2/ L'espèce a été
confondue avec une espèce décrite, l'examen approfondi révélant
ultérieurement l'erreur, une description est alors nécessaire.
C'est le cas du poisson communément connu dans les milieux aquariophiles
sous le nom de "Haplochromis ahli" (puis Sciaenochromis ahli) qui
doit maintenant être appelé Sciaenochromis fryeri.
Le véritable
S. ahli étant une autre espèce,
proche.
3/ L'espèce est décrite puis,
ultérieurement, on se rend compte qu'une description avait déjà
été publiée. On applique alors la règle d'antériorité,
le nom le plus ancien ayant la priorité. Ex : Neolamprologus
boulengeri (STEINDACHNER, 1909) a la priorité sur N. kiritvaithai
(MEYER, FOERSTER & DIECKHOFF, 1986)
Ces trois cas sont les plus courants. Un
autre cas est le changement de nom du genre qui peut, dans certaines conditions,
impliquer un changement de nom d'espèce.
Le changement de nom de genre a lieu le
plus souvent lors de l'éclatement d'un genre plus ou moins hétérogène
en plusieurs genres mieux définis. C'est le cas classique des "Cichlasoma"
d'Amérique centrale ou, plus récemment, celui du "groupe
Zebra" des Pseudotropheus qui doivent maintenant (et jusqu'à
quand ?) porter le nom de Maylandia (après être passés
par Metriaclima !).
Là-dessus il faut ajouter les immanquables
querelles d'experts pour savoir si tel genre est valide, si les critères
de détermination sont valables, sans parler des noms qu'on sort
des oubliettes de la systématique comme Hypsophrys pour remplacer
Copora.
On peut aussi se poser la question de savoir si la forme des dents est
un critère de distinction de genre valable ou s'il s'agit simplement
d'un facteur adaptatif à tel ou tel type d'alimentation, ce que
de nombreux exemples laissent entrevoir. De nombreux genres sont décrits
souvent sur la base de la dentition, il faudrait alors tout revoir. Les
recherches sur l'ADN, actuellement à leurs balbutiements devraient,
dans un avenir plus ou moins proche, éclairer notre lanterne. Mais
il ne faudra pas alors s'étonner de nouveaux changements de noms.
Le nom scientifique :
Le premier nom est le nom de genre, un
peu équivalent au nom de famille chez les humains. Ex : Pseudotropheus,
Cichla, Pelvicachromis etc.. Toujours écrit en italique avec
une majuscule. Toujours invariable : des Apistogramma et non des
Apistogrammas.
Le deuxième nom est le nom de l'espèce,
le prénom des humains. Ex : elongatus, pulcher, trewavasae etc.,
il est écrit en italique et sans majuscule.
Vient ensuite le nom de l'auteur de la
description (ou des auteurs) suivi de l'année de la publication.
Des parenthèses indiquent que le nom du genre a été
modifié depuis la description initiale. Ex : Lobochilotes labiatus
(BOULENGER, 1898) initialement décrit comme Tilapia labiata
BOULENGER, 1898.
Le nom d'espèce doit s'accorder
en genre avec le nom générique s'il s'agit d'un adjectif.
Pour reprendre l'exemple précédent : Lobochilotes
est masculin donc labiatus et Tilapia est féminin
donc labiata.
Le nom d'espèce peut aussi être
donné en hommage à une personne, il se termine alors par
i
si c'est un homme (moorii) et ae si c'est une femme (trewavasae).
Il peut aussi faire réference à une origine géographique
il se termine alors par ense ou ensis (nicaraguensis =
du Nicaragua). Voilà pour les cas les plus fréquents mais
il existe d'autres cas plus complexes.
Parfois les aquariophiles sont confrontés
à des sp, aff, cf. dont ils ne comprennent pas la signification.
-
sp. veut dire species, il indique
que l'espèce n'est pas scientifiquement décrite et porte
un nom commercial provisoire, souvent placé entre guillemets, non
écrit en italique et souvent avec un majuscule, cela pour bien le
différencier d'un nom scientifique valide. Ex : Maylandia sp.
