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Retour dans le Var - Avril 2004

Les photos de toutes les espèces
 
 

Après trois années passées loin des magnifiques paysages varois, me voilà de retour, près de Bormes les Mimosas là où, voici une dizaine d'années, j'ai découvert les Orchidées du sud de la France.

Première semaine




Samedi 17 avril

A peine levé, je prends a direction d'un site connu à La Favière, je sais y trouver des choses intéressantes. Après avoir gravi une petite route, je me gare à mon endroit habituel.. Le massacre ! Des tonnes de terre et gravas ont été déposés là pour réaliser une immense plate-forme. Un peu plus bas, le long de la route une autre plate-forme abrite maintenant une vigne, là où poussaient jadis mes fleurs préférées. Malgré tout, je trouve rapidement de nombreuses Anacamptis picta, Neotinea maculata, Cephalanthera longifolia, Serapias olbia, S . neglecta et une Platanthera bifolia prête à s'ouvrir. Combien de temps ces plantes resteront-elles à l'abri de la destruction ? Il est probable que dans quelques années, les habitations et amoncellements divers auront entièrement détruit le site !

De retour vers ma villégiature, une zone inconnue me tente. Je ne vais pas être déçu ! Serapias neglecta, A. picta y poussent dans une quantité phénoménale. Je trouve également S. olbia en grand nombre mais aussi, S. vomeracea. Certains pieds sont bizarres et on ne peut exclure la possibilité d'hybrides (il y a une touffe énorme peut-être olbia x neglecta). Le champ est vraiment immense et je suis très pessimiste sur son devenir tant il est bien situé pour les promoteurs de tous poils ! Je passe beaucoup de temps à chercher un éventuel hybride Serapias X Anacamptis picta, en vain, pourtant la densité des populations est assez impressionnante.

L'après-midi je me dirige vers Cabasson où un internaute a signalé avoir vu, une semaine plus tôt un Hybride picta X Serapias. Je trouve facilement le site mais pas l'hybride ! De toute évidence quelques cueilleurs de fleurs y ont sévi et ont laissé des traces ! Repartant vers Bormes je m'arrête sur un site où on m'a signalé de nombreux Serapias. J'y trouve essentiellement des neglecta dont de jolis pieds hypochromeset quelques autres espèces identiques à celles du matin. Tous ces sites seront à revoir dans une bonne semaine car des populations en boutons y ont été vues.

Mais tout cela manque d'Ophrys. Je décide donc de pousser jusqu'à Pierrefeu où on m';a signalé une importante population de O. arachnitiformis. Là encore les indications sont parfaites (Merci Monique) et je trouve rapidement des centaines de pieds à périanthe rose et vert. La floraison est bien avancée mais il y a encore de nombreuses fleurs. Quelques Barlia (Himantoglossum robertianum) ont également encore quelques fleurs. En m'éloignant un peu de la route je trouve aussi de jolis pieds d'Orchis provincialis.

Dimanche 18 avril

Temps maussade, particulièrement vers l'intérieur des terres, je décide donc d'aller vers Hyères où je sais pouvoir trouver Ophrys lutea. Je sais aussi qu'il y a O. aurelia mais où ?

Entre Hyères et Carqueiranne je prends une route montant dans des zones résidentielles. Comme par miracle au milieu des habitations une pelouse s'ouvre. J'y trouve vite Ophrys bilunulata et arachnitiformis en fin de floraison, un O. scolopax et Orchis anthropophora, Neotinea et céphalanthères. Mon oeil est attiré par quelques plantes bleues, O. picta sans doute encore. Malgré tout je m'en approche et ce n'est qu'en me mettant à genoux devant que je constate que ce sont des Orchis olbiensis. C'est la première fois que j'en vois. Bonne pioche !
Je reprends la voiture pour une autre route traversant ce massif et où je retrouve des Ophrys lutea vues il y a plusieurs années, elles sont en tout début de floraison. Il y a aussi O. arachnitiformis. Un peu plus haut quelques belles touffes d'Ophrys scolopax. Pas vraiment convaincu, je continue un chemin, me fixant le " sommet " (vu d'en bas !) comme objectif final. Il n'y a rien. Arrivé au sommet je suis attiré par une petite zone dégagée un peu plus loin; allez, tant qu'on y est ! J'y arrive et jette un oeil, ça à l'air vide. Je fais le tour et m'apprête à faire demi-tour quand.. Ophrys aurelia me tend les bras. Il y en a une vingtaine de pieds, superbes. C'est aussi la première fois que je vois cette espèce. La fatigue de la montée est oubliée.

Lundi 19 avril

Grand soleil  et grand vent. Direction le Bois du Rouquan.

Premier arrêt sur un site à Serapias. Il y en a peu, la floraison étant très en retard par rapport aux plantes du littoral, mais les sangliers ont, ici comme ailleurs, fait des ravages. De beaux iris sont en fleurs, les tulipes sauvages en boutons.

