Retour au sommaire "orchidées"
Week-end de Pentecôte en Brenne


C’est à l’initiative de Nicolas Cottard qu'une dizaine de membres normands de la SFO avaient décidé d’aller visiter quelques sites de la région centre. Pour cela, Jean-Claude Roberdeau avait été contacté pour nous servir de guide.
Rendez-vous avait été donné le 7 juin 2003 vers 11 heures sous les belles halles de Bracieux. Après être passé devant le magnifique château de Chambord, nous y retrouvons facilement Jean-Claude et la voiture des havrais, ainsi que François Jacquet venu de la région parisienne et véritable encyclopédie des Orchidées françaises.

Nous partons rapidement pour visiter un bord de route en Sologne. Là, nous découvrons de nombreuses Dactylorhiza fuchsii et D. maculata ericetorum. Le long de la route la population évolue de l’une à l’autre espèce avec de nombreux hybrides. Ce n’est pas toujours facile de s’y retrouver.

 
Le groupe sur la pelouse de Chaumussay

 
Nous nous enfonçons très légèrement dans la forêt avoisinante pour découvrir une importante population de Goodyera repens encore en boutons. De nombreux pieds présentent de très belles rosettes aux feuilles tachetées.
Nous reprenons les voitures en direction du bois de Cheverny. Dans un petit chemin nous observons de beaux pieds de D. praetermissa junialis et les premiers Epipactis helleborine en boutons. Jean-Claude nous montre également la forme minor aux feuilles nettement plus petites. Un peu plus loin nous nous arrêtons pour nous restaurer au bord d’un chemin forestier. Ici les Neottia nidus-avis sont légion mais leur floraison est très avancée ; nous voyons toutefois deux pieds très blancs.
Nous repartons en direction de Romorantin via de petits chemins bien agréables. Nous découvrons D. praetermissa en compagnie de la sous espèce D. p. junialis.

Une longue route nous attend maintenant pour descendre vers Issoudun. Nous avons un peu insisté pour voir Limodorum trabutianum, tout en sachant que la saison est bien avancée. Après Les Bordes, nous nous arrêtons sur le bord de la route. Le talus est extrêmement riche. Nous découvrons rapidement des Limodorum abortivum, des Gymnadenia conopsea, des Ophrys apifera dont la forme " " aurita ", de nombreuses Orchis singes sont fanées. Après quelques centaines de mètres sous un soleil de plomb, nous trouvons enfin les L. trabutianum… fanés ! Tant pis, ce sera pour une autre fois.

Nous reprenons la voiture en direction de la Brenne et plus précisément de Tournon Saint Martin où nous logerons dans le gîte de la Charité. Là nous apprécierons la délicieuse cuisine de Madame Gagnot. Malgré le calme environnant la nuit fut très agitée, certains ayant décidé de faire un concours de ronflements. Bernard Musard y obtient une mention " très honorable " très largement distancé par François Jacquet, unanimement classé " hors catégories " . Prévoyant, Nicolas avait pris des bouchons pour les oreilles, j’en ai vite découvert leur utilité.

Dimanche 8 juin.

Le ciel est légèrement voilé mais la luminosité semble bonne pour nos futures photos. Après un petit déjeuner copieux (certains on même essayé la confiture d’orties) nous partons en direction de Ste Gemme. Sur le bord de la route nous trouvons D. brennensis et son hybride avec D fuchsii. Dans le marais d’Auzance nous voyons encore des D. brennensis et, un peu plus loin, D. elata, la différence n’est pas toujours facile à établir mais elle existe bien. Nous voyons également des Epipactis palustris, Pinguicula lusitanica (grassette du Portugal, plante carnivore) et de belle touffes de mouron délicat. Le site est réellement magnifique.

Nous reprenons la voiture pour contourner le marais. Et là, c’est l’apothéose !

