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A la recherche des Orchidées de Malte
4 au 6 mars 2018

Texte - Les orchidéesAutres plantes

A l'occasion des vacances d'hiver, nous avions décidé un petit séjour de quatre jours à Malte histoire d'aller prendre un peu de soleil au milieu de ce long hiver normand très arrosé. Quand ma chère et tendre me fit la proposition, tout de suite j'ai pensé que c'était une bonne occasion d'aller prospecter. Après quelques recherches sur le web, je m'étais fixé deux objectifs: Anacamptis collina  qui doit normalement être en fleur à cette saison et Ophrys melitensis, endémique, à la floraison plus tardive. Pour cette dernière espèce j'avais toutefois peu d'espoirs.

Je ne suis pas parti à l'aveuglette car j'avais obtenu de bonnes infos (même si déjà parfois anciennes) avec des points GPS. Un grand merci donc à James Mast de Maeght et Olivier Gerbaud (ce dernier m'ayant fourni l'article.de Adolf Riechelmann : Malta -karges Einlan im Mittelmer zwishen Europa und Africa - Orchideen-Exkursion vom 08.Avril 2009 bis 15.April 2009.. Ber. Arbeitskrs.Heim.Orchid. 26(2): 166-184 2009 , à Errol Vella pour son aide.
J'ai également pris en référence l'excellent site de Stephen Mifsud sur les plantes de Malte. Je le remercie pour la validation des noms des espèces après mon retour.

Les zones de prospection :




4 mars (rouge) région de Pembroke

5 mars (jaune) le Nord-Ouest

6 mars (vert) le Sud, zone de Dingli cliffs

7 mars (bleu) Dingli cliffs et secteur de Bahrija


Dimanche 4 mars :

En fin de matinée je prends livraison de la voiture pré-réservée. Je constate que le volant est installé du mauvais côté... ça ne va pas être facile pour conduire !!!! Pour s'habituer un peu nous décidons un petit tour à La Valette pour y faire un peu de tourisme. La ville ancienne vaut vraiment le déplacement.




Je décide ensuite d'aller vers Pembroke, une zone proche de la ville. Il s'agit d'un terrain militaire mais l'accès est facile, d'autant que nous sommes dimanche et la zone sert visiblement d'excursion dominicale pour les habitants de La Valette. C'est une grande zone de karst (comme toute l'ile d'ailleurs) à la végétation basse.
Je trouve rapidement ce qui ressemble à Anacamptis collina mais... fané !!!
Puis de tous petits Ophrys... O. bombyliflora. Ca commence plutôt bien. A quelques metres j'aperçois un Ophrys sombre.. je m'approche...  Ophrys melitensis Youppi ! Je continue ma prospection et trouve d'autres pied, très disséminés. Visiblement l'espèce est vraiment rare.
Je me déplace vers un autre points GPS proche pour trouver à nouveau les mêmes espèces melitensis étant encore plus rare.
Je poursuis jusqu'à la mer vers une ancienne tour. A nouveau bombyliflora et melitensis.
Visiblement les A. collina sont tous fanés.


Retour à l'hotel proche de La Valette. La circulation est assez dense mais, malgré tout, ça roule. Il faut s'habituer aux rond-points pris en sens inverse, au levier de vitesse en main gauche. Je reste prudent. Mon GPS m'est très utile, heureusement car le réseau routier est très dense mais il me fera aussi au cours du séjour prendre des "routes" improbables, finissant en chemin caillouteux, il faut dire que les cartes intégrées commencent à dater !!!
L'ile n'est pas très grande (27 km x 12 environ) et les déplacements ne prennent jamais beaucoup de temps.

Lundi 5 mars

Sophie ayant décidé une excursion vers l'ile de Gozo, je suis libre comme l'air pour aller prospecter sans entrave.. Je vais en profiter pour m'occuper de toute la zone Nord-Ouest de l'ile.

Mon premier arrêt juste au nord de la baie de Saint Paul me fait découvrir Anacamptis pyramidalis "urvilleana". Il s'agit d'une forme/sous-espèce (?) de pyramidalis assez précoce et à la couleur très claire, rosée.
Un autre arrêt à proximité d'un vieux chateau me permet d'observer à nouveau l'espèce. Il y a même des pieds entièrement hypochromes.

Je reprends la voiture pour rentrer légèrement dans les terres. Je la gare mais les points GPS sont éloignés, je marche beaucoup. Il y a des Ophrys bombyliflora  (l'espèce est constante quasiment sur chaque site), il y a aussi A. collina mais encore fané, je pense que ce ne sera pas possible de trouver l'espèce en fleur. Il y a aussi des Neotinea bien avancés. Un pied présente encore quelques fleurs, c'est N. lactea. Je retrouve A. pyramidalis urvilleana et un Pseudophrys qu'il n'est pas trop facile d'identifier. Il s'agirait d'Ophrys caesiela, une espèce rare décrite dans cette zone. J'avais déjà vu cette espèce en 2009 en Tunisie.




L'ile de Gozo vue depuis le point le plus Nord-Ouest de mon périple (voir carte)
Direction ensuite la péninsule à l'extrême Nord-Ouest. Je retrouve quelques urvilleana, des collina fanés, des bombyliflora. Une zone est couverte de romulées. et de silènes (Silena colorata). La vue vers l'ile de Gozo et ses falaises est très belle.

