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Camp de base : Megève
Juillet 2006

Les photos
 


Après un séjour printanier au bord de la Méditerranée, j’ai cette année la possibilité de faire un deuxième séjour exploratoire, dans les Alpes du Nord cette fois ci.

Mercredi 5 juillet :

Après plus de sept heures de route, l’installation et le repas, je décide de commencer rapidement l’exploration par un petit tour au dessus de mon logement. Un chemin menant à un lac est bien accueillant pour se dégourdir les jambes. Rapidement je trouve un pré humide dans lequel poussent des linaigrettes, des Gymnadenia conopsea, des Listera ovata et de nombreuses Dactylorhiza qui constitueront, à n’en pas douter, le casse tête du séjour. Mais l’orage s’invite à la partie et il faut rentrer trempé.

Jeudi 6 juillet :

Je prends la direction du Col des Saisies où on m’a indiqué un secteur humide intéressant. Pour être humide, après l’orage de la veille, c’est bien humide et les bottes sont de rigueur. Je trouve très rapidement une très belle population de Dactylorhiza savogiensis, Une espèce que je n’avais pas identifiée il y a 6 ans et qui m’avait posé quelques problèmes. Là le doute n’est pas permis et je verrai plus tard que c’est vraiment une espèce omniprésente. Il y a aussi de très nombreux Pseudorchis albida. Je sais pouvoir trouver l’hybride entre les eux, Bingo, un joli groupe s’offre à moi. Ils sont bien caractéristiques, intermédiaires en tous points de vue entre les deux espèces. Le temps est un peu gris et je mets le flash… Plus loin une petite montée, l’herbe humide, les bottes…. Je glisse…… Et je casse pour la 2eme fois de l’année dans les mêmes conditions le sabot du flash. Heureusement que j’étais seul dans le coin pour entendre mes jurons ! Fort heureusement, le sabot n’est pas entièrement cassé et le flash pourra, malgré tout, fonctionner après quelques bidouillages ! Le séjour commence plutôt mal.
 
Je monte vers le signal de Bissane, je trouve des Dactylorhiza majalis, quelques Platanthera bifolia, des Traunsteinera globosa. Enfin quelques nigritelles (Gymnadenia (Nigritella) rhellicani) en tout début de floraison me permette de me régaler de leur odeur de vanille. De toute évidence leur floraison semble assez tardive cette année. Tout près de là une marmotte détale mais, peu farouche elle se laisse approcher à moins de 10 mètres et joue la star devant mon APN !

Je passe de l’autre côté du col et trouve de belles D. majalis. L’orage gronde, je rentre en passant vite fait par le col des Aravis, histoire de repérer le coin.

En fin d’après midi je fais une courte promenade de l’autre côté de Megève vers les Jaillet et La Frasse. Il y a encore des Pseudorchis, des Dactylorhiza savogiensis, fuchsii, majalis et quelques Epipactis helleborine en boutons. Les rhododendrons sont en pleine floraison, superbes. La vue est magnifique, je me promets d’y revenir quand il fera beau.

Vendredi 7 juillet :

Je me rends aux Contamines, un des points « à voir » selon les préparatifs de mon voyage.
Tout près du parking il y a un parcours botanique dans lequel on découvre un panneau sur…… Corallorhiza trifida. Effectivement elles sont bien là, émergeant des aiguilles de pin mais malheureusement toutes en graines. Mais le but de la journée est plus orienté vers une minuscule Orchidée que je n’ai encore jamais vue : Listera cordata. Je prends un chemin qui, finalement, ne mène nulle part mais sur le bord duquel je vois quelques Epipactis, sans doute E. leptochila et un Epipactis qui me semble très rouge et soupçonne E purpurata. Mais tous sont en boutons et il faudra revenir. Il y a aussi une belle Néotie en pleine floraison
Plus je regarde ma carte, plus je pense que je n’ai pas pris le bon chemin. Effectivement, de retour en bas je trouve la bonne « voie romaine »…. Ils sont fous ces romains de tailler des routes aussi raides !
Mais l’effort vaut le coup et je trouve Listera cordata, en fin de floraison mais en fleurs quand même. C’est vraiment minuscule, mais très mignon.
J’ai un peu mal aux jambes et je décide d’aller me réconforter à la voiture avec un bon morceau de tomme de Savoie.

