La science n’a connu
pendant près d’un siècle qu'une seule espèce : Cyphotilapia
frontosa
décrit en 1906 par Boulenger. Depuis plusieurs années
je pense qu’un examen approfondi des diverses variétés permettrait
certainement la division en trois espèces distinctes. Une première
étape vient d’être franchie dans ce sens avec la description
d’une nouvelle espèce par des scientifiques japonais.
1/ Le "vrai" C.
frontosa vient de Kigoma, en Tanzanie. Je dis le "vrai" car c'est de
là que proviennent les exemplaires qui ont servi à la description
par Boulenger. On le connaît sous le nom de "Cypho à sept
barres" bien que l'on ne devrait pas compter la barre céphalique.
Cypho à six barres est donc plus correct. La barre céphalique
est très estompée au-dessus de l'œil, alors qu'en dessous,
elle est transformée en tache recouvrant entièrement l'opercule.
Les membranes de la dorsale ainsi que la moitié supérieure
de la caudale sont jaunâtres. Cette variété est la
plus élancée de toutes. Sa répartition géographique
est limitée à la région de Kigoma au nord de la Tanzanie. |
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2/ Le cypho le plus connu, car exporté
depuis de nombreuses années, nous vient des côtes
nord du lac Tanganyika, au Burundi. Sur un fond blanc bleuté,
il présente 5 barres verticales sombres. Une sixième barre
assez bien marquée part du front, traverse l'œil pour se terminer
à la base de l'opercule, son corps est un plus trapu que chez la
variété de Kigoma.
D’autres populations que l’on peut rattacher
à cette espèce nordique ont été recensées
:
A l’extrême nord du Congo (région
de Pemba et côte est de la péninsule de l’Ubwari) il est identique
à la population burundaise.
Un peu plus au sud, de la base de l’Ubwari
aux îles Kavalla, on trouve une autre population qui ne se différencie
guère que par des membranes jaunâtres entre les rayons de
la dorsale. Toujours au Congo mais encore plus au sud, vers Tembwe, on
trouve un cypho ressemblant tout à fait au « Burundi »
mais ses barres verticales ne se prolongent pas jusqu’au ventre.
Quasiment en face de Kavalla mais de l’autre côté du lac,
dans la région de Bulu Point et Karilani (Tanzanie) on trouve une
population ressemblant tout à fait à la forme du Burundi
avec également des reflets jaunâtres dans la dorsale. Notons
par ailleurs que Kavalla et Bulu Point on en commun au moins une autre
espèce : le Tropheus annectens « Kongole » à
Kavalla et « Polli » à Bulu-Point.
Un peu plus au Nord de cette variété
de Bulu Point, à Kabogo donc au sud de Kigoma, on trouve une autre
forme devant être rattachée au Cyphotilapia sp " Nord
"
Sur la côte Est nous avons donc
deux zones de populations de la forme nordique, encadrant la population
type de Kigoma. Cela va, à mon avis, dans le sens d’une séparation
des populations en espèces distinctes, d’autant qu’il ne semble
exister aucune population intermédiaire. |
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3/ La moitié sud du lac abrite
une autre espèce de cypho, récemment décrite sous
le nom de Cyphotilapia gibberosa
Takahashi et Nakaya 2003. Les descripteurs se basent sur la présence
de trois rangées d’écailles entre les lignes latérales
au lieu de deux chez les espèces précédemment citées.
D’autres caractères sont reconnus : plus grand nombre d’écailles
sur la ligne longitudinale, peu de dents externes sur la mâchoire
supérieure etc..
Pour les aquariophiles, une distinction
évidente entre les formes à 5 bandes du sud et celles du
nord est la présence d’une barre horizontale reliant les yeux et
un corps plus trapu. La nouvelle espèce présente plusieurs
formes chromatiques plus ou moins bien différenciées. La
première variété fut importée de Zambie où
l’on trouve la localité type de la nouvelle espèce (Kasenga),
les gros mâles ont la particularité d'avoir souvent la tête
entièrement bleu-nuit, ce qui valut à cette forme le surnom
de "Cypho à tête noire" ou "Cypho à 5 barres" (à
l'époque où l'on comptait la barre céphalique) ; les
cyphos de Zambie présentent de très légères
variations en fonction du lieu de pêche.
