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Des
Des Causses à l'estuaire

23 au 31 mai 2022



Photos des Orchidées


Après un premier périple précoce le long de la vallée du Rhône vers la mi-mars, j'ai programmé un nouveau périple à la fin du mois de mai. L'objectif étant de retourner vers les Causses puis ensuite de me diriger vers l'Ouest, vers l'estuaire de la Gironde


Lundi 23 mai

En fin d'après-midi, après une route un peu longue et un départ difficile de la Normandie, j'arrive en Aveyron. Mon point de chute doit être un camping au Rozier mais, avant cela, je fais deux arrêts pour découvrir les orchidées dans le secteur de Novis.
Sur la première zone tout est grillé, je trouve des hampes sèches de Neotinea ustulata, Ophrys aymoninii, Orchis anthropophora. La zone a été bien abîmée car elle sert visiblement de stockage pour des arbres coupés.
Dans le même secteur, mais un peu plus au Sud je trouve un pied de Platanthera chlorantha, Neotinea ustulata, quelques Anacamptis coriophora et beaucoup d'Anacamptis morio fanés. La zone semble, ici aussi, bien abîmée par l'activité agricole.




Mardi 24 mai

J'ai rendez-vous avec l'ami Claude au Roc des Hourtous pour une sortie vers les sabots. C'est un secteur que je n'ai jamais exploré.

Nous parcourons le causse. Les plantes ont énormément souffert de la sécheresse, les Ophrys aymoninii sont tout rabougris. Nous trouvons quand même pas mal de sabots en pleine floraison et des Dactylorhiza fuchsii bien jolis.

Il y a beaucoup d'autres orchidées mais c'est vraiment TRES sec et les plantes souffrent. Du muguet est encore bien en fleur, des piroles pointent le bout du nez, les grassettes des causses sont accrochées à leur rocher. Nous faisons une bien jolie balade.

Avant de rejoindre un petit restaurant où nous nous régalerons d'une belle cuisine locale, Claude fait un arrêt pour observer Adonis flammea, une petite messicole aux couleurs de feu.

Après le repas et quelques arrêts sur des sites très grillés, nous prenons la route vers la vallée de Trebans ou les Dactylorhiza elata sont très en beauté, cette espèce qui vit quasiment les pieds dans l'eau ne souffre pas, ici, de la sécheresse qui sévit partout.

Une touffe de 14 pieds nous ravis.

Mercredi 25

J'ai choisi commencer la journée par deux sites sur le causse noir mais il est difficile, quand on repère des zones potentiellement favorables le long de la route, de ne pas faire des arrêts supplémentaires.

Lors du premier arrêt je trouve des Anacamptis pyramidalis, des Orchis brûlés fanés et des Platanthera bifolia qui me semblent bien trapus. En Normandie je peux, de loin, faire la différence entre chlorantha et bifolia plus grêles, mais ici les bifolia ont un aspect très costaud comme nos chlorantha.

A Saint-Jean de Balmes il y a beaucoup d'orchidées classiques : fuchsii et longifolia en grand nombre, conopsea, listere, Platanthera bifolia, pyramidalis, Neottia nidus-avis, Epipactis cf helleborine en rosette.

Plus loin je fais un arrêt pour photographier un champ blanc de marguerites mais je trouve aussi Orchis simia et O. anthropophora.

Continuant mon chemin, une zone attire mon regard, il y a des Orchis purpurea fanés, des O. militaris, évidemment l'hybride entre les deux espèces, mais aussi des O. simia, l'hybride militaris X simia, Cephalanthera longifolia et A. pyramidalis. De l'autre côté de la route ce sont des Platanthera chlorantha, Neotinea ustulata, O. anthropophora qui se laissent admirer.

J'arrive enfin au deuxième point prévu, le petit hameau de Luc. La zone est bien riche de plantes assez classiques toutefois : pyramidalis, aceras, simia fanés, ustulata parfois frais, militaris, chlorantha. Il est probable que lors, d'une année moins sèche, les découvertes peuvent y être intéressantes.