A peine remis, je prends le télécabine de la Gorge pour monter vers les pistes. De là je vais à pied jusqu’au Col de Joly. Le temps est plutôt moche, je devrais avoir une belle vue sur le Mont Blanc mais j’ai plutôt une vue brumeuse ! Je suis un peu déçu par cette zone. Ce ne sont que pistes de ski engazonnées, assez peu naturelles. Au col du Joly il doit y avoir Chamorchis alpina mais je ne sais pas vraiment où chercher. En montant je trouve des Pseudorchis, divers Dactylorhiza dont D. savogiensis,  une Dactylorhiza qui pourrait être D. traunsteineri mais les orages des jours précédents ont un peu haché les fleurs. En redescendant je prend une piste noire (ça va plus vite en ski qu'à pied ! ! !) ; il y a là de très belles Dactylorhiza très foncées que l’on peut rapprocher de D. alpestris, il est difficile d’être formel.

Samedi 8 juillet :

Le temps s’étant dégagé, je décide de retourner au col des Saisies pour mieux y explorer la zone de Bisanne.
Le premier arrêt est riche en espèces : gymnadenies, nigritelles, Orchis grenouille (Dactylorhiza viridis), Orchis brûlé (Neotinea ustulata), Dactylorhiza savogiensis. Un peu plus haut je trouve de beaux orchis globuleux (T. globosa) ainsi qu’une multitude de Pseudorchis albida. Je monte jusqu’au sommet où quelques gentianes de Koch et pensées sont encore en fleurs. Je fais aussi quelques photos de la très élégante benoîte (Geum reptans). Le chemin descendantderrière le signal de Bisanne est riche en Traunsteinera globosa, nigritelles. Je vois une plante un peu bizarre, jaune avec un gros épis ressemblant à une jacinthe, je l’identifierai plus tard comme Campanula thyrsoides. La flore montagnarde est immensément variée et ne cesse de m’émerveiller.
 
Je reprends la route bien décidé à retrouver un secteur visité il y a six ans : Roselend entre Beaufort et Bourg St Maurice. C’est un secteur très sauvage, d’une immense beauté.

La montée vers Roselend depuis Beaufort offre des paysages superbes et la découverte du lac aux eaux turquoises dans son écrin de montagnes est magnifique. Je m’arrête près d’un bar où je sais pouvoir faire quelques photos de belles Pinguicula puis monte jusqu’au Plan de la Lai où je m’arrête pour déguster un bon gros morceau de fromage.

Je reprends la route : Cormet de Roselend, un arrêt pour de belles Dactylorhiza alpestris juste après le col puis Les Chapieux et la vallée des Glaciers. De là je vais commencer le retour par petits sauts exploratoires.

A l’extrémité de la vallée je trouve dans les rochers de bien belles joubardes multicolores puis des nigritelles et gymnadénies. Une plante à la coloration un peu particulière attire mon regard, c’est l’hybride entre Gymnadenia conopsea et G. (Nigritella) rhellicani. Je ne retrouve pas la population de Dactylorhiza un peu étranges vues il y a 6 ans.

L’arrêt suivant près d’un petit chemin descendant vers la rivière me permet de retrouver de nombreuses Neotinea ustulata, nigritelles, gymnadénies, Traunsteinera, Dactylorhiza cf majalis.
De l’autre côté de la vallée une marmotte hurle, à la jumelle je constate qu’elle sonne l’alarme pour ses copines car un renard rode. Il y a 6 ans déjà, au même endroit, j’avais eu droit au même spectacle.
Vers le Cormet de Roselend je trouve des Dactylorhiza viridis ainsi qu’une multitude de fleurs diverses dont je fais des photos : gentianes, centaurées, myosotis, pensées etc..

De nouveau arrêt au Plan de la Lai. Un chemin face au restaurant même vers une grande zone humide remplie de linaigrettes, benoîtes, Dactylorhiza. A l’extrémité de cette zone, l’eau s’enfonce dans des gouffres sans fond pour ressortir au Plan de la Lai, c’est assez étrange. De l’autre côté du chemin  une zone sèche surplombe l’ensemble et est couverte de fleurs dont une multitude de nigritelles et d’énormes joubardes. Plus loin, on domine le lac de Roselend, c’est superbe. Il y a de nombreuses fleurs dont une belle population de lys de Saint-Bruno (Paradisea liliastrum) beaucoup de gentianes de koch et des pensées. Il y a aussi beaucoup d’Orchidées « classiques » et, parmi elles, je trouve un pied de Dactylorhiza sambucina  de la forme jaune, plus tardive que la rouge.

