Orchidées dans la ville de Canteleu Département de la Seine-Maritime |
La ville de Canteleu est située sur la bordure Ouest de l'agglomération de Rouen. La zone urbanisée composée à la fois d'immeubles sociaux et de zones pavillonaires est entièrement encerclée par la forêt. Du Nord au Sud en passant par l'Ouest c'est l'imense forêt de Roumare alors que, à l'Est la forêt occupe le coteau crayeux bordant les vallées de la Seine et du Cailly. La commune était autrefois très prisée des notables rouennais et de nombreux chateaux encerclaient le village. Certains sont encore visibles alors que d'autres ont été détruits . La commune est connue pour avoir été le lieu ou Gustave Flaubert écrivit de nombreux romans (la mairie héberge sa bibliothèque) ; quant à Maupassant il cite à plusieurs reprises notre commune dans ses nouvelles . La municipalité édite un mensuel, Le Cantilien, dans lequel, à deux reprises, j'ai eu droit à quelques lignes consacrées aux orchidées que l'on peut trouver dans la commune. Le deuxième texte (ci-dessous à droite) ayant été totalement dénaturé, cela me donne l'occasion de mettre l'original, beaucoup plus complet, ici. |
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Canteleu info mai 2007 |
Le Cantilien Juillet 2022 Clic droit sur les images pour avoir en grande taille |
On
l'ignore bien souvent mais les orchidées ne se rencontrent pas
uniquement dans les pays chauds. En fait toutes les terres non
désertiques en hébergent. C’est ainsi qu'en Normandie on dénombre
pas moins de 50 espèces. Canteleu ne fait pas exception puisque sept
espèces y ont déjà été observées. Evidemment il ne faut pas
s'attendre à voir des fleurs spectaculaires telles que celles que
l'on peut acheter en jardinerie ; nos orchidées locales sont souvent
petites et discrètes. Conditions de présence Les
orchidées sauvages se rencontrent dans divers milieux en fonction de
leurs exigences spécifiques. On peut ainsi en trouver dans les
champs non amendés, les bords de route, les coteaux calcaires, les
forêts. La condition essentielle est que le milieu ne soit pas trop
« travaillé ». Les zones subissant une forte pression agricole
seront ainsi peu propices tout comme d'ailleurs les zones laissées à
l'abandon car souvent envahies par la végétation haute. Autrefois
les coteaux calcaires étaient entretenus par des ovins, cette
pratique était très profitable à ces plantes. Des milieux un peu
insolites peuvent aussi être colonisés si on laisse la végétation
naturelle revenir. C'est ainsi que des cimetières peuvent abriter de
nombreuses espèces, le cimetière de Bully est ainsi bien connu mais
également, depuis peu, le cimetière Monumental de Rouen où huit
espèces ont été observées en 2020 (une espèce non recensée par
les services municipaux) ceci grâce à une renaturalisation des
espaces. Découvrira-t-on ces plantes dans le cimetière de la côte Maupassant, l'avenir nous le dira mais le milieu peut être très favorable. Que faire si on observe des orchidées dans son jardin ? Il faut déjà savoir qu'elles y seront arrivées naturellement, leur prélèvement et transplantation étant bien souvent voués à l'échec (d'autant que ces plantes ont besoin d'un champignon spécifique pour germer). Dans ce cas il convient de... ne rien faire ! On laisse la plante grandir, fleurir, venir en graine et se ressemer, la tondeuse ne passera donc dessus qu'à la fin de ce processus soit, au mieux, en juillet. D'ici là il faudra faire le tour des plantes (on peut les marquer au moyen de petits piquets). N'oublions pas non plus que tout engrais leur sera néfaste et entraînera leur disparition. Quelles espèces peut-on voir ? Pour voir l'espèce la plus courante (vous l'avez tous vue.... sans le savoir) il suffit, par exemple, de regarder le bord de route de la côte menant à notre ville au mois de mai/juin, vous y verrez certainement de petites plantes avec une grappe de fleurs de couleur rose, elles sont nombreuses ; c'est l'orchis pyramidale (Anacamptis pyramidalis). Cette espèce est très courante dans notre région et comme on peut facilement la repérer c'est souvent un bon indicateur pour rechercher d'autres espèces. Une autre espèce assez courante, mais beaucoup plus discrète est l'ophrys abeille (Ophrys apifera). Sur une haute tige elle porte une dizaine de fleurs très colorées d'environ 1 cm. Elle peut être observée au mois de juin notamment sur la pelouse de l'ancienne mairie annexe ou le long de la côte, mais il existe aussi des pieds sur les pelouses du gymnase Maupassant ou de l'école Flaubert, malheureusement ils sont toujours tondus avant leur floraison. C'est une espèce autogame (autopollinisation) qui, de ce fait, présente souvent des pieds non conformes à la normale et de nombreuses variantes ont ainsi été décrites ; A Canteleu nous avons par exemple la variété aurita qui a la particularité d'avoir des pétales latéraux très effilés. Sa
cousine l'ophrys bourdon (Ophrys fuciflora) fleurit un peu plus tôt
(mai) ; elle a des fleurs plus grosses et différemment constituées.
