Quelques Mbunas jaunes publié dans Aquaplaisir n°34

Les poissons du lac Malawi ont, c'est bien connu, une coloration à dominante bleue. Du bleu, oui mais du joli bleu. C'est vrai que chaque espèce a SON bleu. Depuis le bleu nuit de certains Utakas au bleu métallique de Fossorochromis rostratus ou "électrique" de Sciaenochromis fryeri. Du bleu pastel, du bleu lavande, du bleu avec un peu de jaune, du bleu avec un peu de rouge, voire même du bleu truc avec un peu de bleu machin. Il y en a pour tous les goûts. Mais tout cela ne nous donne que du bleu. Evidemment nous parlons ici des mâles puisque les femelles sont grises, brunes, argentées, bref, pas terribles (Chez les poissons ce sont les mâles qui sont plus beaux que leurs compagnes, en général !)

Bon, ça c'est ce qu'on peut entendre un peu partout. Du bleu avec du gris brunâtre c'est assez lassant, surtout que les espèces sont polygames, donc un seul mâle coloré pour plusieurs femelles.

Il est donc forcément tentant de rechercher des espèces qui tranchent sur cette (très relative) uniformité afin d'avoir un aspect esthétique varié. Fort heureusement le lac Malawi nous offre une multitude de possibilités gracieusement élaborées par la Nature. Ainsi quelques espèces présentent une coloration jaune très soutenue, parfois orange. Ces poissons sont d'un très grand attrait car ils rompent avec la "monotonie" du bleu en apportant une tache de couleur, un éclat de lumière à l'aquarium. Certaines formes d'Aulonocara sont ainsi devenues très populaires pour cette raison.

Les poissons du groupe des Mbunas sont particulièrement attrayants et variés. Il s'agit le plus souvent de poissons occupant les zones rocheuses auxquelles ils sont étroitement inféodés. La Nature a créé par isolement des populations un grand nombre d'espèces et/ou de formes chromatiques. Parmi toutes ces espèces certaines présentent une coloration jaune très soutenue. Cette coloration est, le plus souvent l'apanage des femelles mais aussi parfois des mâles, voire même des deux sexes. Tentons de faire un rapide tour d'horizon des espèces les plus régulièrement rencontrées dans les milieux aquariophiles (ou appelées à le devenir pour les espèces d'importation récente).

Espèces à femelles jaunes :

Pseudotropheus johannii (Makanjila Point) et P. interruptus (Likoma) sont connus depuis longtemps, les mâles des deux espèces sont bleu-nuit avec des lignes horizontales bleu-clair (ligne de points chez P. interruptus). M. auratus a également des femelles jaunes mais marquées de bandes sombres.
 
Pseudotropheus saulosi (Taïwan Reef) a rapidement conquis les amateurs depuis sa découverte à la fin des années 80. Les mâles sont bleus avec des barres noires. Il s'agit d'une petite espèce au comportement peu agressif, il est tout indiqué pour des bacs peu volumineux

Tropheops sp "Macrophthalmus Chilumba" (Chilumba), les mâles sont bleus et présentent une dorsale arborant une large bande sombre soulignée de rouge. (Le genre Tropheops Trewavas, 1984 présente de nombreuses espèces ou formes chromatiques à femelles jaunes – Le "Chilumba" est certainement un des plus beaux représentant du genre).
Pseudotropheus (?) "Msobo Magunga" (Tanzanie) importé depuis peu est une petite merveille. Les mâles ont une coloration bleu nuit, très sombre plus ou moins marquée de taches bleu ciel. 
Maylandia estherae (Mozambique) est plus connu sous "zebra rouge" ; les femelles sont effectivement presque rouges, les mâles bleu ciel.

Espèces à mâles jaunes :
 
Maylandia lombardoi (Mbenji) est connu depuis de nombreuses années. Les femelles sont d'un joli bleu barré de noir. Les deux poissons ont donc une coloration typique de Mbuna, mais inversée. Il s'agit d'une espèce assez agressive à réserver aux grands aquariums.
Maylandia barlowi (Sud du lac, particulièrement Mbenji), les mâles ont de belles irisations bleues dans les nageoires impaires. Les femelles brunes plus ou moins jaunâtres. Il s'agit également d'une espèce agressive.
Pseudotropheus "Elongatus Usisya" (Usisya). Les photos que l'on peut voir dans la littérature spécialisée montrent de superbes mâles jaunes à nageoires bordées de noir. Malheureusement cette belle coloration est rare en aquarium, elle n'est le fait que des mâles particulièrement dominants. Comme ce n'est pas un poisson tyrannique vis à vis des autres il se laisse plus facilement dominer qu'il ne domine. Il est donc souvent davantage brun clair que jaune.
Pseudotropheus (?) "Daktari" (Tanzanie/Mozambique). Les mâles "Daktari" sont particulièrement remarquables avec une coloration jaune unie et une caudale marquée de deux liserés noirs. Les femelles sont brun jaunâtre. Ce n'est pas une espèce très agressive, ni de grande taille.

Espèces chez lesquelles les deux sexes sont jaunes :
 
Labidochromis caeruleus est certainement le plus connu. La forme jaune a une répartition très limitée et est rare en milieu naturel alors qu'il est très courant en aquarium. Par contre les très beaux sujets sont rares, le jaune souvent délavé n'ayant plus rien à voir avec le jaune doré des souches sauvages.

Je serais tenté d'introduire dans ce groupe le P. "Daktari" en effet, les femelles prennent souvent une coloration plus jaune que brune, particulièrement lors des incubations.

Conseils pour la cohabitation :

Faire cohabiter des Mbunas n'est pas toujours une mince affaire, certaines règles doivent être respectées. Ce sont ces règles que nous allons essayer de vous faire entrevoir avec les Mbunas jaunes.

1/ On ne maintient jamais ensemble deux espèces ayant le mâle jaune, ceci est particulièrement valable pour les deux Maylandia (lombardoi, barlowi) très agressifs. En raison des risques pour l'un ou l'autre mâle, sans parler de l'hybridation toujours possible.

2/ On évitera la cohabitation d'espèces à femelles jaunes trop proches si les mâles appartiennent au même genre. Nous pourrons ainsi déconseiller la cohabitation de P. "Msobo Magunga" et P. saulosi

3/ Il est possible de faire cohabiter des femelles jaunes si les mâles sont vraiment bien distincts : M. johannii, mâles à bandes, avec P. saulosi, mâles à barres. Mais il convient toujours de surveiller les pontes.

4/ Le mieux est de maintenir conjointement des espèces à mâles jaunes (et femelles brunes) avec des espèces à femelles jaunes (et mâles "bleus").

Enfin il faut toujours savoir que n'importe quelle hybridation est toujours possible et ceci quand, après plusieurs années de rodage un bac a perdu quelques uns de ses pensionnaires. C'est ainsi qu'à mon grand désespoir un mâle Labidochromis "Hongi" et une femelle Pseudotropheus saulosi me gratifient depuis quatre mois de leur vingtaine d'alevins mensuels. On ne peut pourtant pas dire qu'une femelle "Hongi" ressemble à une femelle saulosi ni que le mâle "Hongi" peut prétendre avoir le moindre rapport avec un mâle saulosi !

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