Dimanche 9 Juillet :

Je fais d’abord un petit tour vers la Leutaz, près de Megève, J’y trouve des Dactylorhiza fuchsii, des listères et gymnadénies. Dans une zone humide il y a des Dactylorhiza avec d’assez petites fleurs, je vais les rapprocher de D. alpestris à moins qu’il ne s’agisse d’une population hybridée avec D. fuchsii. L’identification des Dactylorhiza n’est décidément pas une chose aisée !
Je vais ensuite vers La Clusaz que je connais pour y être allé skier. J’y fais une belle rando dans le fond de la vallée aux Confins. Evidemment, c’est dimanche, il y a beaucoup de monde et les parkings sont pleins !
Je trouve de gymnadénies, nigritelles en petit nombre (l’orientation nord de ce versant des Aravis peut expliquer la floraison tardive), des Platanthères, listères, et beaucoup de Traunsteinera. Une belle hermine détale devant moins puis me nargue du haut d’un caillou. Plus haut il y a de jolis lys martagon et des lys blanc (Lys de Saint Bruno dont une dame a fait un bouquet…. C’est malin !) Encore plus haut, une zone à peine dégagée de la neige laisse apercevoir de nombreux crocus en fleurs. La vue est superbe sur la vallée du Grand Bornand.

Lundi 10 juillet :

Direction Sallanches et plus particulièrement un petit hameau surplombant la vallée.
Rapidement je trouve des Epipactis helleborine en boutons puis des E. leptochila en fleurs. C’est la première fois que j’en vois, elles sont si rares en Normandie. Je vois aussi quelques pieds d’Epipactis microphylla qui sont en fin de floraison, pour ne pas dire tous en graines. Malgré tout, je trouve un pied dont les fleurs sont encore fraîches. Je trouve aussi facilement la star du coin : Epipogium aphyllum que je n’avais vu que dans les Vosges un 1er août. Elles sont en pleine floraison et très belles. Il y a aussi de belles néoties, des céphalanthères rouges (un seul pied en fleurs mais les fleurs sont très fermées, dommage) ainsi que de jolis cyclamens sauvages.
 
Ayant rapidement trouvé ce que je cherche, je décide de poursuivre mon chemin vers Chamonix et le fond de sa vallée. J’arrive au hameau du tour. Je sais qu’au dessus il doit y avoir Chamorchis alpina mais, ne pensant pas venir ici aujourd’hui, je n’ai pas pris les explications pour les trouver. Malgré tout je prends les œufs pour aller randonner en haut. La vue sur le Mont-Blanc est magnifique. Je marche beaucoup, jusqu’à 2200 mètres et réalise que le sommet du Mont Blanc est à 2600 au dessus..  ça laisse rêveur ! Sur les pistes e ski je trouve des nigritelles, Pseudorchis, Coeloglossum (dont des pieds d’un rouge intense), des Dactylorhiza alpestris et quelques gymnadénies. La promenade est belle, je ne regrette pas surtout que le temps est clair et permet d’admirer la beauté des montagnes et la végétation très variée. Cela me permet aussi de repérer le coin pour le jour où je reviendrai chercher les Chamorchis.
Mardi 11 juillet :

Promenade vers l’altiport de Megève. Il y a des Gymnadenies et Dactylorhiza savogiensis le long de la piste. Un peu plus haut, dans un bois de pins, je trouve des Listera cordata puis des Corallorhiza trifida  en graines. Je fais malgré tout une photo d’un pied pris au hasard, pour le souvenir. Au dessus du bois je trouve des D. savogiensis et ce qui me semble être D. angustata, de nombreuses gymnadénies et nigritelles.

L’après midi je retourne de l’autre ôté de la vallée vers les Jaillet et La Frasse pour y refaire une promenade faite le 6, mais sous le soleil cette fois. Encore des savogiensis, et Pseudorchis. Les rhododendrons sont presque finis. La promenade est magnifique avec des vues superbes.