Je redescends le long de la côte Ouest. Un site est indiqué près de Golden Bay. Je ne trouve rien mais la vue est sublime.
Finalement je rentre un peu dans les terres vers un site où est indiqué Ophrys pectus. Je trouve les plantes. Sur son site internet Stephen Mifsud les appelle Ophrys X tumentia, hybride entre caesiella et une des sous-espèces de iricolor (hospitalis  ou vallesiana). Il y a également quelques urvilleana. Le véritale O. pectus, est en fait un synonyme de O. pallida et est absent de Malte

Je rentre à l'hotel, bien fatigué. Les routes ne sont pas larges et souvent bordées de murs épais, les croisements entre véhicules sont parfois délicats mais les habitants sont assez conciliants et chacun laisse facilement la place à l'autre, s'il le peut.

Mardi 6 mars

Objectif : Dingli cliffs au Sud.

Nous partons en milieu de matinée vers le Sud. Les falaises de Dingli sont notre objectif touristique, ou du moins j'ai fait passer les points GPS proches pour des objectifs touristiques...Le secteur est joli, les falaises sont en fait constituées de deux falaises, une première descendant sur un "plateau" d'une centaine de mètres de large, puis une deuxième falaise tombant dans la mer. Le secteur est réputé pour ses orchidées, notamment les deux sous-espèces de Ophrys iricolor : mesaritica (également décrit sous hospitalis) est hâtif puis vallesiana plus tardif. Mes informations me disent  eleonorae mais cette sous-espèce n'est pas présente sur l'île.

Je trouve très rapidement des pieds de O. bombyliflora puis des O. "iricolor" qui se révèleront être la sous-espèce vallesiana. Il y a également des Neotinea fanés. Un peu plus loin sur un autre site je trouve les mêmes espèces et, en plus, un pied tout jeune de l'Ophrys melitensis.

Je fouille quelques autres sites, sans succès.

Nous allons ensuite visiter la belle ville de Mdina enceinte de grandes fortifications et aux ruelles étroites. Nous souhaitons y déjeuner mais ne trouvons rien à notre gout. Nous finirons dans le fond de la baie de St Paul. Je ramène Sophie vers La Valette pour qu'elle puisse un peu "faire les magasins" (ma passion !!!!!!!) et je repars vers les falaises de Dingli.

Je trouve de nouveaux mes O. iricolor vallesiana et O. bombyliflora.

Je vais vers un site où Ophrys speculum est indiqué, sans succès.


  Adroite : petite rue à Mdina
Ci-dessous : les falaises de Dingli




Mercredi 7 mars

C'est le dernier jour. J'ai parcouru presque tous les points GPS qui m'avaient été indiqués.Je retourne vers les falaises de Dingli afin de prospecter un peu. Je trouve de nouvelles stations de bomby et  vallesiana dont quelques pieds au dessous du labelle bien coloré de rouge. Je me dirige vers une autre station un peu en arrière de la côte. Rien, que des Neotinea fanés et encore une petite station de vallesiana à quelques centaines de mètres de là.

Je décide alors de faire un peu de route pour remonter vers le Nord-Ouest dans la région de Bahrija. Sur google Earth j'ai repéré des zones potentiellement intéressantes. Sur place cela semble effectivement très intéressant avec de grandes zones de garigues. J'en explore quelques parties. Il y a des A. collina  fanés et plusieurs stations d'O.bombyliflora.

Dans l'une d'elle je repère un insecte posé sur une fleur, il se laissera facilement photographier. Il n'est pas courant de réussir des photos de pseudocopulation. Je suis ravi.



La côte près de Bahrija


Je me rends compte que mon GPS m'indique un repère mis en mémoire. En fait je n'y suis pas encore allé et mes documents signalent la présence de  O. melitensis.

La garigue est jolie, vaste ; mais pas de melitensis. Il y a quelques pieds épars de bombyliflora  et  vallesiana. Ce seront les dernières orchidées de mon séjour.

J'ai passé quatre jours très intéressants, permettant de découvrir une ile dont il reste encore des parties sauvages. Toutefois les orchidées y sont difficiles à trouver ; les stations sont assez peu nombreuses, éparpillées et souvent très restreintes en surface ou en nombre de pieds.. Inutile de penser y aller à l'aveuglette, il est indispensable d'avoir de bons points GPS pour espérer voir le maximum de plantes. Mon regret est de ne pas avoir vu Anacamptis collina  en fleur, c'est compensé par trois nouvelles coches : O. melitensis, O iricolor subsp vallesiana, Anacamptis pyramidalis subsp urvilleana. Il est probable que j'aurais pu voir davantage de plantes mais il aurait fallu davantage de temps ou être guidé par quelqu'un connaissant bien le secteur.
Stephen Mifsud organise des sorties pour découvrir la flore de l'île mais ses tarifs m'ont semblé trop élevés pour une journée (même avec le déplacement et le repas). Cela m'aurait toutefois peut-être permis de voir certaines raretés. Sans regret toutefois.


© 2018, P.Burnel