Dactylorhiza fuchsii X Gymnadenia odoratissima
Marais d'Auzance
Dactylorhiza brennensis
Dactylorhiza elata
Jean-Claude nous fait découvrir une prairie extraordinaire. Rapidement nous voyons D . fuchsii, des Platanthera chlorantha par centaines ; un peu plus loin il y a également de nombreuses P. bifolia. Il est tentant de chercher l’hybride, ce fut vite fait, quelques pieds présentent des masses polliniques parfaitement intermédiaires. Nous trouvons Ophrys apifera var. trollii à périanthe blanc puis, plus loin, quelques pieds d’apifera entièrement hypochromes. Des milliers d’E. palustris en fleurs ornent la prairie, D. incarnata est également présente mais fanée. Nous découvrons un pied énigmatique aux fleurs vertes ; personne ne se risque à mettre un nom dessus (lusus de D. incarnata ?). Photo ci-contre.
 

Par endroit, des centaines de Gymnadenia odoratissima embaument la prairie. Nous trouvons un hybride de G. odoratissima avec D. fuchsii. La densité des fleurs est extraordinaire, nous sommes tous envoûtés.

Après un copieux pique-nique préparé par nos hôtes du gîte nous nous dirigeons vers la réserve de Chérine afin d’y observer la tortue d’Europe (Cistude). Sur le bord du parking deux lézards verts se dorent sur des rondins. On sort les appareils photos, ils font la pose. 
Dans l’observatoire de la réserve nous voyons une cistude sur un gros tronc d’arbre à demi immergé. Plus loin des Grèbes promènent leurs jeunes. C’est très beau.

Après quelques kilomètres, nous nous arrêtons pour voir des Serapias lingua. Nous sommes en limite nord de leur répartition.

Puis direction Mérigny dans la vallée de l’Anglin. 

Campanula persisefolia, Trifolium rubens et la digitale jaune, plantes rares dans la région, nous montrent leurs fleurs sur le bord de la route. 

Plus loin, nous voyons Epipactis microphylla, pas facile à photographier dans un environnement très sombre, puis Cephalanthera rubra (ci-contre)

Ensuite quelques talus nous font découvrir encore de nombreuses rubra dont un pied blanc, des Himantoglossum, Ophrys insectifera

Nous rejoignons le gîte après une journée bien remplie, la tête pleine de fleurs. Le repas sera bien apprécié et la nuit plus calme, François ayant quintuplé sa dose d’anti-ronflement !.

Lundi 9 juin.
Le soleil est revenu, il va faire très chaud !

Jean-Claude nous conduit vers Chaumussay (37), là nous découvrons rapidement une importante population de Gymnadenia conopsea et, c’est pour elles que nous sommes venus, des G. " pyrenaica ". Nous faisons facilement la différence en observant les éperons : très longs chez conopsea et aussi long ou légèrement plus long que l’ovaire chez " pyreneica ". Je trouve aussi une plante à éperon très court, odoratissima sans doute. Jean-Claude nous explique que ces " pyrenaica " étaient auparavant identifiées comme odoratissima dont elles ont l’odeur caractéristique. Il est vrai que la différence avec les odoratissima standard que nous avons vues la veille est évidente. Pour moi ce " taxon " semble correspondre à une hybridation naturelle entre les deux espèces, particulièrement dans ce lieu où on trouve tout mélangé.

Nous voyons aussi quelques Anacamptis pyramidalis, rares dans la région.

Nous terminons notre exploration sur un autre talus abritant encore les Gymnadenia, des céphalanthères rouges, de nombreuses listères et quelques Orchis anthropophora.

Sous un tronc d’arbre couché une grosse couleuvre verte et jaune nous observe du coin de l’śil, sans doute intrigée d’être devenue une véritable star pour nos appareils photo.
 

Le repas de midi est pris sur le bord d’un chemin. Nous devons maintenant tous nous quitter avec regrets en remerciant chaleureusement notre guide pour sa gentillesse, sa compétence, sa très grande disponibilité et la parfaite organisation de notre déplacement.


 

Retour au sommaire "Orchidées"

© 2003 Philippe Burnel