Les
Orchidées de la Côte d’Azur
avril 2006 |
Mes pérégrinations orchidophiles
me conduisent cette année vers les rivages des Alpes-Maritimes.
Afin de satisfaire ma femme qui est davantage portée vers les plages
ensoleillées et les magasins bien fournis, nous résiderons
à Cannes près de la vieille ville et du port.
En 1999 nous avions déjà séjourné dans la région, à Théoule, mais je m’étais davantage attaché à la poursuite des observations varoises qu’à la prospection de l’arrière pays azuréen. Il était donc temps de combler cette lacune d’autant que j’avais appris depuis qu’il semble y exister de bien belles espèces. 16 avril. Je me dirige au hasard vers Sophia-Antipolis
afin d’examiner comment est constituée la zone. Pas facile de s’y
retrouver entre les petites routes, les zones d’entreprises, les zones
d’habitations. Tout cela me semble bien complexe.
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17 avril
Direction l’arrière pays de Grasse.
Le
très beau plateau de Caussol n’offre guère de choses intéressantes,
quelques crocus sont encore en fleurs. Je monte à l’observatoire
du plateau de Calern où poussent les Dactylorhiza sambucina.
L’observatoire est dans le brouillard mais je trouve les Orchidées
encore très loin d'être en fleurs, les rosettes sont à
peine gonflées, il sera inutile de revenir.
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18 avril
Achat d’une carte IGN pour essayer de m’y
retrouver dans le secteur de Sophia.
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19 avril.
J’ai décidé de consacrer
l’après-midi à la découverte de la région du
col d’Eze. Je prends donc l’autoroute de France qui doit abriter le plus
grand nombre de péages au kilomètre !
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20 avril
Retour vers Sophia pour voir les aurelia
et papilionacea. Je trouve des O. scolopax et O. provincialis
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21 avril
Je reprends mes recherches à l’endroit
où je les avais arrêtées la veille. Je trouve des O.
bilunulata et Céphalanthères.
Je reprends la voiture pour me diriger vers une zone qui semble bien dégagée sur la carte, près d’une école. Il y a des nombreux O. splendida, des arachnitiformis et encore quelques aurelia ainsi que de rares pieds de Serapias vomeracea. Mais là, la surprise est ailleurs et réside dans des centaines de pieds de papilionacea encore en boutons pour la plupart. Je n’en ai jamais vu autant (faut dire que, à part le fameux camping près du bois du Rouquan, je n’en ai jamais vu d’autres !). |
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22 avril
Direction le bois du Rouquan dans la plaine des Maures. J’y ai rendez-vous avec un groupe d’habitués du forum Photocritik afin de leur faire découvrir les orchidées de la région (faut dire que depuis le début de l’année je tanne les niçois pour qu’ils me trouvent O. massiliensisi, mais à part des Barlias, ils n’ont rien trouvé, faut donc que je leur montre à quoi ressemble une Ophrys). Je suis surpris par la sécheresse, les petits ruisseaux qui coulent habituellement sont totalement à sec, les orchidées sont peu nombreuses et parfois déjà bien grillées. Nous trouvons quand même ce que nous cherchons : Ophrys incubacea, O. provincialis, O. scolopax, Serapias neglecta, S. lingua, S. olbia, Anacamptis picta, A. champagneuxi, Platanthera bifolia. Nous passons une bien agréable journée. 23 avril Lac de St Cassien, quelques Serapias
neglecta sont butinées par des abeilles, je n’arrive pas à
faire de bonnes photos, mais je vois les pollinies sur la tête de
quelques unes.
24 avril Je retourne voir mon tapis de papilionacea
près de l’école. Les floraisons s’activent et je trouve un
autre groupe d’Ophrys aurelia.
25 avril Sortie touristique à St Paul de Vence…. Sans commentaire (on se croirait au Mt St Michel !)
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26 avril
Ma carte IGN m’indique une grande zone
dégagée près de Biot. Je m’y précipite. Il
n’y a pas d’Ophrys mais une très grande quantité de
Serapias
olbia qui, de toute évidence, commencent à souffrir de
la sécheresse ; je trouve là aussi quelques pieds de papilionacea.
Il y a aussi de nombreux Geckos (Tarentula mauritanica) sous les
pierres, ils sont très vifs et difficiles à photographier.
Marchant le long d’un chemin, je suis surpris par un bruit près
d’une pierre, une couleuvre vient de se jeter sur une tarente dont la queue
gigote encore hors de la gueule du prédateur, dure loi de la Nature.
J’ai juste le temps de faire deux mauvaises photos avant que le serpent
ne se faufile sous la grosse pierre.
Je repasse par La Rine, j’y trouve (encore !) des papilionacea, des limodores (Limodorum abortivum) presque ouverts et les premières Serapias cordigera. En rentrant je fais une nouvelle halte vers Sophia au bord de la route dans une zone encore non explorée. Je trouve de nombreuses orchidées : Ophrys scolopax, arachnitiformis, bilunulata, aurelia, provincialis, splendida, Cephalanthera damasonium, Anacamptis papilionacea, Himantoglossum hircinum. |
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27 avril
Ma carte indique une zone dégagée
au Rouret. Je m’y rends. En fait la zone est occupée par de la broussaille
à peine défrichée. Il y a peu de plantes : de rares
Ophrys
scolopax, des Cephalanthera longifolia et quelques limodores
bien ouverts. Je trouve aussi un petit groupe de limodores entièrement
hypochromes, ils sont encore en boutons mais de toute évidence la
tige et les boutons sont entièrement jaunâtres.
28 avril C’est le dernier jour, je décide
de le passer dans le secteur de la route des crêtes. J’y découvre
encore de nombreux Ophrys dont de nouveaux sites d’O. aurelia
et de papilionacea. Les quelques pieds de papilionacea que
j’avais vus la première fois sont maintenant plusieurs dizaines,
bien ouverts. Je trouve aussi un bien beau pied de « provincialis
» qui pourrait fort bien être hybridé avec incubacea.
Je finis près de l’école où je trouve un nouveau groupe d’aurelia ainsi que des O. scolopax.
Voilà, il faut rentrer. Le séjour
ne devait pas m’apporter de grosses surprises, il m’a quand même
permis de voir deux espèces que je ne connaissais pas (Ophrys
massiliensis et Neotinea tridentata), trois hybrides et surtout
il m’a permis de constater l’importance des populations de Anacamptis
papilionacea et Ophrys aurelia dans la région, deux espèces
bénéficiant d’une protection nationale. Donc, même
si la côte elle même n’est qu’un mur de béton, il y
a pour les naturalistes encore de bien belles choses à voir dans
l’arrière pays et dans les quelques zones encore peu urbanisées…
mais cela va-t-il durer ?
Bombyle sur Ophrys splendida
© P.Burnel |