Les Tropheus, Princes de Tanganyika publié dans Aquaplaisir N° 40

La mode va et vient, au gré des humeurs des aquariophiles. Il y a une dizaine d'années il était hors de question de maintenir des mbunas si on souhaitait rester "in". Les Cichlidés du lac Tanganyika étaient en vogue. Aujourd'hui, c'est l'inverse, les mbunas sont certainement les poissons les plus importés alors que les grossistes ont bien du mal à se débarrasser de leur stock de "Tanganyika" !

Parmi les espèces encore bien appréciées, on trouve les Tropheus. Ce sont l'équivalent écologique des mbunas du Malawi mais, contrairement à leurs cousins qui ont développé de nombreuses espèces, ces brouteurs du Tanganyika ne constituent qu'un groupe restreint d'espèces.

Outre les Tropheus ce groupe écologique comporte trois autres genres également restreints : Simochromis, Pseudosimochromis et Petrochromis. Ces trois genres étant assez peu maintenus en aquarium en raison soit de leur taille soit de leur caractère, voire même des deux !

Revenons donc au genre Tropheus. Il comporte à l'heure actuelle quatre espèces décrites :
 
T. moorii qui occupe essentiellement la moitié sud du lac, il est connu sous de nombreuses formes chromatiques regroupées en "arc-en-ciel", "perroquet" "sunset", "Murago" etc. La population type est originaire de Mpulungu. T.moorii kasabae est un synonyme junior
T. brichardi occupe les deux rives médianes du lac et possède également de nombreuses variantes de couleur. La population type est originaire de Nyanza Lac. (Photo: T. brichardi "Kipili").

 

T. annectens est vraisemblablement une espèce en cours d'expansion, elle occupe quelques biotopes de la zone centrale aussi bien au Congo qu'en Tanzanie où il est connu sous le nom de T. polli (synonyme junior)(Photo). La population type vient de Kalémié (!?). Le Tropheus "Kongole" est vraisemblablement un T. annectens originaire des îles Kavalla (Burnel et Genevelle, 1999)
T. duboisi est bien connu pour ses alevins noirs ponctués d'une multitude de petites taches blanches. C'est également vraisemblablement une population relique occupant des zones disjointes au nord Congo et en Tanzanie. La population type est originaire de Bemba. (Photo : T. duboisi "Kabogo").
Enfin de deux à quatre espèces attendent encore leur description scientifique :
T. sp. "Noir" occupe la partie nord du lac, les deux formes les plus connues sont le "Brabant" de Rutunga à fine bande jaune et rouge, le "Kaizer II" de "Kiriza" à large bande jaune, le "Pemba" (Photo) à bande orangée, plus communément connu sous "Bemba". Les Tropheus noirs semblent proches des T. brichardi
Une autre espèce, Tropheus "Kaizer I" de Ikola (Tanzanie), est proche des précédents mais semble être actuellement considérée comme espèce à part entière.
Les Tropheus sp "Rouge" du sud Congo et Ouest Zambie ont longtemps été considérés comme populations de T. moorii jusqu'à ce qu'une équipe française signale la sympatrie de deux formes au Congo puis, ultérieurement Toby Veal fit de même en Zambie, à l'autre extrémité de l'aire de répartition. (Photo : T. "Chimba")

 

Pour terminer un Tropheus auparavant intégré dans les T. brichardi et présent dans la région de Mpimbwe en Tanzanie semble constituer une espèce à part entière. Il est actuellement baptisé Tropheus sp "Mpimbwe" en attendant mieux.
Pour plus de renseignements sur les diverses variantes géographiques, je vous conseille la visite de deux sites : Tanganyika Cichlids et Tropheus basic

L'habitat des Tropheus : Ils occupent les zones rocheuses assez peu profondes et souvent couvertes d'algues constituant l'essentiel de leur alimentation. T. duboisi vit un peu plus profondément (jusqu'à 15 m).

La morphologie : Les Tropheus sont des poissons assez massifs avec un front arrondi et une bouche légèrement infère, permettant le raclage des algues. Leur taille est d'une douzaine de centimètres (LS).

Maintenance :

Les Tropheus ne sont pas réellement des poissons faciles à maintenir et plusieurs règles doivent être scrupuleusement respectées.

Maladies :

Outre les occlusions intestinales (qui ne sont pas réellement une maladie), les Tropheus sont très sensibles aux parasites internes provoquant dans un premier temps des selles filamenteuses puis un ballonnement abdominal suivi rapidement de… la mort ! Cette maladie peut décimer un bac en quelques jours, aussi est-il souhaitable de traiter au plus vite en sachant qu'un poisson qui a commencé à gonfler a un avenir "incertain". Le traitement de base est constitué de Metronidazole (vétérinaire) à raison de 1g/100l dans l'obscurité complète, renouvelé tous les deux ou trois jours pendant une semaine après changement de 50% d'eau. Une augmentation de la température jusqu'à 32 °C semble bénéfique (mais pas toujours pour certains cohabitants !). Il a été remarqué qu'une maintenance déficiente est favorable à l'apparition de la maladie. De même il semble qu'il y a une sorte d'immunité (vaccination ?) de certains sujets (des "porteurs sains") qui, mis en présence de sujets non "vaccinés", peuvent leur transmettre rapidement la maladie.

Reproduction :

Les Tropheus sont des incubateurs bucco-pharyngiens maternels polygames. Il n'y a aucune formation de couple, les femelles bien disposées étant attirées vers le territoire du mâle par une nage pilote, sorte de grand "remue-ménage" entrecoupé d'attaques surprises vers les colocataires. Il y a assez peu d'œufs (15 à 20) en contrepartie, ils sont très gros. Après la ponte la femelle se retire dans les roches où elle incube pendant assez longtemps, souvent un mois. Pendant ce temps la femelle ne se nourrit que très peu, n'absorbant que de fines particules, sans doutes destinées aux alevins dans la phase finale de l'incubation. Lors du lâcher les alevins sont assez gros et aptes à se débrouiller tout seul, ils peuvent toutefois encore être repris en bouche par la femelle pendant plusieurs semaines.

Voici donc les bases succinctes de la maintenance de ces poissons. Il y a encore beaucoup de choses à dire aussi nous ne pouvons que conseiller à ceux qui souhaitent en savoir un peu plus de se reporter aux articles parus dans la Revue Française des cichlidophiles n° 127 de mars 1993 :

"Si nous parlions de Tropheus" par J.P. Hacard

"Les Tropheus : aperçu géographique" par P. Burnel

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