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100 kilomètres autour de Rouen

Mai 2020


Texte - Photos des Orchidées -



Libéré du confinement le 11 mai 2020.

Le besoin d'un grand bol d'air et de nature se faisait sentir. Ayant eu le temps de préparer ce déconfinement j'avais décidé une première grande balade vers le sud du Pays de Bray, globalement entre Gournay et Neufchatel.

Premier arrêt à La Haye.
Il y a de jolis Orchis militaris, deux hybrides avec O. purmurea, mais sans trouver ce dernier. Les Anacamptis pyramidalis commencent, les Gymnadenia ont de jolies hampes mais pas de fleurs. Je vois un jeune pied d'Epipactis atrorubens. Visiblement la saison ne fait que commencer. Tant mieux.

A Dampierre je parcours un champ dans lequel il y a beaucoup de Dactylorhiza majalis. Je ne trouve pas les incarnata vus autrefois. Les feuilles des majalis sont peu marquées, à se demander s'il en reste encore un vraiment pur.

Toujours pour majalis je vais à Forges-les-eaux. Déception, un seul pied au bord de la route. Le site est envahi par les arbres.

Mauquenchy, là aussi le coteau est en train de se fermer, les arbres envahissent, l'herbe est haute. Quelques Orchis militaris, purpurea, listères, Platanthera chlorantha, Dacthyloriza fuchsii et Gymnanedia en rosettes.

A Sommery sur le bord de la route les fuchsii ne sont pas encore sortis, il semble y en avoir assez peu, par contre les listères sont nombreuses.

A Bosc-Menil le site est toujours bien joli : pourpres, platanthères, listères, pyramidales et Ophrys insectifera. Je ne trouve pas les Orchis grenouille, trop tôt.

Dernier arrêt à Montérolier : pyramidales, pourpres, Gymnadenia en hampe, Platanthères, bouc et enfin un pied de l'Orchis grenouille en tout début de floraison.


13 mai : vers l'Est


J'ai décidé un circuit le long de la Seine en Amont de Rouen.

Premier arrêt à Sotteville-sous-le-val pour les Ophrys aranifera. Il n'y a plus de chevaux, Les fleurs variées, notamment les rhinanthes, s'épanouissent mais il y a très peu d'aranifera. Guère plus de cinq pieds. Décevant ! Je trouve quand même un drôle de lusus d'Anacamptis pyramidalis .

Plus loin vers Alizay je fais un détour pour aller visiter un champ d'Anacamptis morio. Il y a plus de vingt ans on en trouvait des centaines. Ma dernière visite avait été décevante, celle-ci l'est encore plus, à peine quelques pieds. Le terrain est à l'abandon, envahi par les ronces ou les herbes très hautes.

Vers Amfreville-sous-les-monts après une petite pose pour constater que les Ophrys litigiosa sont finis je fais un arrêt obligatoire pour admirer nos deux endémiques : la violette de Rouen et la biscutelle de Neustrie. Il y a également des Orchis militaris, Platanthera chlorantha et, un peu plus loin, un belle touffe d'Orchis purpurea

Plus loin vers Andé, je retourne sur un site visité l'an passé plus tôt en saison. Beaucoup d'Orchis militaris dont quelques pieds hypochromes, des pyramidales et aussi des Himantoglossum encore en hampe, quelques listère et jeunes Epipactis helleborine.

Je traverse la Seine pour aller sur le coteau en face. La commune de Vironvay a un joli panorama avec une très belle pelouse, riche en Orchidées, dont des fuci... L'horreur !!! Les services municipaux ont fait un joli quadrillage avec les tondeuses pour faire propre !!! Evidemment ils sont passés en plein sur les fuci !!!! En redescendant vers la Seine pour aller pêcher un peu je constate que la petite route entre Heudebouville et Lormais a aussi ses talus bien rasés, pas un poil ne déborde, c'est pire qu'au Cap D'Agde ! A l'exception d'un pied de céphalanthère protégé par un poteau toutes les orchidées ont été rasées. Visiblement il y en a pour lesquels la notion du fauchage tardif n'a pas atteint le premier neurone !

Un peu plus loin vers Venables, je retrouve des Neottia nidus-avis en pleine floraison et de jolis doronics qui commencent à passer. Impossible de ne pas redescendre vers la base pour admirer les centaines d'Orchis militaris et Anacamptis pyramidalis mais, là aussi, le milieu est en train de se refermer. A l'entrée de la base il y a de nombreux boucs et pyramidales. 