Depuis, d'autres Cyphos baptisés
« cyphos bleus » en raison de l’intensité de leur coloration
ont été exportés du Congo (Région de Moba/Kapampa),
ils se caractérisent par une barre infra-occulaire relativement
réduite et de Tanzanie (Mpimbwe, Ikola..) où les poissons
ont une tache operculaire étendue un peu comme chez le « Kigoma
». Là aussi de légères variations dans l’intensité
de la coloration bleue ou la forme des barres existent en fonction du lieu
de pêche |
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La nouvelle espèce C. gibberosa
correspond
donc aux formes du sud. Toutefois quelques points sont à relever
dans la description. Tout d’abord elle est comparée non pas uniquement
au Cyphotilapia frontosa type (un seul spécimen - Holotype
- étudié) mais à l’ensemble des populations du nord,
incluant des sujets du Burundi, du nord Congo et de Tembwe qui sont donc
considérés comme appartenant à l’espèce
C.
frontosa. Il me semble qu’une étude plus approfondie essayant
de scinder les formes du nord en deux espèces distinctes aurait
permis de trouver des caractères spécifiques à chacune
d’elle. Donc, même si pour l’instant tous devraient être
appelés C. frontosa, je prends le parti de distinguer les
deux formes en restreignant C. frontosa à la forme de Kigoma
et en appelant provisoirement l’autre groupe Cyphotilapia sp «
Nord »
Un autre point m’interpelle dans la description.
Un sujet étudié et provenant de Myako (Tanzanie) zone du
Cyphotilapia
« Nord » (Karilani/Bulu Point) s’est révélé
posséder trois rangées d’écailles et donc est inclus
dans la nouvelle espèce alors que la forme de la barre céphalique
le rapproche incontestablement des formes nordiques… affaire à suivre
donc…
Notons également qu’il existe des
différences dans l’habitat et le mode de vie en fonction des espèces
ou populations. Ainsi, par exemple, le « Kavalla » vit dans
un habitat relativement peu profond alors que le « Kapampa
» vit nettement plus profondément. Le sp « nord
» semble être davantage une espèce vivant en banc alors
que le C. gibberosa est davantage un solitaire. D’un point de vue comportemental,
il y a très longtemps que les aquariophiles ont relevé des
différences significatives : de assez calme pour C. frontosa
à
plus agressif et plus prédateur pour C. gibberosa. Il n’est
donc nullement étonnant que le genre soit scindé, même
si cela remet en cause les habitudes des aquariophiles.
On pourra pour plus de détails
se reporter à l'article
de Rudy Pirquet, dans le site de E. Genevelle.
Maintenance
:
Il conviendra, bien entendu, de ne pas
maintenir dans le même aquarium deux espèces ou variétés
distinctes. Le résultat au niveau des jeunes est alors assez bizarre.
Ainsi, le croisement d'un "Burundi" et d'un "Kigoma" peut donner des individus
à cinq bandes d'un côté et six de l'autre ou bien encore
des individus avec des bandes en "V" ou en "Y", ce qui n'est pas du plus
bel effet esthétique et qui est du plus mauvais effet dans une bourse
aux poissons ! Notons également que la consanguinité trop
poussée peut avoir des résultats assez identiques, et il
est donc tout à fait nécessaire de croiser les souches (et
non les variétés ! ) pour maintenir des caractères
génétiques stables.
Dans le lac, la taille des cyphos mâles
adultes est de 30 à 35 cm, les femelles étant plus petites
avec 20 cm. En aquarium, cette taille peut être considérablement
plus importante, puisque des sujets de 45 cm sont signalés, les
femelles ne dépassant pas, semble-t-il, 22 cm. Toutefois, il arrive
trop fréquemment que les mâles ne dépassent pas 20
à 25 cm. Ceci doit être mis sur le compte d'une maintenance
incorrecte, soit en raison d'un aquarium trop petit (un bac de 500 l nous
paraît être un minimum), soit en raison d'un environnement
(peuplement) trop stressant pour les cyphos (Tropheus, par exemple),
soit encore parce que, maintenus individuellement, ils ne sont pas à
l'aise alors qu'ils se sentent si bien en groupe, particulièrement
pour l’espèce nordique. Une autre raison d'une croissance insuffisante
peut provenir d'une nourriture mal appropriée.
