Cyphotilapia spp
Article  publié dans la Rev. Franç. des Cichlidophiles N°104 - 12/1990. 
Mis à jour en 05/2000 et 01/2004

"Cypho" pour les uns, "frontosa" pour les autres, horreur de la nature pour certains non initiés, beauté cachée pour ses admirateurs, le Cypho ne laisse jamais indifférent, à tel point que bien des cichlidophiles en sont tombés littéralement amoureux. Comment, en effet, ne pas être séduit par ce monstre de 30 cm dont la tête, ornée d'une bosse imposante, nous fait penser à "Elephant man" ?
 

Combien de Cyphos ?
La science n’a connu pendant près d’un siècle qu'une seule espèce : Cyphotilapia frontosa décrit en 1906 par Boulenger. Depuis plusieurs années je pense qu’un examen approfondi des diverses variétés permettrait certainement la division en trois espèces distinctes. Une première étape vient d’être franchie dans ce sens avec la description d’une nouvelle espèce par des scientifiques japonais.
 
1/ Le "vrai" C. frontosa vient de Kigoma, en Tanzanie. Je dis le "vrai" car c'est de là que proviennent les exemplaires qui ont servi à la description par Boulenger. On le connaît sous le nom de "Cypho à sept barres" bien que l'on ne devrait pas compter la barre céphalique. Cypho à six barres est donc plus correct. La barre céphalique est très estompée au-dessus de l'œil, alors qu'en dessous, elle est transformée en tache recouvrant entièrement l'opercule. Les membranes de la dorsale ainsi que la moitié supérieure de la caudale sont jaunâtres. Cette variété est la plus élancée de toutes.  Sa répartition géographique est limitée à la région de Kigoma au nord de la Tanzanie.
2/ Le cypho le plus connu, car exporté depuis de nombreuses années, nous vient des côtes nord du lac Tanganyika, au Burundi. Sur un fond blanc bleuté, il présente 5 barres verticales sombres. Une sixième barre assez bien marquée part du front, traverse l'œil pour se terminer à la base de l'opercule, son corps est un plus trapu que chez la variété de Kigoma. 
D’autres populations que l’on peut rattacher à cette espèce nordique ont été recensées :
A l’extrême nord du Congo (région de Pemba et côte est de la péninsule de l’Ubwari) il est identique à la population burundaise. 
Un peu plus au sud, de la base de l’Ubwari aux îles Kavalla, on trouve une autre population qui ne se différencie guère que par des membranes jaunâtres entre les rayons de la dorsale. Toujours au Congo mais encore plus au sud, vers Tembwe, on trouve un cypho ressemblant tout à fait au « Burundi » mais ses barres verticales ne se prolongent pas jusqu’au ventre.  Quasiment en face de Kavalla mais de l’autre côté du lac, dans la région de Bulu Point et Karilani (Tanzanie) on trouve une population ressemblant tout à fait à la forme du Burundi avec également des reflets jaunâtres dans la dorsale. Notons par ailleurs que Kavalla et Bulu Point on en commun au moins une autre espèce : le Tropheus annectens  « Kongole » à Kavalla et « Polli » à Bulu-Point.  

Un peu plus au Nord de cette variété de Bulu Point, à Kabogo donc au sud de Kigoma, on trouve une autre forme devant être rattachée au Cyphotilapia sp " Nord "
Sur la côte Est nous avons donc deux zones de populations de la forme nordique, encadrant la population type de Kigoma. Cela va, à mon avis, dans le sens d’une séparation des populations en espèces distinctes, d’autant qu’il ne semble exister aucune population intermédiaire. 