Retour maison après une journée quand même décevante, pas de fuci, sans doute encore trop tôt, et la constatation de multiples sites qui se dégradent au fil des ans.


18 mai : en aval de Rouen



Le premier arrêt se fait au Trait. Une station d'Ophrys fuciflora y est signalé ; j'ai l'adresse mais, une fois de plus, je ne trouve rien. Seulement quelques pyramidales et apifera.

A Toufreville La Corbeline l'herbe est bien haute mais il y a beaucoup de pyramidales dont un pied entièrement blanc et deux interméiaires, rosés. Il y a aussi de rares Ophrys fuciflora, pourpres, Platanthères et Gymnadenia. Le long de la route je trouve des pyramidales, listères et pourpres.

A Aizier le site semble bien envahi par la végétation haute. Il y a énormément de listères, des pyramidales des Cephalanthera longifolia, des Dactylorhiza à identifier plus tard, des helleborines. Il y a aussi des Dactylorhiza fuchsii qui sont dans une zone très humide, ce devrait plutôt être maculata mais les feuilles basales ne sont pas observables.

Un peu plus loin le long de la route il y a encore des platanthères et aussi des Dactylorhiza maculata en tout début de floraison.

Dans le Marais Vernier je m'arrête à l’observatoire de la Grand-Mare. J'y avais fait un arrêt il y a bien longtemps lors d'une sortie géologique avec le collège et je me souviens y avoir aperçu beaucoup de Dactylorhiza. J'espère les revoir pour les identifier mais il n'y a rien !

De là je repars vers St Samson, je veux revoir les plantes vues l'an passé et que j'avais prises pour Dactylorhiza incarnata mais qui se sont ensuite, sur photo, révélées être davantage fuchsii X incarnata. En fait je doute et j'y vois, au moins pour certaines, davantage de incarnata X praetermissa. Mais rien n'est évident. En tout cas pas d'incarnata pur à l'horizon. Par contre il y a de beaux apifera X fuciflora, sans les parents.

De là je repars vers la réserve de Seine Sud pour les stars mais je fais un petit détour vers une petite route où il y a de nombreuses orchidées assez classiques.

Dans la réserve je trouve évidement des Anacamptis laxiflora et coriophora. Sans trop chercher je trouve neuf pieds de l'hybride entre les deux espèces. Il y a aussi de nombreux Dactylorhiza : praetermissa et incarnata bien purs mais évidemment que font deux dactylo quand elles se rencontrent.... un pied est bien intermédiaire entre les deux avec les grandes feuilles d'incarnata et un labelle de forme praetermissa mais avec des dessins incarnata. Ne parlons même pas des différents pieds "litigieux"

20 mai à 100 kms au Sud


Cap au Sud donc, je file jusqu'au Nord du département de l'Orne à la limite des 100 kms autorisés. De là je vais remonter vers Rouen par étapes. Si je n'ai pas le temps de faire les dernières, j'y retournerai car c'est plus près.

A Saint-Germain-de-Clairefeuille sur le bord de la route je trouve : Platanthera chlorantha, Ophrys apifera, Anacamptis pyramidalis et Dactylorhioza fuchsii. Je rentre dans la zone du coteau connu pour ses A. coriophora, il y en a peu, ils avoisinent les A. pyramidalis mais ne se sont pas encore mélangés ! Dommage. Il y a également D. fuchsii et praetermisa, Ophrys apifera et P. chlorantha.

Je prends la direction de Courménil et le coteau de la Butte. Orchis purpurea, P. chlorantha et bifolia, et leur hybride ! D. fuchsii, Listères, Gymnadenia conopsea, Dactylorhiza viridis, en petit nombre.

Je traverse le petit ruisseau pour me rendre sur la pelouse qui fait face, il y a de nombreux Dactylorhiza maculata et de très rares pieds de Neotinea ustulata une espèce rare chez nous.

Je repars vers Aubry-le-Panthou.

Je ne connais pas ce site et c'est donc ma première visite. Rapidement je trouve des A. pyramidalis, Gymnadenia conopsea, Ophrys apifera. Mais ce qui frappe ici ce sont les Platanthères, elles sont des milliers, il y en a partout et, si on les regarde une par une, on s'arrache les cheveux entre bifolia, chlorantha et les hybrides, peut-être plus nombreux que les plantes mères.

