Neolamprologus
caudopunctatus (Poll,
1978)
Article publié dans la RFC n°117 Mars 1992 |
Ecrit en collaboration avec S. PROT - AFC 0242.27
Réactualisé en décembre 2001
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Neolamprologus caudopunctatus a été
décrit par M. POLL en 1978. Le nom d'espèce fait allusion
aux petites taches présentes sur la nageoire caudale.
Il fut trouvé longtemps sous le nom commercial de N. caudopunctatus "fluo crest" ou "red fin" car la variété géographique la plus fréquemment importée possède une dorsale jaune. Il fut pendant un temps mis en synonymie avec N. leloupi (par ex dans le Cichlid Year Book 1 où Ad Konings reprend Brichard, 1989). Cette erreur a ensuite été corrigée dans le YearBook 2) suite à la publication d'un article de Büscher ( DATZ 45, 1, 1992 puis RFC 133, Nov. 1993) qui a parfaitement mis en évidence d'une part les différences entre les deux espèces et surtout la présence de populations sympatriques. |
Actuellement la position des deux espèces
est incertaine suite à une publication
de M. Stiassny qui les inclut dans le "groupe ossifié" et donc
ils pourraient dans le futur être détachés des Neolamprologus.
Il serait donc peut-être plus judicieux de le nommer ici "Lamprologus"
caudopunctatus.
Origine :
Ce poisson est endémique de la partie sud
du lac Tanganyika en Zambie ; sa répartition remonte également
au sud de la Tanzanie sur la côte Est (Konings, 1998) et également
au sud Congo où son aire chevauche celle de N. leloupi. C'est
dans cette aire commune que le caudopunctatus présente une
dorsale jaune. Il occupe les zones intermédiaires entre roches et
sable à faible profondeur.
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N. caudopunctatus | N. leloupi |
Description sommaire :
La forme du corps n'est pas sans rappeler celle de N. brichardi la caudale en forme de lyre exceptée. La couleur générale des flancs est beige légèrement rosé avec des écailles légèrement irisées de bleu. L'iris est d'un très beau bleu turquoise. Les nageoires pelviennes sont blanc bleuté, les pectorales incolores, la caudale est parsemée de fines rangées verticales de points sombres, ces points étant également présents dans les parties molles de la dorsale et de l'anale. La dorsale présente une coloration jaune soufre occupant toute la hauteur de la nageoire dans la partie antérieure et s'amincissant vers l'arrière, un liseré d'un jaune plus soutenu occupe toute la longueur de la nageoire. Nous avons pu observer que sur tous les couples (4) qui se sont formés chez nous, le mâle présente toujours un très fin liséré jaune à l'extrémité de la nageoire caudale, ce liséré étant toujours absent chez les femelles. Les poissons très stressés sont marqués de six taches sombres sur le dos et la partie supérieure des flancs, la première juste en arrière de la tête et la dernière sur le pédoncule caudal. La taille maximale ne semble pas dépasser 6 à 7 cm.
Distinction entre caudopunctatus et leloupi :
Büscher ayant observé des zones de sympatrie s'est attaché à trouver des différences entre les deux espèces. En résumé, il a trouvé des proportions corporelles légèrement différentes. Il a montré que les différences de couleurs n'étaient pas suffisantes pour distinguer les deux taxas en raison de la variabilité des deux espèces en fonction des populations. Mais surtout, pour nous aquariophiles il a trouvé une différence relativement facile à observer :
" Indépendamment de la variabilité du patron de la caudale et de la dorsale, les deux espèces présentent un patron corporel distinctif particulièrement net en cas de forte excitation (par exemple lors de la garde parentale ou après la capture) ainsi que dans leur robe nocturne : de la base antérieure de la dorsale au pédoncule caudal, s'étendent verticalement jusqu'au ventre cinq ou six barres larges, se muant systématiquement en damier das la partie inférieure chez N. leloupi. Chez N. caudopunctatus, au contraire, les trois premières barres sont toujours ininterrompues, seules les postérieures prenant l'aspect d'un damier." (Büscher RFC 133)
Maintenance et comportement :
Il s'agit d'un poisson qui n'est pas trop difficile
à maintenir à partir du moment où les conditions normales
de maintenance et de nourriture habituellement conseillées pour
les poissons du Tanganyika sont respectées.
Il n'est pas utile de le loger dans de grands aquariums,
ainsi un bac d'une centaine de litres, voire un peu moins, convient parfaitement
pour un couple.
Les couples une fois formés sont très
unis. Le comportement interspécifique est à la hauteur de
la beauté du poisson : bien que de petite taille, il n'hésitera
pas à chasser très violemment de son territoire tout intrus,
quelle que soit sa taille ; il se rapproche en cela de N. brichardi
Son
système d'attaque est très intéressant à observer,
il s'agit, en effet, d'un poisson jouissant d'une très grande rapidité
de mouvements, sa vitesse d'exécution est telle que sa victime n'a
pas le temps de réagir. Après un rapide coup de gueule dans
le flanc, le caudopunctatus est déjà loin quand l'autre
tente de riposter. Souvent, l'attaque d'un des deux partenaires est suivie
immédiatement d'une deuxième attaque de son compagnon.
En raison de son comportement lui permettant de
se défendre très efficacement, il peut donc également
être maintenu dans un grand aquarium en compagnie d'espèces
relativement grosses ou remuantes.
Reproduction :
Les quatre couples qui se sont formés dans un très grand aquarium de 2400 L se sont tous reproduits de la même façon. Le territoire de chaque couple est constitué d'une pierre, en bordure d'une zone sablonneuse. Les poissons creusent sous cette pierre pour y former une grotte dont l'ouverture est à la taille des occupants. La ponte a lieu sur le plafond. Au bout d'une semaine, les minuscules alevins font leur apparition, étroitement surveillés par Ies parents, le mâle s'occupant de la défense éloignée et la femelle de la défense rapprochée. A la moindre alerte, tout ce petit monde entre dans la cachette pour en ressortir quelques minutes plus tard en formant un "nuage" qui évolue devant I'entrée.
Les alevins sont au nombre de 30 à 50 par ponte. Un couple placé dans un bac de 800 L a présenté un autre comportement lors de la reproduction puisqu'il ne s'est jamais reproduit comme les autres sous une pierre en bordure du sable mais dans diverses cavités rocheuses à mi-hauteur du bac, d'autre part, les alevins n'ont, dans ce cas, jamais formé un "nuage" ; ils restent en permanence en contact avec le substrat. Chez d'autres aquariophiles, ce sont des coquilles d'escargot qui sont utilisées toutefois ce comportement ne peut être qualifié de "normal" ; ainsi Büscher signale n'avoir vu qu'une seule fois un couple en coquilles. Comme pour de nombreux autres lamprologues les coquilles semblent donc utilisées uniquement en cas d'absence de substrat "normal", en conséquence, il ne doit absolument pas être considéré comme un conchylicole strict comme le prétendent certains aquariophiles mais bien davantage comme un conchylicole occasionnel.