3/ La moitié sud du lac abrite une autre espèce de cypho, récemment décrite sous le nom de Cyphotilapia gibberosa Takahashi et Nakaya 2003. Les descripteurs se basent sur la présence de trois rangées d’écailles entre les lignes latérales au lieu de deux chez les espèces précédemment citées. D’autres caractères sont reconnus : plus grand nombre d’écailles  sur la ligne longitudinale, peu de dents externes sur la mâchoire supérieure etc.. 
Pour les aquariophiles, une distinction évidente entre les formes à 5 bandes du sud et celles du nord est la présence d’une barre horizontale reliant les yeux et un corps plus trapu. La nouvelle espèce présente plusieurs formes chromatiques plus ou moins bien différenciées. La première variété fut importée de Zambie où l’on trouve la localité type de la nouvelle espèce (Kasenga), les gros mâles ont la particularité d'avoir souvent la tête entièrement bleu-nuit, ce qui valut à cette forme le surnom de "Cypho à tête noire" ou "Cypho à 5 barres" (à l'époque où l'on comptait la barre céphalique) ; les cyphos de Zambie présentent de très légères variations en fonction du lieu de pêche. 
Depuis, d'autres Cyphos baptisés « cyphos bleus » en raison de l’intensité de leur coloration ont été exportés du Congo (Région de Moba/Kapampa), ils se caractérisent par une barre infra-occulaire relativement réduite et de Tanzanie (Mpimbwe, Ikola..) où les poissons ont une tache operculaire étendue un peu comme chez le « Kigoma ». Là aussi de légères variations dans l’intensité de la coloration bleue ou la forme des barres existent en fonction du lieu de pêche

La nouvelle espèce C. gibberosa correspond donc aux formes du sud. Toutefois quelques points sont à relever dans la description. Tout d’abord elle est comparée non pas uniquement au Cyphotilapia frontosa type (un seul spécimen - Holotype - étudié) mais à l’ensemble des populations du nord, incluant des sujets du Burundi, du nord Congo et de Tembwe qui sont donc considérés comme appartenant à l’espèce C. frontosa. Il me semble qu’une étude plus approfondie essayant de scinder les formes du nord en deux espèces distinctes aurait permis de trouver des caractères spécifiques à chacune d’elle. Donc, même si  pour l’instant tous devraient être appelés C. frontosa, je prends le parti de distinguer les deux formes en restreignant C. frontosa à la forme de Kigoma et en appelant provisoirement l’autre groupe Cyphotilapia sp « Nord »
Un autre point m’interpelle dans la description. Un sujet étudié et provenant de Myako (Tanzanie) zone du Cyphotilapia « Nord » (Karilani/Bulu Point) s’est révélé posséder trois rangées d’écailles et donc est inclus dans la nouvelle espèce alors que la forme de la barre céphalique le rapproche incontestablement des formes nordiques… affaire à suivre donc…
Notons également qu’il existe des différences dans l’habitat et le mode de vie en fonction des espèces ou populations. Ainsi, par exemple, le « Kavalla » vit dans un habitat relativement peu profond  alors que le « Kapampa » vit nettement plus profondément. Le sp  « nord » semble être davantage une espèce vivant en banc alors que le C. gibberosa est davantage un solitaire. D’un point de vue comportemental, il y a très longtemps que les aquariophiles ont relevé des différences significatives : de assez calme pour C. frontosa à plus agressif et plus prédateur pour C. gibberosa. Il n’est donc nullement étonnant que le genre soit scindé, même si cela remet en cause les habitudes des aquariophiles.
On pourra pour plus de détails se reporter à l'article de Rudy Pirquet, dans le site de E. Genevelle.