Anacamptis corioiphora fragrans X A. papilionacea
Après un petit pique-nique dans cette nature si calme, je me dirige vers le Larzac. J'y ai prévu plusieurs visites dans des zones déjà visitées ou encore inconnues pour moi.
A Linas je trouve Anacamptis papilionacea bien mal en point car souffrant de la sécheresse. J'admire l'hybride fragrans x papilionacea qu'Il est facile de trouver tant les traces des orchidophiles ressemblent au passage d'un troupeau de bisons! J'ai beaucoup de mal à trouver A.fragrans, le deuxième parent, très abîmé.
Sur la route entre St Rome et La Panouse je vois un couple de photographes. L'arrêt est obligatoire. Il s'agit de Colette et Alain Bonny que je n'avais pas revus depuis au moins vingt ans. Nous discutons longuement. Ils cherchent les papillons et m'indiquent quelques Ophrys aveyronensis grillés et Orchis anthropophora.
Un peu plus loin à La Bastide-Pradines je m'arrête pour photographier l’hybride elata x fuchsii.

La Panouse est un haut lieu de l'orchidophilie française. J'y fais un rapide passage. Les Ophrys aveyronensis sont faciles à repérer... L’herbe est couchée tout autour. La floraison est déjà bien avancée il y a aussi des aceras quelques limodores et Platanthera bifolia et plus haut des ustulata.

Jeudi 26 mai

J'ai rendez-vous à La Pezade, Comme je suis un peu en avance un arrêt rapide me permet de voir des Orchis divers dont militaris blanc mais aussi un premier pied de Coeloglossum viride. Sur le lieu du rendez-vous, je suis en avance et je parcours le champ c'est bien grillé par la chaleur je trouve quelques Ophrys picta.

Rapidement je retrouve les amis Guy et Catherine (GL), Gilles, Michel et Annie (les « Michcool) et Hervé (du 88), des « vieux » du forum avec lesquels j'ai toujours autant de plaisir à parcourir la campagne. Elisabeth et Jean-Luc (les « Lisa) nous rejoindront en début d'après-midi.

Malgré la sécheresse nous observons plusieurs espèces mais les plantes sont en bien moins grand nombre que lors de ma visite en 2017 : Insectifera, militaris, ustulata, sulcata. C'est la fin des passionis, sambucina, virescens, morio. Nous trouvons, malgré tout un bel hybride passionis x scolopax/picta.

Nous parcourons ensuite le plateau de Guillaumard domaine des magnifiques Ophrys aveyronensis. C'est le grand régal. Aucune plante ne resssemble à sa voisine, les cartes mémoires sont chargées à bloc. Heureusment que nous n'en somme plus au temps des pellicules de 36 poses !!! (en 10 jours j'ai fait près de 1200 photos !!!! ).

Nous trouvons également un bel hybride anthropophora X simia... un singe pendu.

Nous descendons tous vers Le Clapier où nous photographions Anacamptis laxiflora, Serapias lingua en fin de floraison.

Mais Guy et Gilles nous ont fait baver avec un hybride totalement incroyable... Nous reprenons donc un peu la route vers le Sud. Dans un grand champ nous voyons un hybride superbe entre Anacamptis coriophora et A. laxiflora, de plus il a des fleurs non résupinées (!!) nous trouverons d'autres hybrides aux quatre coins du champ. Mais il y a aussi ce terrible hybride coriophora X morio bicolore... une tuerie !! Il y a aussi des hommes-pendus, des picta, vomeracea, coriophora etc. Un vrai régal.

Il n'y a eu qu'un « petit » problème : l'agriculteur est arrivé en furie car il voulait faire les foins sous peu et n'appréciait pas qu'on couche l'herbe. Guy et Hervé ont négocié, tout s'est calmé, ils ont expliqué la richesse botanique de son champ. Du coup, lui qui voulait le labourer pour faire du blé semble avoir revu ses objectifs et s'est excusé de son agressivité initiale. Nous ne dévoilerons donc pas la localisation de ces beaux hybrides afin de ne pas accentuer la pression orchidophile qui pourrait irriter l'agriculteur (il est quand même chez lui).

   


Vendredi 27 mai

Nous retournons tous à La Panouse, nous trouvons d'abord l'hybride araneola x insectifera mais il est très fatigué. Nous parcourons le coteau bien pauvre cette année.

Il y a quand même quelques orchidées dont des Gymnadenia conopsea et pyrenaica dont nous pouvons observer les différences. Au-delà de la crête nous trouvons un autre hybride, tout aussi fatigué : apifera x aveyronensis.


