Les Cichlidés du lac Tanganyika 
G - conseils de maintenance

La maintenance des Cichlidés du Tanganyika ne pose pas de problème particulier si on respecte un certain nombre de règles bien connues des aquariophiles chevronnés mais qu'il est ici nécessaire de rappeler pour ceux qui souhaiteraient découvrir ce groupe intéressant.

a/ Le volume du bac : compte tenu de la grande variété d'espèces et de comportements, on ne peut donner un volume idéal. Ainsi un couple de conchylicoles pourra se contenter de 50 litres alors qu'un couple de Lepidiolamprologus demandera dix fois plus.

La densité généralement admise pour les Cichlidés est de 3 litres pour un centimètre de poisson adulte. Il s'agit d'une bonne base de travail en prenant en compte le fait qu'un Cyphotilapia de trente centimètres ne sera pas à l'aise dans 90 litres, par contre 10 Cyphos dans 900 litres peuvent cohabiter (tout juste!).

S'il est vrai qu'un bac de Mbunas du Malawi ou de Tropheus peut être surpeuplé pour éviter les combats, par contre un bac de Lamprologiens gagne à être légèrement sous-peuplé ce qui permet des études très intéressantes sur les comportements de défense de territoire, tout en préservant un espace de fuite suffisant aux poissons, chacun ayant son territoire propre qui n'empiète pas sur celui des voisins.

b/ L'eau : comme il l'a été indiqué précédemment, l'eau du Tanganyika est fortement basique et très oxygénée. Ces deux conditions sont primordiales pour la maintenance des Cichlidés du Tanganyika. La particularité de ce lac est la très forte teneur en magnésium. D'une manière générale l'eau de conduite, quand elle est suffisamment chargée en calcaire, convient parfaitement, fortement brassée (2 à 3 fois le volume horaire du bac) on réussit assez facilement à maintenir un pH proche de 8,0-8,2 si le bac n'est pas trop peuplé. Les poissons s'adaptent assez facilement à ces conditions de vie. Toutefois il peut arriver que le pH soit difficile à maintenir à des valeurs élevées. Une solution simple et peu onéreuse consiste à ajouter 30g/100 litres de bicarbonate de soude à chaque changement d'eau. Le pH se stabilisera vers 8,1.

Il y a plusieurs années de cela j'ai été amené à étudier une formule empirique de sels du Tanganyika. La formule de base pour 100 litres (Rev. Franç. des Cichlid. n°106, 02/1991) est la suivante : 14,4 g d'hydroxycarbonate de magnésium, 12,5g d'hydrogénocarbonate de sodium (ou de bicarbonate de soude), 5,9g de chlorure de potassium. Ces sels sont mélangés énergiquement (en multipliant les doses par 10, 20 ou 30...) dans un grand seau avec couvercle et quelques galets. On utilise une trentaine de grammes de sels pour 100 litres à chaque changement d'eau.

Sur cette base certains aquariophiles ont apporté quelques compléments :

V. Simonacci (Rev. Franç. des Cichlid n°112, oct.1991) propose, ce qui est logique, de partir de l'analyse réelle de l'eau dont dispose l'aquariophile et de n'ajouter que les produits manquants. A moins d'être chimiste ou d'avoir particulièrement envie de se donner mal à la tête, les formules sont particulièrement délicates à mettre au point, mais il est vrai que le résultat est, scientifiquement parlant, meilleur.

F. Crozet quant à lui (Rev. Franç. des Cichlid. n°154, 12/1995) propose une solution beaucoup plus intéressante, et plus facile à réaliser. Partant du principe que l'eau de conduite est de plus en plus chargée en nitrates, pesticides, etc.. et que l'emploi d'un osmoseur est de plus en plus utile en aquariophilie, sa formule pour 100 litres d'eau osmosée est la suivante :

22,7g de Bicarbonate de sodium, 6g de carbonate de potassium, 6,3g de chlorure de calcium, 22,7g d'hydroxycarbonate de magnésium. A tout cela s'ajoutent quelques autres constituants en dose infime (métasilicate de sodium, sulfate de lithium...) qui ne me semblent pas très utiles, sauf pour faire monter la facture.

Les changements d'eau doivent être réguliers. Qu'ils soient faits ponctuellement ou en continu (goutte à goutte), il faut partir sur la base de ¼ du volume total par semaine.

La filtration sera efficace, peu importe le système utilisé si le débit est correct (préférer les "décantations" et/ou les filtres semi-humides).

L'aération est également un facteur important dans la réussite de la maintenance, et de l'élevage, de nombreuses espèces du lac. Le brassage de l'eau au moyen de la pompe du filtre et de diffuseurs d'air peut parfois s'avérer insuffisant. L'utilisation d'un appareil type Oxydator est alors d'un grand secours notamment pour les Cichlidés-gobies et certaines espèces de sabulicoles (Enantiopus, Xenotilapia...).

c/ Alimentation :

Malgré la grande variété de leurs comportements alimentaires les Cichlidés ne sont pas trop exigeants et acceptent rapidement en captivité les nourritures de bonne qualité. Toutefois certaines espèces rechignent un peu devant les paillettes. Une nourriture de base constituée de moules, crevettes, petit-pois, épinard, le tout haché et enrichi en vitamines et en poudre de spiruline (le grand "classique" des cichlidophiles) convient parfaitement à la majorité des espèces. Les artémias congelées sont très appréciées et sont souvent le meilleur moyen de "décoincer" un récalcitrant fraîchement importé, il ne faut toutefois pas en abuser. Les vers de vase sont à déconseiller formellement particulièrement en cas de présence de brouteurs tels que les Tropheus pour lesquels on évitera soigneusement toute nourriture carnée. Il sera important pour tous les brouteurs de leur fournir une alimentation riche en ballast.

Il n'est pas indispensable de nourrir beaucoup, mieux vaut nourrir bien. Il faut éviter la suralimentation qui provoque une croissance trop importante des poissons, fréquemment obèses en captivé.

d/ Conseils de base de cohabitation

1/ Ne jamais mélanger 2 formes chromatiques d'une même espèce.

2/ Eviter la cohabitation d'espèces trop proches en forme et/ou en couleur

3/ Eviter la cohabitation d'espèces occupant la même niche écologique - particulièrement en ce qui concerne les espèces de la zone sableuse.

4/ Respecter les modes de vie en solitaire, en couple, en banc, etc...
 

Voilà terminé ce rapide tour d'horizon des Cichlidés du lac Tanganyika. Il nous reste encore bien des choses à apprendre, des espèces à découvrir. Il est évident que le lac abrite certainement la population piscicole la plus variée, la plus intéressante à observer, du moins dans un espace aussi "réduit". Dans ce lac aucune espèce n'est semblable à une autre et chacune a son charme. C'est ce qui en fait tout l'attrait et qui explique l'engouement des aquariophiles.

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