Maintenance :
Il conviendra, bien entendu, de ne pas maintenir dans le même aquarium deux espèces ou variétés distinctes. Le résultat au niveau des jeunes est alors assez bizarre. Ainsi, le croisement d'un "Burundi" et d'un "Kigoma" peut donner des individus à cinq bandes d'un côté et six de l'autre ou bien encore des individus avec des bandes en "V" ou en "Y", ce qui n'est pas du plus bel effet esthétique et qui est du plus mauvais effet dans une bourse aux poissons ! Notons également que la consanguinité trop poussée peut avoir des résultats assez identiques, et il est donc tout à fait nécessaire de croiser les souches (et non les variétés ! ) pour maintenir des caractères génétiques stables.
Dans le lac, la taille des cyphos mâles adultes est de 30 à 35 cm, les femelles étant plus petites avec 20 cm. En aquarium, cette taille peut être considérablement plus importante, puisque des sujets de 45 cm sont signalés, les femelles ne dépassant pas, semble-t-il, 22 cm. Toutefois, il arrive trop fréquemment que les mâles ne dépassent pas 20 à 25 cm. Ceci doit être mis sur le compte d'une maintenance incorrecte, soit en raison d'un aquarium trop petit (un bac de 500 l nous paraît être un minimum), soit en raison d'un environnement (peuplement) trop stressant pour les cyphos (Tropheus, par exemple), soit encore parce que, maintenus individuellement, ils ne sont pas à l'aise alors qu'ils se sentent si bien en groupe, particulièrement pour l’espèce nordique. Une autre raison d'une croissance insuffisante peut provenir d'une nourriture mal appropriée.

L'habitat des cyphos est constitué de fonds rocheux. Il y vit à une profondeur de 10 à 50 m, les plus gros spécimens étant les plus profonds, alors que les jeunes évoluent un peu plus en surface. Mais, répétons le, des variations existent en fonction des localités. Un tel habitat profond explique les difficultés occasionnées par sa pêche et particulièrement l'obligation de lui faire subir des paliers de décompression, augmentant ainsi son prix de revient qui, pour des spécimens sauvages, reste toujours assez élevé.

Pour son bien-être dans l'aquarium, nous lui fournirons un bac spacieux dont le décor rocheux sera aménagé de telle façon qu'il puisse trouver des cachettes où il passera le plus clair de son temps. Les femelles ayant moins tendance à se cacher (hormis en période d'incubation), il n'est pas utile de fournir un trop grand nombre de grottes. Il conviendra également de pourvoir le bac d'une vaste zone dégagée où ce poisson pourra, de temps à autre, se dérouiller les nageoires. La présence de plantes robustes pourra être envisagée, à la condition expresse qu'elles ne soient pas sur le territoire et qu'elles ne bouchent pas la vue du Seigneur des lieux, sinon vous aurez le plaisir de les replacer 2 à 3 fois par jour et, croyez-moi, vous vous lasserez avant lui !
La qualité de l'eau est également importante pour son bien-être ; le pH doit de préférence être supérieur à 8 et, si possible, proche de 8,5. Le sable de corail ou les sels spéciaux aideront à obtenir cette valeur. En ce qui me concerne, je donne une nette préférence au sel Tanganyika en raison de la présence dans celui-ci de magnésium, que l'on juge indispensable pour les Cichlidés de ce lac (au moins les "sauvages"). Remarquons toutefois qu'il ne s'agit pas d'un poisson trop exigeant à ce niveau, car il peut s'accommoder d'une eau relativement peu alcaline. Une filtration efficace, une aération importante et des changements d'eau réguliers contribueront à une bonne maintenance.
Les colocataires de l'aquarium seront choisis parmi les espèces calmes, Julidochromis, Neolamprologus de taille moyenne, par exemple, font parfaitement l'affaire. L'important est que les cyphos soient maîtres de l'aquarium, ce qui risque de ne pas être le cas avec des poissons turbulents comme les Tropheus. Il risque alors d'y avoir une concurrence alimentaire néfaste aux cyphos, sans parler du stress que peuvent provoquer ces poissons en venant picorer les grandes nageoires du cypho. De plus les Tropheus étant strictement végétariens et les cyphos plutôt carnivore, l’une ou l’autre espèce souffrira du type d’alimentation donné.
Contrairement à ce qui est parfois écrit, j'estime que les cyphos ne sont pas des poissons territoriaux. Certes, ils aiment leur cachette, mais ils aiment surtout y être tranquille, et leur agressivité vis-à-vis des petits impertinents qui viendraient leur tenir compagnie est tout à fait modérée. L'agressivité se manifeste surtout entre mâles ou envers la femelle dans le cas d'une maintenance en couple d'où l'intérêt d'avoir plusieurs femelles. Il n'est pas particulièrement utile de pourvoir l'aquarium d'un éclairage intense, ce poisson étant habitué à la pénombre des profondeurs. Un éclairage diffus le sécurisera davantage.
Dans de bonnes conditions de maintenance, les cyphos vous donneront satisfaction pendant de très nombreuses années. Dix ans est un âge qui ne semble pas excessif et qui a été très largement dépassé.