L'habitat des cyphos est constitué
de fonds rocheux. Il y vit à une profondeur de 10 à 50 m,
les plus gros spécimens étant les plus profonds, alors que
les jeunes évoluent un peu plus en surface. Mais, répétons
le, des variations existent en fonction des localités. Un tel habitat
profond explique les difficultés occasionnées par sa pêche
et particulièrement l'obligation de lui faire subir des paliers
de décompression, augmentant ainsi son prix de revient qui, pour
des spécimens sauvages, reste toujours assez élevé.
Pour son bien-être dans l'aquarium,
nous lui fournirons un bac spacieux dont le décor rocheux sera aménagé
de telle façon qu'il puisse trouver des cachettes où il passera
le plus clair de son temps. Les femelles ayant moins tendance à
se cacher (hormis en période d'incubation), il n'est pas utile de
fournir un trop grand nombre de grottes. Il conviendra également
de pourvoir le bac d'une vaste zone dégagée où ce
poisson pourra, de temps à autre, se dérouiller les nageoires.
La présence de plantes robustes pourra être envisagée,
à la condition expresse qu'elles ne soient pas sur le territoire
et qu'elles ne bouchent pas la vue du Seigneur des lieux, sinon vous aurez
le plaisir de les replacer 2 à 3 fois par jour et, croyez-moi, vous
vous lasserez avant lui !
La qualité de l'eau est également
importante pour son bien-être ; le pH doit de préférence
être supérieur à 8 et, si possible, proche de 8,5.
Le sable de corail ou les sels spéciaux aideront à obtenir
cette valeur. En ce qui me concerne, je donne une nette préférence
au sel Tanganyika en raison de la présence dans celui-ci de magnésium,
que l'on juge indispensable pour les Cichlidés de ce lac (au moins
les "sauvages"). Remarquons toutefois qu'il ne s'agit pas d'un poisson
trop exigeant à ce niveau, car il peut s'accommoder d'une eau relativement
peu alcaline. Une filtration efficace, une aération importante et
des changements d'eau réguliers contribueront à une bonne
maintenance.
Les colocataires de l'aquarium seront
choisis parmi les espèces calmes, Julidochromis, Neolamprologus
de
taille moyenne, par exemple, font parfaitement l'affaire. L'important est
que les cyphos soient maîtres de l'aquarium, ce qui risque de ne
pas être le cas avec des poissons turbulents comme les Tropheus.
Il risque alors d'y avoir une concurrence alimentaire néfaste aux
cyphos, sans parler du stress que peuvent provoquer ces poissons en venant
picorer les grandes nageoires du cypho. De plus les Tropheus étant
strictement végétariens et les cyphos plutôt carnivore,
l’une ou l’autre espèce souffrira du type d’alimentation donné.
Contrairement à ce qui est parfois
écrit, j'estime que les cyphos ne sont pas des poissons territoriaux.
Certes, ils aiment leur cachette, mais ils aiment surtout y être
tranquille, et leur agressivité vis-à-vis des petits impertinents
qui viendraient leur tenir compagnie est tout à fait modérée.
L'agressivité se manifeste surtout entre mâles ou envers la
femelle dans le cas d'une maintenance en couple d'où l'intérêt
d'avoir plusieurs femelles. Il n'est pas particulièrement utile
de pourvoir l'aquarium d'un éclairage intense, ce poisson étant
habitué à la pénombre des profondeurs. Un éclairage
diffus le sécurisera davantage.
Dans de bonnes conditions de maintenance,
les cyphos vous donneront satisfaction pendant de très nombreuses
années. Dix ans est un âge qui ne semble pas excessif et qui
a été très largement dépassé.