"Zebra
Chilumba" : espèce de Maylandia non décrite proche
du zebra et originaire de Chilumba. Normalement si le nom commercial
est entre guillemets et sans italique, le sp est superflu.
-
aff = affinis indique que l'espèce
est proche de .. ex : Maylandia sp. aff. "Zebra" : espèce
de Maylandia
non déterminée, proche du zebra.
-
cf. = confer indique que l'espèce
est probablement celle qui est indiquée mais sans certitude absolue
(souvent quand on ne peut identifier une photo). Ex : Maylandia cf greshakei
:
on suppose que c'est un greshakei mais on n'en est pas certain,
ça peut être une autre espèce proche, M. mbenjii
en l'occurrence.
Les
"types"
Il arrive parfois de lire ou entendre des
mots barbares : holotype, paratype, lectotype, syntype,
etc..Il semble utile d'expliquer à chacun ce qu'ils signifient.
Lors de la description d'une espèce,
celle-ci est définie à partir de l'examen de spécimens
types déposés dans un Musée ou une institution officielle..
(sauf cas particuliers comme par ex. les Orchidées hybrides naturels
connues d'un seul exemplaire et laissées en place pour cause de
protection).
L'holotype
est un spécimen type unique (l'étalon de l'espèce
si on veut), les autres spécimens de
la description sont appelés paratypes.
Parfois ce sont plusieurs exemplaires qui servent de modèles de
référence, c'est la série
type..
Dans une série
type, chaque spécimen est un syntype
quand l'holotype ou le lectotype n'ont pas été désignés.
Lelectoptype
est un syntype désigné comme
seul type porte-nom d'une espèce, les spécimens restants
sont alors les paralectotypes
.
Dans le cas de perte
de l'holotype, de lectotype ou du syntype, on peut alors désigner
un néotype.
Vous suivez ? alors
on continue !
Chacun de ces exemplaires
est conservé dans l'alcool et déposé. Si l'on prend
par exemple le seul Cichlidé décrit en l'an 2000, Divandu
albimarginatus,
l'holotype porte la référence MRAC
95-125-P-0569. MRAC signifiant Musée Royal d'Afrique Centrale
(Tervuren). je vous passe les références des paratypes. En
conséquence présenter une photo d'un poisson vivant en le
qualifiant d'holotype est une aberration, sauf s'il s'agit DU poisson qui
a ensuite été conservé et désigné comme
holotype, bien sûr. Les descriptions ne présentent donc que
les photos de types conservés ou parfois pour les plus anciennes
descriptions, un dessin. (Merci à Robert pour la vérification
du texte).
La population
type : C'est
la population, la variété, le lieu géographique auquel
appartient le type d'une espèce. Par ex : Les types de Tropheus
moorii ayant été pêchés à Mpulungu
(Kinyiamkolo) , on peut donc dire que la population de Mpulungu
est la population type de T. moorii (Du moins c'est ce qu'on pensait
car il s'agit plutôt de la région de Chaïtika, voir Konings
CN janvier 2012). Ce dernier étant lui-même l'espèce
type du genre Tropheus appartenant à la famille des Cichlidés
dont le genre type est Cichla dont l'espèce type est Cichla
ocellaris.
Parfois la population type est difficile
à déterminer en raison du peu de renseignements donnés
dans la description. Prenons par exemple le Tropheus annectens,
la description indique "Albertville" (Kalémié), or l'espèce
n'y est pas présente, mais Kalémié était le
"camp de base" de l'expédition. On ne peut donc dire exactement
d'où viennent les spécimens. Cela peut-être Mtoto ou
Kavalla deux zones respectivement au sud et au nord de Kalémié
où l'on trouve deux populations de cette espèce.
Ceux qui veulent en savoir un peu plus,
à défaut de se taper le Code International, pourront reprendre
l'article de Robert Allgayer "Quelques remarques sur le Code de Nomenclature
Zoologique" publié dans la RFC n° 13 de Novembre 1981 (ça
ne nous rajeunit pas, à l'époque nous étions minces
!!!)
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