Malgré son caractère indolent, notre animal est d'un naturel prédateur. D'après Konings, il se nourrirait de Cyprichromis ce qui, au premier abord, peut paraître assez surprenant vu la vivacité de ces poissons. En fait, les cyphos ont pris l'habitude de se lever de bonne heure, dès l'apparition des premiers rayons solaires. Ils peuvent ainsi tranquillement se nourrir de Cyprichromis restés sur le fond pour faire la grasse matinée. II est donc fortement conseillé, si l'on désire maintenir ces deux espèces ensemble, de bien nourrir les cyphos ! Il est toutefois utile de noter que selon la littérature consultée, les cyphos ne se nourrissent pas des mêmes proies : piscivores pour certains, mangeurs de crustacés (crabes et crevettes) pour d'autres.
En aquarium, leur alimentation peut parfois poser quelques problèmes à celui qui les connaît mal. En effet, si les jeunes mangent absolument tout ce qui se présente, les adultes font parfois des caprices. Particulièrement glouton pendant certaines périodes, un cypho peut brusquement cesser de s'alimenter pendant plusieurs jours et ceci, sans raison apparente. Il faut malgré tout se dire que c'est un poisson qui pratique assez peu d'exercices physiques dans l'aquarium et que, par conséquent, ses besoins nutritionnels sont peu importants. Il m'a été signalé qu'un gros cypho peut parfois ne manger que l'équivalent d'une grosse crevette par semaine ; je n'ai personnellement jamais vérifié, mais cela me paraît tout à fait concevable et ne veut pas forcément dire qu'il est en mauvaise santé.
Quoi qu'il en soit, la nourriture devra être variée : nourriture sèche en granulés (ramollis dans l’eau tiède) pour Cichlidés, poissons, crevettes, moules, mélange classique (poisson, crevettes, moules, épinards). Vous pouvez lui donner des artémias, mais la plaquette risque de durer assez peu longtemps. Un de ses mets favoris est constitué par les vers de terre bien frétillants qu'il gobe avec avidité. Ceux-ci peuvent constituer une excellente nourriture pour l'acclimatation de spécimens sauvages, à la condition toutefois qu'aucun poisson sensible des intestins ne peuple également le bac. Il m'a même été signalé à plusieurs reprises qu'il avait un penchant pour les Neolamprologus leleupi, qu'il coupe assez facilement en deux particulièrement quand des subadultes sont placés en compagnie de cyphos solidement établis dans l’aquarium. Ayant élevé plusieurs années ces deux espèces dans le même aquarium, je dois dire que cela ne s'est jamais produit chez moi mais il convient malgré tout de se méfier. Par contre à l'Association Aquariophile de Rouen, certains ont essayé de faire cohabiter des Cyphotilapia sp « Nord » avec des Xenotilapia. Cohabitation à court terme car les Cypho coupent assez bien les xenos !

Quand il aura été chez vous depuis un certain temps, votre cypho vous vaudra quelques surprises. Vous le verrez monter à la surface dès qu'il apercevra la personne qui le nourrit (en principe, c'est vous). Petit à petit, il viendra même vous manger dans la main. Par contre, il restera indifférent à la présence d'une autre personne de la famille et, à l'opposé, ira se cacher dès qu'une tête nouvelle fera son apparition dans la pièce, et refusera de se faire admirer par l'ami que vous aviez cordialement invité à lui rendre visite.

Une autre anecdote me fut contée par Philippe Amouriq qui à l'époque tenait le magasin Néréa, pionnier des Cichlidés en France. Alors que Philippe effectuait des réfections dans l'aquarium et que, pour cela, il était obligé de rentrer en maillot de bain dans le bac, son mâle avait pris l'habitude, quand ce dérangement commençait à l'énerver, de venir lui mordiller les talons, lui indiquant ainsi que "ça commence à bien faire, zut, c'est bientôt fini ce remue-ménage, on ne peut même plus être tranquille chez soi!"

