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Grande Canarie

23 au 28 janvier 2022


Cette année nous avons décidé d’un séjour touristique à Gran Canaria, histoire de couper l’hiver, la grisaille et le froid normands par un peu de chaleur et de soleil.
Je suis allé plusieurs fois aux Canaries mais jamais dans cette île et surtout jamais en cette saison…
Après un rapide tour d’horizon préparatoire de ce qu’on peut voir en Orchidées et je me dis que la fin janvier ne sera après tout pas mal.
Je me fixe trois objectifs  : 1/ le lézard géant des Canaries, endémique de Gran Canaria 2/ Habenaria tridactylites qui est une espèce hâtive mais avec un peu de chance on ne sait jamais 3/ Androrchis patens subspc canariensis, une espèce tardive mais  on ne sait jamais.
Il semble d’autre part que Gennaria diphylla soit courant mais plus tardif, je n’y crois pas. Pourtant j’aimerais bien car non revue depuis la Tunisie en 2009.

Comme Tenerife, la Grande Canarie a un climat « divisé », en gros, plus humide et donc plus vert au Nord, les nuages sont arrêtés par la montagne où il peut faire froid en altitude et sec, chaud et arride au Sud.
C’est au Sud que se situe la zone touristique, les grilloirs pour anglais et allemands, c’est donc là que se situe notre hôtel, car madame a ses exigences au niveau du nombre d’étoiles.

Pour moi dans cette zone c’est plutôt « circulez, y’a rien à voir » mais pour aller vers le Nord il y a quelques kilomètres et surtout beaucoup de virages. Fort heureusement une autoroute parcourt toute la côte Est du Nord au Sud, facilitant les transports.

Au Sud il y a quand même quelques bricoles à voir, les dunes naturelles de Maspalomas qui donnent au secteur un air de Sahara, le Sud est également le domaine des euphorbes dont  Euphorbia canariensis, souvent spectaculaires.

C’est dans cette région Sud que j’ai pu atteindre mon premier objectif, le lézard géant, Gallotia stehlini. L’espèce atteignait 1 mètre avant l’arrivée des européens, elle reste maintenant plus petite mais des sujets de plus de 50 cm ne sont pas rares.

Ils ne sont pas farouches surtout si on les appâte avec quelques morceaux de fruits.




Les jardins de l’hôtel sont occupés par des poulets exotiques, la conure veuve, Myiopsitta monachus que l'on repère facilement à son cri et qui niche dans le haut des palmiers. Elle est fréquente dans la région de Maspalomas.

Pour voir des choses plus interessantes il faut aller vers le Nord et monter en altitude.
Je suis monté la première fois en passant par Fataga et son canyon, c'est très beau, les amandiers étaient en fleur, mais la route est très sinueuse.
Il ne faut pas manquer la petite grimpette pour aller voir le Roque Nublo, étonnant cone volcanique.

Malheureusement je n'ai pas bénéficié d'un temps très clair et le brouillard m'a souvent empêché d'apprécier les paysages canariens..

On passe de 22° au soleil au Sud à 4° dans la brume et sous la pluie en altitude. Pas génial pour voir les paysages.

C’est le domaine du pin des Canaries, Pinus canariensis, ici un vieux spécimen de 1500 ans, le Pinos de Galdar, dans la brume.


Sur le bord des routes (très difficile de s’arrêter où on veut), on peut voir des murs de laves, domaine des Aeonium spp, dont certains sont en fleur.






C’est en haut d’un de ces murs que j’ai vu mes premières orchidées, l’orchis des Canaries, Androrchis patens subsp canariensis, le troisième et inespéré objectif du voyage.


L'espèce pousse en haut des murs de lave, haut perchée,  dans la mousse et parmi les nombreux Aeonium spp.


Il me faut sortir l'objectif 70-300 pour tenter de m'approcher au mieux car il est hors de question d'escalader ce mur vertical et glissant.






Mais nulle trace d’Habenaria, mon deuxième objectif, dans ces zones d'altitude malgré mes recherches dans les pinèdes.

Le lendemain direction les réserves naturelles près de Moya où je finis par trouver une zone qui m’inspire bien.

Je suis d’abord rapidement tombé sur Gennaria diphylla, un joli bonus, pas vue depuis 13 ans en Tunisie où je n’avais vu que deux pieds.
Ici ce sont des centaines qui forment parfois de vrais tapis.


En cherchant bien je trouve finalement des feuilles avec des hampes fanées, coupées, fanées, coupées… c’est râpé pour Habenaria, la saison semble terminée.

Je vois plusieurs dizaines de pieds isolés ou en petites touffes, il y en a finalement pas mal parmi les Gennaria, une zone est même très densément plantées par les deux espèces, mais tout semble fini. Je suis un peu déçu.

Le sol est couvert d'aiguilles de pin, de mousse et lichens.

Finalement je vois une touffe dont les fleurs sont encore relativement belles puis un pied parfaitement correct,  bien frais.

Ils suffisent à mon bonheur et je ne poursuivrai pas davantage mes explorations dans ce vaste bois car il faut rentrer et la route est longue.





Pour terminer voici quatre endémiques sympas rencontrées lors de ce séjour.

Echium decaisnei que l'on peut observer facilement sur les bords de route à moyenne altitude,
elle forme des arbrisseaux de taille respectable.



 Salvia canariensis dont il ne restait que quelques fleurs et qui forme des arbrisseaux conséquents.
Je l'ai observée facilement à Cruz de Tejeda




Erysimum albescens
giroflée endémique de Gran Canaria
Vue notamment au mirador de la Caldera los Marteles




Enfin  et surtout la très jolie campanule des Canaries, Canarina canariensis,
vue près de Moya tout à fait par hasard lors d'un "arrêt pipi".




Pour terminer je vous conseille l’article (attention les points gps sont donnés à la louche )
CHOROLOGICAL ADDITIONS AND DISTRIBUTION OF THE NATIVE ORCHIDS OF GRAN CANARIA


Je veux aussi remercier Pascal Jarrige qui a eu la gentillesse de me donner quelques renseignements et conseils ainsi que Rémy Souche qui nous a mis en relation.



© Philippe Burnel 2022