Le "Boadzulu"     Article publié dans Aquaplaisir n° 29

Protomelas taeniolatus "Namalenje"

Pour débuter avec les "Haplos"


Protomelas taeniolatus "Namalenje" à gauche, le faux "Boadzulu" et le vrai, Nyassachromis boadzulu, à droite

Sous le nom de "Haplochromis Boadzulu", "Red Empress" ou encore "Hinderi", le commerce aquariophile nous a proposé pendant de longues années un poisson maintenant bien connu. Depuis la révision des "Haplochromis" du Malawi par Eccles et Trewavas en 1989, on sait que Haplochromis boadzulu ILES, 1960 est une espèce appartenant au genre Copadichromis. Dans leur révision du genre Copadichromis Stauffer et Konings placent l'espèce dans le genre Nyassachromis. Ces deux derniers genres, ainsi que le genre nouveau Mchenga, constituent un groupe d'espèces vivant en bancs assez importants à proximité des côtes et connues sous le nom de Utakas.

De toute évidence le "boadzulu" du commerce n'appartenait pas à ce groupe écologique. Il fut identifié comme une variété géographique de Protomelas taeniolatus pêchée autour de l'île de Namalenje, petite île du Sud-est du lac proche de Kambiri Point où se situe la "base" de Stuart Grant l'exportateur de poissons du Malawi. Bien que cette identification date maintenant de près de 10 ans, le nom "Boadzulu" reste solidement ancré dans les mœurs et est donc toujours largement employé aussi bien dans de nombreux commerces que chez les aquariophiles.

Protomelas taeniolatus est une espèce très largement répartie autour du lac. C'est un habitant des zones rocheuses à assez faible profondeur. Il se nourrit en picorant les algues poussant sur les roches et absorbe par la même occasion divers animalcules. En cela il est assez proche des Mbunas dont il partage l'habitat. Tout comme ces derniers il présente, du fait de sa large répartition et de ses habitudes pétricoles, un grand nombre de formes chromatiques. La coloration de base est le bleu métallique, souvent les flancs sont plus ou moins marqués de jaune.

Avec sa couleur très rouge, la forme de Namalenje et de Senga Point tout proche, est certainement la plus belle. Si la tête est uniformément bleu-vert, les écailles des flancs forment une mosaïque de losanges bleus bordés de rouge sang. La coloration rouge s'accentue vers le ventre et fait disparaître le bleu. Les nageoires impaires sont ornées de vermiculures bleues et rouges très intenses.

Les femelles sont argentées et marquées de barres sombres verticales et, surtout, de deux bandes longitudinales.

P. taeniolatus atteint assez facilement une taille de 15 cm. Il peut même parfois aller jusqu'à près de 20 cm dans de grands bacs. C'est un poisson robuste et vif qui ne se laissera intimider que rarement et défendra âprement son territoire, particulièrement lors des reproductions. Pour ces raisons l'aquarium devra avoir une contenance mininale de 500 litres et être décoré de nombreuses roches permettant à chaque poisson de trouver un refuge. Il faudra également prévoir une zone d'eau libre assurant un vaste espace de nage. Des plantes robustes (Anubias sps, Cryptocoryne "balansae", Vallisneria, etc..), bien que non conformes au biotope naturel donneront une agréable touche de couleur.

Comme tous les Cichlidés du Malawi (sauf un !) il pratique l'incubation bucco-pharyngienne maternelle. Les œufs sont déposés généralement sur une pierre plate puis pris en bouche par la femelle. Les positions dites en "T" se succèdent pour assurer expulsion et fécondation. Les œufs, puis les larves, sont gardés environ trois semaines par la mère. Toutefois, si celle-ci estime que ses jeunes seront en danger, l'incubation peut être plus longue. Après le premier lâcher, les alevins sont étroitement surveillés par la femelle qui les reprend en bouche au moindre danger. Durant cette période elle est très agressive et prend des couleurs faisant penser à un mâle subadulte.

Les jeunes nourris convenablement grandiront assez vite et les jeunes mâles commenceront à se déterminer vers l'âge de huit mois.

Il est fréquemment conseillé de ne pas maintenir des "Haplos" en compagnie de Mbunas. Avec P. taeniolatus il est possible de faire une exception dans la mesure où il s'agit d'une espèce vive et que, d'autre part, les Mbunas ne seront pas choisis parmi les espèces les plus agressives.
 
 

Quelques compagnons pour un trio de "Boadzulu" dans un bac de 500 litres :

Mbunas peu agressifs: Labidochromis caeruleus, Pseudotropheus saulosi,

Non Mbunas : Il est indispensable d'éviter la cohabitation avec d'autres "Steveni". On pourra choisir des Sciaenochromis fryeri (l'ex "Haplo ahli"), des Mylochromis tel que M. lateristriga ou encore Placidochromis electra ou des Aulonocara pétricoles.

Il ne faut pas toutefois oublier que le bac ne doit pas ressembler à une soupe de poisson mais que la densité (3 litres d'eau par centimètre de poisson adulte) doit être impérativement respectée avec les "Haplos".

Le "Boadzulu", facile à trouver tant dans le commerce que parmi les amateurs saura sans nul doute réjouir les aquariophiles désireux de découvrir ce groupe de poissons. Ses couleurs éblouissantes et son comportement ne laisseront personne indifférent.

"Steveni"

Il existe des espèces ressemblant beaucoup à P. taeniolatus :

P. fenestratus tout d'abord s'en distingue par l'absence de bandes longitudinales et par le comportement alimentaire. Dans son milieu naturel, il souffle sur les sédiments pour les soulever et faire apparaître les animalcules qui s'y cachent. On le rencontre fréquemment sous le nom commercial de "Steveni Thick Bar"

D'autres espèces, non-décrites, s'intègrent également dans ce groupe. On a ainsi le "Steveni Impérial", le "Steveni Taïwan" ou le "Steveni Black belly". Certaines variétés géographiques de P. taeniolatus sont également parfois appelées "Steveni" comme le "Steveni Tiger" pêché à Likoma et Chizumulu.


 
 

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