Malgré son caractère indolent,
notre animal est d'un naturel prédateur. D'après Konings,
il se nourrirait de Cyprichromis ce qui, au premier abord, peut
paraître assez surprenant vu la vivacité de ces poissons.
En fait, les cyphos ont pris l'habitude de se lever de bonne heure, dès
l'apparition des premiers rayons solaires. Ils peuvent ainsi tranquillement
se nourrir de Cyprichromis restés sur le fond pour faire
la grasse matinée. II est donc fortement conseillé, si l'on
désire maintenir ces deux espèces ensemble, de bien nourrir
les cyphos ! Il est toutefois utile de noter que selon la littérature
consultée, les cyphos ne se nourrissent pas des mêmes proies
: piscivores pour certains, mangeurs de crustacés (crabes et crevettes)
pour d'autres.
En aquarium, leur alimentation peut parfois
poser quelques problèmes à celui qui les connaît mal.
En effet, si les jeunes mangent absolument tout ce qui se présente,
les adultes font parfois des caprices. Particulièrement glouton
pendant certaines périodes, un cypho peut brusquement cesser de
s'alimenter pendant plusieurs jours et ceci, sans raison apparente. Il
faut malgré tout se dire que c'est un poisson qui pratique assez
peu d'exercices physiques dans l'aquarium et que, par conséquent,
ses besoins nutritionnels sont peu importants. Il m'a été
signalé qu'un gros cypho peut parfois ne manger que l'équivalent
d'une grosse crevette par semaine ; je n'ai personnellement jamais vérifié,
mais cela me paraît tout à fait concevable et ne veut pas
forcément dire qu'il est en mauvaise santé.
Quoi qu'il en soit, la nourriture devra
être variée : nourriture sèche en granulés (ramollis
dans l’eau tiède) pour Cichlidés, poissons, crevettes, moules,
mélange classique (poisson, crevettes, moules, épinards).
Vous pouvez lui donner des artémias, mais la plaquette risque de
durer assez peu longtemps. Un de ses mets favoris est constitué
par les vers de terre bien frétillants qu'il gobe avec avidité.
Ceux-ci peuvent constituer une excellente nourriture pour l'acclimatation
de spécimens sauvages, à la condition toutefois qu'aucun
poisson sensible des intestins ne peuple également le bac. Il m'a
même été signalé à plusieurs reprises
qu'il avait un penchant pour les Neolamprologus leleupi, qu'il coupe assez
facilement en deux particulièrement quand des subadultes sont placés
en compagnie de cyphos solidement établis dans l’aquarium. Ayant
élevé plusieurs années ces deux espèces dans
le même aquarium, je dois dire que cela ne s'est jamais produit chez
moi mais il convient malgré tout de se méfier. Par contre
à l'Association Aquariophile de Rouen, certains ont essayé
de faire cohabiter des Cyphotilapia sp « Nord » avec
des Xenotilapia. Cohabitation à court terme car les Cypho
coupent assez bien les xenos !
Quand il aura été chez vous
depuis un certain temps, votre cypho vous vaudra quelques surprises. Vous
le verrez monter à la surface dès qu'il apercevra la personne
qui le nourrit (en principe, c'est vous). Petit à petit, il viendra
même vous manger dans la main. Par contre, il restera indifférent
à la présence d'une autre personne de la famille et, à
l'opposé, ira se cacher dès qu'une tête nouvelle fera
son apparition dans la pièce, et refusera de se faire admirer par
l'ami que vous aviez cordialement invité à lui rendre visite.
Une autre anecdote me fut contée
par Philippe Amouriq qui à l'époque tenait le magasin Néréa,
pionnier des Cichlidés en France. Alors que Philippe effectuait
des réfections dans l'aquarium et que, pour cela, il était
obligé de rentrer en maillot de bain dans le bac, son mâle
avait pris l'habitude, quand ce dérangement commençait à
l'énerver, de venir lui mordiller les talons, lui indiquant ainsi
que "ça commence à bien faire, zut, c'est bientôt fini
ce remue-ménage, on ne peut même plus être tranquille
chez soi!"