Je trouve également quelques Coeloglossum et Orchis bouc.

A Saint-Agnan-De-Cernières, je visite un champ où, il y a quelques années (2006!!!) nous avions trouvé Coeloglossum, morio et fuchsii. Je ne trouve aucune orchidée.

Pour me consoler je finis par une petite séance de pêche à la truite, bredouille, juste quelques petites touches. Je ne ferai pas les dernières étapes prévues on verra ça un autre jour... peut-être !


25 mai... revoir la mer


Je prends la route pour le nord du département afin de prospecter des parcelles forestières de la forêt d'EuEpipactis leptochila a été observé par le passé.

Première arrêt, après une bonne marche en forêt, je trouve Cephalanthera damasonium et un Epipactis qui me pose problème. Est-ce leptochila ? ou muelleri ?? il faudra revenir au moment de la floraison dans quelques semaines.

Le deuxième arrêt, je connais déjà la zone, me permet d'observer Epipactis microphylla, Orchis purpurea, Gymnadenia conopsea, Ophrys insecifera et Ophrys fuciflora.

Ensuite, la zone visitée ne m'inspire pas vraiment, elle semble peu favorable je ne trouve d'ailleurs strictement rien.

Une autre zone me permet de voir deux espèces en fin de floraison : listère et pourpre, mais pas de leptochila. En fait je me rendrai compte le lendemain que je n'étais pas exactement dans la bonne parcelle.

Je prends la direction de Criel-sur-Mer pour prendre un bon bol d'air. Le champ des laxiflora a été fauché ! Sur la falaise il y a de rares Neotinea ustulata. L'espèce semble se raréfier, mais l'année sèche est-elle réellement favorable ? En tout cas avec cette superbe météo la vue vaut  le déplacement et ça fait tellement du bien.



27 mai dans la vallée de l'Eure


Départ vers le Sud-Est pour aller rechercher plus particulièrement deux plantes.

Premier arrêt près de Jouy pour Platanthera bifolia, présent dans une clairière au milieu de la forêt. La zone me semble bien changée. Je vois rapidement A. pyramidalis, D. maculata, P. chlorantha, Listera ovata. Finalement je trouve des P. bifolia, l'espèce est en début de floraison alors que les chlorantha sont déjà bien avancées, les fleurs, plus petites, donnent un aspect plus chétif aux plantes, elles sont bien différenciables de leur grande sœur. L'observation des pollinies bien serrées et parallèles ne laisse aucun doute. Par contre je ne retrouve pas les hybrides observés autrefois.

Je reprends la route et m'arrête vers Chambray, il y a de nombreux Himantoglossum hircinum bien ouverts, je fais quelques photos et en trouve certains dont les fleurs sont plutôt vertes. Je n'arrive vraiment pas à trouver une odeur désagréable à cette plante !!! Il y a également des O.apifera, G. conopsea et pyramidales.

Près de Pacy-sur-Eure j'espère revoir les Limodorum abortivum, je suis toujours arrivé un peu tôt et les fleurs n'étaient jamais ouvertes, comme l'année est un peu précoce, j'ai bon espoir. S'il n'y en a pas je ferai une petite incursion hors des frontières normandes, un peu plus au Sud. Ce ne sera pas nécessaire. Il y a un pied magnifique, bien ouvert, de toute beauté. Trois autres sont à côté, tout petits. Des Cephalanthera damasonium très avancées leur tiennent compagnie

Pique-nique au bord de l'eau et après-midi « pêche » à la truite. Un beau brochet se fera prendre, il me donnera bien du fil à retordre sur la petite canne ultra légère réservée habituellement à la truite.

Ce joli mois de mai déconfiné se termine donc avec un bilan très positif : 26 espèces observées en fleur, 4 espèces en bouton ou rosette (helleborine, atrorubens, « leptochila », microphylla ) et 4 hybrides.



Le mois de juin pourrait permettre de voir encore quelques espèces telles que Gymnadenia odoratissima, Herminium monorchis, Epipactis palustris, Cephalanthera rubra et autres..... à suivre ???




Texte - Photos des Orchidées -



© Philippe Burnel 2020