On peut en trouver de rares pieds le long de la côte. Elle est
protégée dans notre région. La troisième espèce, par le nombre de pieds, s'observe au mois de juillet c'est l'épipactis à larges feuilles (Epipactis helleborine). C'est une plante pouvant être assez haute (70 à 80 cm) la tige porte de nombreuses fleurs de teinte assez variable d'un pied à l'autre. On la rencontre en lisière de forêt ou en forêt claire. Une grosse station est présente à proximité du lycée du Cailly. La listère à feuilles rondes (Listera ovata) est très commune en Normandie, elle est difficile à voir car ses fleurs, très petites et vertes, ne se repèrent pas facilement dans l'herbe quand on a un oeil peu exercé. On la rencontre dans la côte mais aussi à proximité du centre commercial Leclerc. Deux espèces ont un statut un peu spécial dans cette liste. La première, l'orchis militaire (Orchis militaris) dont le nom fait référence à l'aspect d'un petit soldat de chaque fleur, présente une grappe de fleurs roses, elle fleurit en mai. C'est grâce à cette espèce observée pour la première fois au début des années 90 que j'ai fait la découverte des orchidées sauvages françaises. Une belle station se trouvait à proximité du centre Leclerc mais a aujourd'hui disparu, le milieu s'étant fermé par une couverture végétale haute et dense et un sol recouvert de lierre. Observée pour la dernière fois en 2008 il faudrait effectuer des recherches pour éventuellement la retrouver. La dernière espèce se rencontre fréquemment sur les coteaux calcaires ensoleillés c'est l'orchis moucheron (Gymnadenia conopsea). Je n'ai observé qu'un seul pied dans notre commune en 2008 dans le secteur de la côte mais elle serait également présente vers le Chateau des deux Lions. C'est une plante présentant une inflorescence effilée formée par de petites fleurs roses assez odorantes au soleil. Elle fleurit en juin. Sa cousine l'orchis très odorant (Gymnadenia odoratissima) a été signalée au XIXeme siècle dans notre commune, comme d'autres espèces devenues très rares dans la région du fait de la destruction de leur habitat. D'autres espèces à rechercher D'autres espèces peuvent certainement être observées et sont à rechercher sur le territoire de la commune car présentes en zone limitrophe. La
platanthère verdâtre, est présente à proximité
de l'autoroute, l'orchis tacheté, également à proximité de
l'autoroute et en forêt vers le Chêne à Leu, l'Orchis négligé près de
la Vaupalière, l'Orchis de Fuchs en limite Maromme/Canteleu, la
neottie nid d'oiseau a été observée à
Montigny et est certainement présente en forêt de Roumare, l'orchis
pourpre à La Vaupalière, la céphalanthère de Damas à Hénouville,
l'épipactis rouge et l'orchis bouc à Saint-Martin etc... Il y a encore
certainement de belles choses à découvrir. Le
conseil naturaliste : On ne cueille jamais une fleur sauvage qu'on ne connaît pas, cela permet à tous d''en profiter dans la nature et non pas égoïstement dans son salon, de plus elle peut être protégée au niveau local ou national et dans ce cas on mettrait en péril sa survie. Une petite photo permet d'en garder un souvenir éternel.
Remise des récompenses de l'Atlas de la Biodiversité de la commune
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