Je continue ma route jusqu'à l'endroit où, il y a quatre ans, nous avions découvert la " Belle inconnue ". Je sais qu'elle n'y est plus...  on m'a prévenu. En effet à sa place il y a une nouvelle route bien goudronnée ; près de là, une citerne jadis entourée d'un parterre d'Ophrys incubacea est maintenant ceinturée de graviers et un petit chêne sous lequel poussaient des centaines d'Ophrys splendida ne veille plus que sur un malheureux pied solitaire. Un peu plus loin le long de la route, je trouve quelques Ophrys incubacea et provincialis mais en très petit nombre. Là aussi les sangliers se sont régalés mais les roues des débroussailleuses de la DDE (ou de l'ONF ?) ont fait tout autant de dégâts. Quel gâchis !
Circulez.. ya rien à voir !
Au loin les Maures sont calcinées portant pour longtemps les traces de l'été 2003.

Direction Le Luc pour Anacamptis papilionacea. Elles sont bien là, en tout début de floraison. Il y a aussi quelques Barlia fanées et des Anacamptis champagneuxii. Je suis très surpris de trouver une belle touffe de Neotinea lactea (ex Orchis) encore bien en fleurs alors que tous les autres pieds sont très largement fanés.
Sur la route du retour je fais un détour sur un site où on m'a signalé Ophrys philippi. Je trouve difficilement le site après avoir pas mal cafouillé. Je ne trouve que des rosettes très loin d'être en fleurs. Je trouve par contre un pied de Orchis olbiensis et un autre de Ophrys bilunulata.

Le soir, faisant le tri des photos sur l'ordinateur je suis très surpris de trouver une " papilionacea " bien bizarre.. de toute évidence, elle est hybridée avec A. picta!! quand je pense que je ne m'en suis même pas rendu compte sur place ! ! ! Il faudra donc y retourner pour confirmer.

Mardi 20

Direction Cavalaire et ses Limodorum trabutianum. Nulle trace à l'endroit où j'en avais vu en " asperge " il y a 4 ans ; Je tourne en rond et m'apprête à remonter dans la voiture quand je vois deux belles asperges à un mètre de ma roue avant ! Je pense qu'elles seront en fleurs d'ici une dizaine de jours et j'espère donc enfin voir cette espèce en fleurs.
Direction Grimaud où je connais un champ immense rempli de milliers d'Anacamptis laxiflora. Grosse claque dans la figure : il y a maintenant un practice de golf et des terrains de tennis. Je trouve quelques pieds entre ces " structures " et la route. Alors que je fais les photos, ce que je pense être le propriétaire s'approche :
" vous voulez des renseignements "?;
" Oui, je voudrais savoir comment vous avez fait pour avoir l'autorisation de construire ces trucs sur des milliers de fleurs protégées ".
Je ne sais pas pourquoi il n'a pas ri et il m'a prié de quitter les lieux ! Il m'apprend quand même qu'à l'endroit où il en reste quelques-unes, il y aura bientôt un club-house et une piscine.. et vive la protection des espèces !
En rentrant, je m'arrête près de La Mole où il y a de nombreux Serapias neglecta et Anacamptis champagneuxii. Là aussi les sangliers et les roues de la DDE/ONF ont fait des miracles ! Il y a encore de nombreuses Orchidées et je vois même des insectes sur les champagneuxii : un gros bourdon et une sorte de petite abeille qui porte des pollinies.

Jeudi 22

Promenade touristique (mais non dénuée d'arrière-pensée orchidophile) au Mont Faron. Le site est magnifique et la vue sur Toulon grandiose. Rapidement je trouve de nombreux Ophrys lupercalis aux fleurs assez grandes, de Barlias fanées puis quelques pieds d'Orchis olbiensis. Entre les rochers je découvre un pied d'Ophrys virescens en tout début de floraison puis, un peu plus loin,un Ophrys sur lequel je mets, par défaut et sans trop de convictions le nom de O. passionis. Ultérieurement J.M. Léwin et P.M. Blais m'informeront qu'il s'agit également d'un O. virescens.

Vendredi 23

Petit tour matinal dans le champ à Serapias proche de mon lieu de résidence. C'est à y perdre son latin ! Il y a vraiment de tout, je trouve ce qui ressemble à S. lingua mais sans certitude absolue tant tout semble se mélanger. Je vois deux magnifiques pieds de S. neglecta flavescens.
L'après-midi je prospecte les collines au nord de Hyères, sans résultat.
 

Deuxième semaine.