En fin d’après midi, je jette un œil sur mes photos et constate avec étonnement que le seul pied de Corallorhiza photographié est encore porteur d’une fleur. Il n’y a pas à hésiter, il faut immédiatement reprendre la voiture et retourner y faire des photos macro. Je ne me souviens plus vraiment où j’ai fait la photo mais je finis par retrouver la plante. Quel grand hasard de ne prendre qu’une photo d’une plante qui est la seule du secteur encore en fleurs et de ne même pas s’en rendre compte du premier coup !

Mercredi 12 juillet :

Retour aux Contamines, les « leptochila » ne sont pas encore ouvertes mais semblent bien correspondre à l’espèce ; quant au pied rouge ce n’est en fait qu’une helleborine aux fleurs aussi colorées que celles d’une atrorubens ! En fait, elle sera identifiée plus tard sur apifera.fr comme une simple atrorubens. je ne m'explique pas comment je ne l'ai pas reconnue et pourquoi sa floraison est si tardive. Alors atrorubens pure ou hybridée avec helleborine ? Le mystère demeure mais j'opterais volontiers pour la 2eme solution.
Je reprends la voie romaine pour aller randonner jusqu’au refuge de la Balme. Il y a des nigritelles, gymnadénies et quelques Coeloglossum.

Je redescends pour faire une autre rando, de l’autre côté de la réserve à La Frasse. Je prends le chemin du petit lac d’Armancette… ça grimpe dur. Il y a des Epipacis helleborine en boutons puis une superbe population de Corralorhiza fanées, mais bien denses. Une source me permet de me rafraîchir, un vrai délice. Un peu avant le lac, il y a aussi de nombreux lys martagon, toujours aussi grands et élégants.Je me repose au bord du lac, c’est magnifique, mais l’orage commence à gronder, je redescends.

Jeudi 13 juillet :

Retour vers le signal de Bisanne aux Saisies. Il y a de plus en plus de nigritelles, je ne trouve rien de particulier. J’étais venu voir les marmottes, une seule se montrera, sans se laisser approcher.

Vendredi 14 juillet :

Retour vers le hameau du tour pour essayer de trouver Chamorchis alpina. Cette fois, j’ai pris les explications, plans et pointages GPS. Je trouve vite deux pieds que l’on m’avait indiqués. C’est vraiment tout petit, mais très mignon.
Je me dirige vers un deuxième secteur mais là, je trouve une zone couverte de végétation haute dont des rhodo. Je cherche un peu mais ne trouve rien. Je retourne vers la 1ere zone en prenant un autre chemin. La variété de la flore est immense. Près des deux premiers pieds je trouve une dizaine d’autres pieds, regroupés dans à peine un m².  Le contrat est rempli, je redescends vers le télécabine en évitant les grands chemins afin d’essayer de trouver quelques plantes intéressantes. Il y a de plus en plus de nigritelles et je trouve finalement deux hybrides entres nigritelles et gymnadénies.

Samedi 15 juillet :
 
Les jambes commencent à être à saturation de randos !
Je vais faire un tour vers le col des Aravis. Là aussi il ya une belle végétation : savogiensis, gymnadénies, Traunsteinera, quelques nigritelles et coeloglossum ainsi que de beau lys.

Dimanche 16 juillet :

C’est le dernier jour, je me contente d’une petite rando à Megève vers le lac de Javen. Je retrouve la prairie vue le premier jour, si les Dactylorhiza sont fanées, il y a par contre quelques pieds d’Epipactis palustris bien ouverts. Plus haut quelques E. helleborine et peut-être muelleri mais le doute reste car elles devraient être ouvertes avant helleborine.

Il est temps de retrouver la Normandie, la tête pleine de souvenir, de fleurs, de paysages magnifiques. C’est vrai que la montagne est encore plus belle l’été que l’hiver.
 

Je remercie ceux qui m’ont fourni des données pour optimiser mon séjour et notamment Olivier Gerbaud, François Jacquet et Jean-Marc Lewin.
Merci à Geneviève et Bruno pour l’appartement et à Sophie qui m’a laissé partir (mais ça lui fait aussi des vacances)

© Philippe Burnel - 2006