Pour élever nos cyphos dans de bonnes
conditions, il est important de constituer un groupe avec un ou deux mâles
et 4 ou 5 femelles. La cohabitation de deux mâles est possible si
l'aquarium est très spacieux, et elle est encore plus facile si
les deux poissons ont été élevés ensemble.
On peut par exemple donner comme base minimale un mâle et deux ou
trois femelles dans un bac de 500 l, mais c’est vraiment le minimum, mais
pour deux mâles et 5 ou 6 femelles, un minimum de 1000 litres nous
semble indispensable, en sachant que dans un tel aquarium il risque d'y
avoir, malgré le volume qui peut paraître important pour certains,
de fortes batailles entre les mâles.
La solution la plus simple, et la moins
onéreuse, pour constituer un tel groupe, est de démarrer
avec des jeunes issus, si possible, de couples différents. Il n'y
aura plus après quelques mois qu'à séparer les mâles
excédentaires si cela est nécessaire.
On en arrive donc tout naturellement à
la distinction des sexes. Les mâles adultes sont facilement reconnaissables
avec leur bosse très développée, leurs nageoires dorsale
et anale très longues, pouvant dépasser l'extrémité
de la queue et leurs nageoires pelviennes également très
effilées, dépassant largement la naissance de l'anale et
pouvant même aller jusqu'au pédoncule caudal. Les femelles
ont des nageoires beaucoup moins allongées. Leur bosse frontale
est également moins prononcée, bien qu'il arrive de voir
des femelles dont la bosse n'a rien à envier à celle de jeunes
mâles de 15 ou 20 cm.
La distinction des sexes chez de jeunes
sujets d'une dizaine de centimètres est déjà beaucoup
plus aléatoire. La meilleure solution consiste à regarder
attentivement les poissons de profil dans l'eau. Certains sujets présentent
en avant de la nageoire anale une (très) petite pointe noire, alors
que d'autres ne l'ont pas ; il s'agit des mâles dont le spermiducte
est légèrement saillant. La « retournette
» qui consiste à observer les papilles génitales en
sortant les poissons de l’eau est également efficace, avec un peu
d'habitude.
Reproduction
Une fois bien acclimatés, vos cyphos
adultes (vous pouvez compter de 18 mois à 2 ans) auront à
cœur d'assurer leur descendance. Notre poisson est pudique et certains
sujets refusent obstinément de se montrer, mais ce n'est pas toujours
le cas, et la ponte peut parfois avoir lieu entre des pierres, sur le sable,
sous l'œil de leur heureux propriétaire. Le mâle préparera
alors le site de ponte en dégageant le sable jusqu'à obtenir
une cuvette dont le fond sera constitué par la vitre de l'aquarium.
Souvent il fera son trou à l'endroit où vous aviez mis des
plantes, ce qui est beaucoup plus drôle! La femelle prête à
pondre se reconnaît à son oviducte nettement saillant, elle
déposera les œufs dans la cuvette après que son partenaire
y aura déposé sa semence. Après un mouvement de marche
arrière parfaitement exécuté, elle les prendra en
bouche, alors que son compagnon, très attentif, se tiendra en permanence
derrière elle. Il prendra alors la suite sur le site de ponte pour
à nouveau déposer la semence qui fécondera les oeufs
suivants. Certains auteurs signalent que la ponte a lieu dans la caverne
maternelle sans que le mâle y pénètre ; les œufs sont
alors fécondés dans la bouche de la femelle par la laitance
émise à l'entrée de la cachette. Je pense qu'il peut
s'agir là d'un comportement d'adaptation de la part de femelles
trop fortement dominées.
Les oeufs sont de grande taille (5 mm)
et de couleur jaune. Une incubation bien menée donne naissance à
une trentaine de jeunes, bien que des pontes de 80 alevins aient été
signalées, ce qui constitue une exception. Souvent, les portées
n'excèdent pas 20 jeunes (et non pas 1000 comme lu sur un site web
!!)