 

Samedi 24

Mon ami Nicolas Cottard m'a indiqué une station de Serapias parviflora. Je trouve assez facilement quelques pieds mais j'ai quand même des doutes sur l'identification, il s'agit en fait de S. olbia. Les pieds ont échappé de très peu au massacre d'une débroussailleuse/laboureuse !
L'après-midi il fait trop beau pour crapahuter : plage et baignade..;. Brrrrrr pas encore bien chaude  mais j'ai pris le masque (ça motive). De belles daurades, saupes et sars se laissent approcher facilement.

Dimanche 25

Promenade sur les coteaux de La Favière : les Limodores seront bientôt en fleurs. Je trouve une population de Serapias prêts à fleurir, sans doute des cordigera et une autre espèce dont quelques pieds sont ouverts ; la taille des fleurs puis leur examen un peu plus attentif ne laisse aucun doute, c'est S. parviflora ; encore une espèce que je vois pour la première fois. Plus loin deux pieds fanés d';Ophrys arachnitiformis. C'est la première fois que je vois un Ophrys dans ce secteur. Près de ma location, dans le grand champ à Serapias, je confirme la présence de S. lingua. Il semble donc que les sites de La Favière abritent toutes les espèces de Serapias possibles dans la région !

Lundi 26

Je retrouve aux Arcs Nicolas descendu de Normandie et Michel Guiton pour une sortie commune.
Première halte à Ste Roseline pour un très beau talus à Ophrys scolopax dont un pied hypochrome magnifique.
Deuxième halte à La Motte où nous connaissons une belle station d'O. provincialis. Nous trouvons aussi de beaux Orchis purpurea, Ophrys lupercalis. Nicolas amuse ses enfants avec des petits scorpions !
Troisième halte à Bagnols où nous photographions des Ophrys aurelia. Le bord du chemin est riche : Ophrys scolopax, provincialis, splendida, bilunulata, Orchis purpurea et Himantoglossum hircinum (en boutons).
Nous redescendons vers Palayson, notre dernière étape, où nous voyons de nombreux Ophrys splendida et Serapias gregaria (S.strictiflora selon les auteurs) et neglecta ainsi que quelques S. cordigera et des mélanges probables. Il y a aussi des Anacamptis picta et morio, ce qui permet de bien étudier la différence entre ces deux espèces.
Avant de retourner vers Le Lavandou, je fais un détour vers Le Luc pour revoir les A. papilionacea qui sont maintenant en pleine floraison. Cela me permet aussi de confirmer l'hybride papilionacea X picta vu il y a une semaine.

Mercredi 28

Enfin les premières fleurs de Limodorum abortivum. On ne peut pas dire que cette année la floraison est hâtive !

Vendredi 30

Le séjour touche à sa fin, il me reste à aller voir à Cavalaire l'état de floraison de Limmodorum trabutianum. Les deux pieds sont toujours là mais, hélas, les boutons ne sont pas encore ouverts, il s'en manque de très peu, une journée peut-être ! Je me console avec des L. abortivum bien ouverts et une jolie population de Serapias lingua.

Bilan du séjour
 

Les objectifs que je m'étais fixés durant cette quinzaine ont été largement atteints. Je voulais voir enfin deux espèces inconnues pour moi (Ophrys aurelia et Orchis olbiensis) non seulement je les ai vues, mais j'ai également trouvé Serapias parviflora. Je voulais aussi enfin voir Limodorum trabutianum en fleurs, ce sera le petit échec du séjour. L'autre objectif était de faire des photos numériques de toutes les espèces vues les années précédentes dans la région, mission largement accomplie. J'ai aussi pu observer au moins deux hybrides naturels certains, sans parler des mélanges inidentifiables de Serapias. Par contre, le point noir du séjour est la constatation de la destruction progressive de nombreux sites soit en raison de constructions diverses soit de l'action des sangliers mais aussi du débroussaillage intensif s'apparentant davantage à du labourage.

Récapitulatif des espèces observées :

 


Ophrys

Ophrys arachnitiformis
Ophrys aurelia
Ophrys aurelia " saratoi "
Ophrys bilunulata
Ophrys incubacea
Ophrys lupercalis
Ophrys provincialis
Ophrys scolopax
Ophrys splendida
Ophrys virescens

 

Orchis(au sens large)

Anacamptis champagneuxii
A. laxiflora
A. morio
A. papilionacea
A. papilionacea X picta
A. picta
Neotinea lactea
Neotinea maculata
Orchis anthropophora
Orchis olbiensis
Orchis provincialis
Orchis purpurea

Serapias

Serapias cordigera
Serapias gregaria
Serapias lingua
Serapias neglecta
Serapias olbia
Serapias parviflora
Serapias vomeracea
S. neglecta X olbia
S. lingua X vomeracea

Autres espèces :

Cephalanthera longifolia
Himantoglossum robertianum
Himantoglossum hircinum (en boutons)
Limodorum abortivum
Limodorum trabutianum (en boutons)
Platanthera bifolia

Les photos de toutes les espèces