 
A koningsi Tawil, 2002 est commercialisé sous le nom de A. " Mbenji ". Il est endémique de l'île de Mbenji. Il ressemble un peu à A. stuartgranti mais s'en distingue aisément par l'absence de taches anales et le nombre plus réduit de barres verticales. Connu des aquariophiles sous le nom de Aulonocara " Blue Regal "
A hueseri Meyer, Riehl et Zetsche, 1987 de Likoma et A. korneliae Meyer, Riehl et Zetsche, 1987 de Chisumulu sont ici également intégrées dans le complexe stuartgranti bien que certains points peuvent mettre en doute leur relation avec le complexe.

Leur maintenance :

La maintenance de ces poissons ne pose guère de problème. Leur taille, une quinzaine de centimètres au maximum en captivité (la taille en milieu naturel étant moindre), permet d'opter pour un bac spécifique d'une contenance d'environ 200 litres pour un mâle et deux ou trois femelles ; il sera décoré d'une zone rocheuse périphérique entourant une zone de sable fin ; les plantes sont acceptées sans problème même si elles ne font pas partie de leur décor naturel. Un grand bac communautaire convient parfaitement à condition de ne pas imposer la présence de colocataires turbulents (Mbunas par exemple). En général, les Placidochromis de type electra, les Copadichromis, Nyassachromis constituent de bons compagnons.

Il est déconseillé de maintenir dans le même aquarium deux espèces (ou formes) de ce complexe. En effet, il est souvent très difficile de distinguer les femelles et on ne peut pas être réellement sûr qu'aucune hybridation n'aura pas lieu. Par contre la maintenance avec des Aulonocara bien différenciés (groupe Maylandi par exemple) est tout à fait possible. Par contre les diverses formes de jacobfreibergi, poissons plus agressifs ne pourront leurs être imposés que dans des bac de grand volume.

D'un point de vue alimentaire, ils apprécient toute nourriture habituellement distribuée aux Cichlidés du Malawi.

La reproduction n'est pas problématique si les poissons sont correctement maintenus, tant au niveau de la qualité de l'eau, de l'alimentation que des compagnons de bacs. On veillera simplement à offrir des cachettes aux femelles incubantes de façon à limiter les risques (relativement restreints)  d'agression de la part du mâle.
 

Bibliographie :

Tawil P., 2003 : Aulonocara koningsi n. sp. Un cichlidé nouveau du lac Malawi apparenté à Aulonocara stuartgranti (Pisces, Teleostei, Cichlidae). An Cichlid Vol 3, 89-98. Edition AFC.