Pour élever nos cyphos dans de bonnes conditions, il est important de constituer un groupe avec un ou deux mâles et 4 ou 5 femelles. La cohabitation de deux mâles est possible si l'aquarium est très spacieux, et elle est encore plus facile si les deux poissons ont été élevés ensemble. On peut par exemple donner comme base minimale un mâle et deux ou trois femelles dans un bac de 500 l, mais c’est vraiment le minimum, mais pour deux mâles et 5 ou 6 femelles, un minimum de 1000 litres nous semble indispensable, en sachant que dans un tel aquarium il risque d'y avoir, malgré le volume qui peut paraître important pour certains, de fortes batailles entre les mâles.
La solution la plus simple, et la moins onéreuse, pour constituer un tel groupe, est de démarrer avec des jeunes issus, si possible, de couples différents. Il n'y aura plus après quelques mois qu'à séparer les mâles excédentaires si cela est nécessaire.

On en arrive donc tout naturellement à la distinction des sexes. Les mâles adultes sont facilement reconnaissables avec leur bosse très développée, leurs nageoires dorsale et anale très longues, pouvant dépasser l'extrémité de la queue et leurs nageoires pelviennes également très effilées, dépassant largement la naissance de l'anale et pouvant même aller jusqu'au pédoncule caudal. Les femelles ont des nageoires beaucoup moins allongées. Leur bosse frontale est également moins prononcée, bien qu'il arrive de voir des femelles dont la bosse n'a rien à envier à celle de jeunes mâles de 15 ou 20 cm.
La distinction des sexes chez de jeunes sujets d'une dizaine de centimètres est déjà beaucoup plus aléatoire. La meilleure solution consiste à regarder attentivement les poissons de profil dans l'eau. Certains sujets présentent en avant de la nageoire anale une (très) petite pointe noire, alors que d'autres ne l'ont pas ; il s'agit des mâles dont le spermiducte est légèrement saillant. La « retournette » qui consiste à observer les papilles génitales en sortant les poissons de l’eau est également efficace, avec un peu d'habitude.
 

Reproduction

Une fois bien acclimatés, vos cyphos adultes (vous pouvez compter de 18 mois à 2 ans) auront à cœur d'assurer leur descendance. Notre poisson est pudique et certains sujets refusent obstinément de se montrer, mais ce n'est pas toujours le cas, et la ponte peut parfois avoir lieu entre des pierres, sur le sable, sous l'œil de leur heureux propriétaire. Le mâle préparera alors le site de ponte en dégageant le sable jusqu'à obtenir une cuvette dont le fond sera constitué par la vitre de l'aquarium. Souvent il fera son trou à l'endroit où vous aviez mis des plantes, ce qui est beaucoup plus drôle! La femelle prête à pondre se reconnaît à son oviducte nettement saillant, elle déposera les œufs dans la cuvette après que son partenaire y aura déposé sa semence. Après un mouvement de marche arrière parfaitement exécuté, elle les prendra en bouche, alors que son compagnon, très attentif, se tiendra en permanence derrière elle. Il prendra alors la suite sur le site de ponte pour à nouveau déposer la semence qui fécondera les oeufs suivants. Certains auteurs signalent que la ponte a lieu dans la caverne maternelle sans que le mâle y pénètre ; les œufs sont alors fécondés dans la bouche de la femelle par la laitance émise à l'entrée de la cachette. Je pense qu'il peut s'agir là d'un comportement d'adaptation de la part de femelles trop fortement dominées.
 

Les oeufs sont de grande taille (5 mm) et de couleur jaune. Une incubation bien menée donne naissance à une trentaine de jeunes, bien que des pontes de 80 alevins aient été signalées, ce qui constitue une exception. Souvent, les portées n'excèdent pas 20 jeunes (et non pas 1000 comme lu sur un site web !!)