Après la ponte, la femelle se retire
dans un coin reculé du bac pour se sentir en sécurité
pendant les 5 à 6 semaines d'incubation. Pendant tout ce temps,
il arrive que certaines femelles s'alimentent avec beaucoup de précautions,
ce qui ne constitue pas, semble-t-il, une généralité.
A la naissance, les jeunes mesurent un
bon centimètre et présentent la coloration caractéristique
des parents. Dans le cas d'un bac spécifique, ils peuvent être
laissés en compagnie des adultes. Ils trouveront alors aisément
des refuges dans le décor. La vision de jeunes de quelques centimètres
évoluant devant un mâle adulte de 35 cm est tout à
fait étonnante. Toutefois, il est
préférable, si l'on désire
élever des cyphos pour en faire profiter les amis, de pêcher
la femelle pour lui faire cracher ses alevins. Il convient alors de se
munir de quelques serpillières, à moins d'avoir une maîtresse
de maison fort compréhensive. Attention toutefois aux conséquences
à plus ou moins long terme sur les qualités reproductrices
de jeunes non imprégnés du comportement parental.
Bien nourris, les jeunes ont une croissance
fort satisfaisante. A un an, les plus gros mesurent une douzaine de centimètres
et une bonne vingtaine à deux ans. Notons toutefois qu'il subissent
fréquemment un ralentissement -provisoire- de croissance vers 10
cm. Il convient alors de leur fournir un bac plus spacieux. L'apparition
des caractères sexuels secondaires a lieu vers l'âge d'un
an.
Mais, bien entendu, tout ne marche pas
toujours comme sur des roulettes, et il arrive que les incubations ne soient
pas menées à leur terme, souvent avec de jeunes femelles.
En ce qui me concerne, je pense que la faute n'incombe pas toujours à
la femelle. Pendant plusieurs années, j'ai eu un mâle et cinq
femelles, or la très grande majorité des alevins obtenus
l'ont été avec les deux plus petites. Avec ces deux femelles,
le pourcentage de réussite des pontes était très important.
Par contre, les trois autres avaient un très faible pourcentage
d'incubation menées à leur terme. On pourrait penser qu'il
s'agit là de mauvaises mères, il n'en est rien. A chaque
fois que ces trois femelles étaient prêtes à pondre,
le mâle, plutôt que de tenter de les séduire, les chassait
violemment. Les pauvres femelles, qui cherchaient visiblement à
être honorées, n'avaient plus alors qu'à se retirer
pour pondre en solitaire. Ces incubations, qui furent nombreuses, cessaient
toutes au bout de trois jours du fait de la non fécondation des
oeufs. Cette expérience me laisse penser que, quand il le peut,
un mâle choisit sa (ou ses) femelle et donc ne se reproduit pas systématiquement
dès que l'occasion se présente. On peut en conclure qu'il
a du goût pour les jolies femelles et qu'il délaisse ce qui
lui semble plus proche du "boudin".
En ce qui concerne les maladies, j'ai eu
à faire face pendant plusieurs mois à un problème
de trous dans la tête, toujours situés sur la bosse du mâle.
Ces trous étaient provoqués par des sortes de vers blancs
incrustés dans la chair. Ils peuvent être retirés manuellement
et délicatement à l'aide d'une aiguille fine. Le poisson
ne semble pas souffrir si le ver est pris assez tôt et n'a pas eu
le temps de pénétrer trop profondément. Il faut ensuite
désinfecter au mercurochrome. Le mal semble alors disparaître
sans laisser de cicatrice mais, bien souvent, un nouveau ver apparaît
quelques semaines plus tard et tout est à recommencer.
Chez moi, ce mal disparut aussi brusquement
qu'il était venu, mais cette disparition coïncida avec l'addition
de sels dans le bac qui en était, jusque là, dépourvu.
Hasard ou remède efficace ? En règle générale,
il s'agit d'un poisson robuste et peu sujet aux maladies. En conséquence,
sa longévité en aquarium est très grande, et il est
fortement conseillé d'y penser quand on en fait l'acquisition mais
c'est un poissons qui vous procurera de nombreuses joies.
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