Tourisme et Cichlidés
Les Cichlidés des Pharaons !
 
Fin juillet 2007, j’effectue un voyage purement touristique en Egypte. La première semaine se passe sur un bateau navigant sur le Nil entre Louxor et Assouan, la deuxième semaine est consacrée à la plongée en Mer Rouge.
Dès le premiér jour au bord du Nil je peux observer de nombreux Cichlidés dans les eaux peu profondes des quais de Louxor. Il y a là de nombreux Coptodon zillii ainsi que quelques Oreochromis certainement O. niloticus.
En cette période estivale très chaude, il fait entre 42 et 44 °C en plein milieu de la journée et à l’ombre, les Tilapia sont en période de reproduction, flamboyant de couleurs avec leur ventre rouge sang. Ils ne sont pas tous très gros, certains couples ne dépassant certainement pas 10 centimètres. Les territoires sont bien visibles car ils ont dégagé les sédiments déposés et on peut voir les taches claires sur le fond à quelques dizaines de centimètres de profondeur, là les poissons sont à l’abri du courant important mais pas des aigrettes qui profitent de la belle occasion pour faire un bon repas. A la jumelle on peut observer les oeufs posés sur les rares pierres ou directement sur le ciment du quai. Quelques couples gardent déjà des alevins. Les territoires ne sont pas très éloignés les uns des autres, parfois même très proches et les joutes entre les couples aux limites des territoires respectifs ne sont pas rares. On peut estimer le diamètre des «nids » à une vingtaine de centimètres environ mais j’en ai vu aussi un d’environ un mètre, bien délimité par un cratère de sable. Les quelques Oreochromis qui s’aventurent dans le secteur sont promptement reconduits à la frontière. Un peu plus loin un pêcheur local « taquine le Tilapia », il les pêche avec une boule d’algues filamenteuses enroulée autour de l’hameçon, il y a beaucoup de touches mais peu de prises !
A Assouan, en dessous des premières cataractes, la population piscicole a un peu évolué, si les C. zillii sont toujours présents, ils ne constituent plus la majorité des poissons. Les Oreochromis niloticus sont ici en grand nombre. Des mâles de 20 à 25 cm environ se sont appropriés des territoires bien visibles, également dégagés de sédiments, souvent à proximité de pierres. Tout autre mâle est violement chassé alors que les femelles sont ardemment séduites. Juste devant le bateau une zone très peu profonde (guère plus de 10 centimètres) abrite un troupeau de femelles en incubation ainsi que ce qui ressemble à des vivipares, sans doute des gambusies. Les pieds dans l’eau j’observe longuement le manège d’un mâle bien territorial qui a élu domicile juste sur le bord du quai, draguant ou chassant selon le sexe de celui ou de celle qui approche. Juste en dessous, là où l’eau commence à être plus profonde, je vois un poisson noir à la queue un peu rouge, de toute évidence c’est un « Haplochromis », quelques femelles en incubation sont d’ailleurs également présentes dans la zone peu profonde. Ultérieurement une recherche sur Fishbase m’apprendra que le seul Haplo d’Egypte est Haplochromis wingatii.

 

 
Assouan est le lieu des premières cataractes, là s’arrêtent les grands bateaux de tourisme (environ 300 sur le Nil) l’eau devient alors plus propre, finies les taches de gasoil irisant la surface, finies les bouteilles et sacs de plastique, la vie semble plus facile ici pour la faune et plus agréable pour l’œil aquariophile. Au milieu du Nil des îles innombrables abritent une réserve naturelle peuplée d’une multitude d’oiseaux, le Nil s’engouffre dans des bras souvent minuscules en formant des tourbillons impressionnants  Un peu plus bas une des île a été aménagée en jardin botanique abritant des essences issues de tous les continents. Je suis très impressionné par les fleurs magnifiques du Couroupita guianensis, l’arbre aux boulets de canon, originaire de Guyane.
La ville est aussi  réputée pour son barrage. En fait il y en a deux, l’ancien et le nouveau, séparés de quelques kilomètres. Entre les deux il y a un lac parsemé d’îles dont la constitution n’est pas sans rappeler les mégalithes du Malawi ou du Tanganyka.  Nous devons nous rendre sur l’une d’elle où fut reconstruit le temple de Philae. Le long de l’embarcadère d’où nous devons prendre le bateau pour l’île, il y a encore de nombreux Oreochromis dont une multitude de femelles en incubation, juste sous la surface, ainsi que quelques Haplochromis. Malheureusement les exigences touristiques ne me permettront pas de m’attarder et de bien observer ce qui se passe ici.


Au dessus du grand barrage, nous faisons une rapide halte pour observer l’immensité du lac Nasser, on s’y baignerait bien mais il parait qu’il y a quelques gros crocodiles, un exemplaire de 11 mètres ayant été capturé l’an passé…. Ça fait passer toute envie de bain !

Je suis retourné faire une croisière sur le Nil en juillet 2013. J'ai à nouveau pu observer beaucoup de Coptodon zillii, autant à Louxor qu'à Assouan, notamment au pied du temple de Philae, entre les deux barrages. Le lac avait d'ailleurs bien baissé et je n'ai vu, cette année là, aucun des petits haplochrominiens. De même, nulle trace d'Oreochromis. par contre j'ai pu voir passer à Louxor, entre le quai et le bateau un banc de petits poissons qui ressemblaient  bien à des Hemichromis (letourneuxi ?) mais les photos ne sont pas terribles. 
 

 
 

Tout au long de la croisière il est possible d'observer les pêcheurs : ils étendent leurs filets à proximité des zones végétales, le long du bord puis frappent l'eau avec de grandes perches pour faire fuir les poissons en direction du filet.
 

Voilà donc ce que le voyageur cichlidophile pourra observer en plein été sur les bords du Nil et sans trop se fatiguer. Il est probable qu'en d'autres périodes plus froides les poissons ne sont pas visibles car en dehors de leur période de reproduction.

© 2007/2013 Ph. Burnel