Après la ponte, la femelle se retire dans un coin reculé du bac pour se sentir en sécurité pendant les 5 à 6 semaines d'incubation. Pendant tout ce temps, il arrive que certaines femelles s'alimentent avec beaucoup de précautions, ce qui ne constitue pas, semble-t-il, une généralité.

A la naissance, les jeunes mesurent un bon centimètre et présentent la coloration caractéristique des parents. Dans le cas d'un bac spécifique, ils peuvent être laissés en compagnie des adultes. Ils trouveront alors aisément des refuges dans le décor. La vision de jeunes de quelques centimètres évoluant devant un mâle adulte de 35 cm est tout à fait étonnante. Toutefois, il est

préférable, si l'on désire élever des cyphos pour en faire profiter les amis, de pêcher la femelle pour lui faire cracher ses alevins. Il convient alors de se munir de quelques serpillières, à moins d'avoir une maîtresse de maison fort compréhensive. Attention toutefois aux conséquences à plus ou moins long terme sur les qualités reproductrices de jeunes non imprégnés du comportement parental.

Bien nourris, les jeunes ont une croissance fort satisfaisante. A un an, les plus gros mesurent une douzaine de centimètres et une bonne vingtaine à deux ans. Notons toutefois qu'il subissent fréquemment un ralentissement -provisoire- de croissance vers 10 cm. Il convient alors de leur fournir un bac plus spacieux. L'apparition des caractères sexuels secondaires a lieu vers l'âge d'un an.

Mais, bien entendu, tout ne marche pas toujours comme sur des roulettes, et il arrive que les incubations ne soient pas menées à leur terme, souvent avec de jeunes femelles. En ce qui me concerne, je pense que la faute n'incombe pas toujours à la femelle. Pendant plusieurs années, j'ai eu un mâle et cinq femelles, or la très grande majorité des alevins obtenus l'ont été avec les deux plus petites. Avec ces deux femelles, le pourcentage de réussite des pontes était très important. Par contre, les trois autres avaient un très faible pourcentage d'incubation menées à leur terme. On pourrait penser qu'il s'agit là de mauvaises mères, il n'en est rien. A chaque fois que ces trois femelles étaient prêtes à pondre, le mâle, plutôt que de tenter de les séduire, les chassait violemment. Les pauvres femelles, qui cherchaient visiblement à être honorées, n'avaient plus alors qu'à se retirer pour pondre en solitaire. Ces incubations, qui furent nombreuses, cessaient toutes au bout de trois jours du fait de la non fécondation des oeufs. Cette expérience me laisse penser que, quand il le peut, un mâle choisit sa (ou ses) femelle et donc ne se reproduit pas systématiquement dès que l'occasion se présente. On peut en conclure qu'il a du goût pour les jolies femelles et qu'il délaisse ce qui lui semble plus proche du "boudin".

En ce qui concerne les maladies, j'ai eu à faire face pendant plusieurs mois à un problème de trous dans la tête, toujours situés sur la bosse du mâle. Ces trous étaient provoqués par des sortes de vers blancs incrustés dans la chair. Ils peuvent être retirés manuellement et délicatement à l'aide d'une aiguille fine. Le poisson ne semble pas souffrir si le ver est pris assez tôt et n'a pas eu le temps de pénétrer trop profondément. Il faut ensuite désinfecter au mercurochrome. Le mal semble alors disparaître sans laisser de cicatrice mais, bien souvent, un nouveau ver apparaît quelques semaines plus tard et tout est à recommencer.

Chez moi, ce mal disparut aussi brusquement qu'il était venu, mais cette disparition coïncida avec l'addition de sels dans le bac qui en était, jusque là, dépourvu. Hasard ou remède efficace ? En règle générale, il s'agit d'un poisson robuste et peu sujet aux maladies. En conséquence, sa longévité en aquarium est très grande, et il est fortement conseillé d'y penser quand on en fait l'acquisition mais c'est un poissons qui vous procurera de nombreuses joies.

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