En repartant, petite halte pour voir les Dactylohriza elata de La Bastide et l'hybride avec fuchsii. Un elata a un joli labelle hyperchrome.


Après un bon casse-croûte à l'ombre, nous prenons la route vers Tiergues. Il y a, ici aussi, très peu de plantes, quelques aveyronensis et deux hybrides aveyronensis X sulcata. C'est bien peu ; tout est très sec.

Un peu plus loin à Crassous c'est tout aussi sec il y a quelques picta, aveyronensis et un hybride qui nous pose problème. Certes apifera est « dans le coup », il n'y a pas de soucis mais pour le deuxième parent c'est plus compliqué car s'il a vraiment un air de scolopax/picta la couleur des pétales peut aussi faire penser à aveyronensis.




Samedi 28 mai


Nous décidons d'aller visiter un joli site géologique : les canalettes du Larzac.
Ce sont des failles parfois très étroites mais profondes, ce paysage est impressionnant. Il y fait bien frais.
Le long du chemin d’accès ou dans la forêt aux alentours nous voyons Cephalanthera damasonium, Neottia nidus-avis, Platanthera bifolia, Anacamptis pyramidalis, Cephalanthere rubra, Limodorum et de rares Ophrys passionis.

Nous prenons ensuite la direction des Liquisses. Là aussi tout est très sec, on voit de rares Ophrys aymoninii, fuchsii, bifolia, pyramidalis, longifolia etc..

Nous nous quittons finalement. Alors que je vais visiter la Couvertoirade mes camarades vont à Linas.



Dimanche 29 mai

Je quitte le Larzac et prends la direction du Sud, vers les Pyrénées-Orientales. Près de Salses, j'ai l'intention d'aller revoir un site visité en 2021. J'y avais vu, un peu plus tôt en saison, de nombreux Anacamptis palustris et Serapias vomeracea. Mais depuis j'ai appris qu'il y existe des A. palustris hypochromes et une population d'une Platanthera qui serait P. algeriensis. Je veux donc me faire une idée.

Grâce aux pointages fournis par Claire, que je retrouve par hasard sur place, il est facile de trouver ces plantes.

Au premier abord je les ai trouvées bien différentes de
P. chlorantha puis j'ai douté car le labelle n'est pas aussi replié que ce qu'il devrait être sur P. algeriensis. Après de nombreuses discussions contradictoires sur le web il apparaît qu'il s'agirait bien de P. algeriensis ce qui a été confirmé par des orchidophiles espagnols qui connaissent l'espèce.
Claire me montre également un bel hybride entre
A. palustris et A. pyramidalis ; deux autres me sont indiqués par un orchidophile espagnol de passage.

Je remonte un peu vers le Nord, à Leucate je cherche Ophrys corbariensis dont je ne trouve qu'un pied bien abrité derrière un buisson dans la garrigue très sèche.

Je rejoins Carcassonne en passant par les petites routes car l'autoroute est sature en ce jour de retour de grand week-end.

Petit cassoulet en restau...


Lundi 30 mai

L'objectif de la journée est d'aller vers le Gers afin de me remémorer l'aspect de l'Ophrys fucifloroide local connu sous le nom de O. aegertica ou truncata selon les auteurs.

Je commence vers Lamaguere. Je fais d'abord un arrêt dans un champ qui me semble intéressant , j'y vois A.pyramidalis, Orchis anthropophora, O. apifera, O ; « scolopax » , Himantoglossum hircinum.

A Lamaguere nord, O. apifera, bouc, vomeracea, pyramidales. Le deuxième site, au Sud, me permet d'observer Dactylorhiza maculata, S. vomeracea, O. insectifera, A. pyramidalis, O.aegertica et son hybride probable avec apifera

A Haulies, je ne trouve que trois pieds d'aegertica et l'hybride probable avec apifera. (ci-contre)

Je fais un rapide passage vers le paradis de Stéphanie mais elle est absente (c'était prévu), tout est bien grillé et je ne trouve pas le célèbre Serapicamptis. Il y a quelques O. aegertica ou hybride avec apifera.

A Ordan-Laroque je trouve beaucoup de O.aegertica, de quoi bien me mettre en tête cette espèce.


Comme l'objectif du lendemain est d'aller voir l'Ophrys de l'estuaire, je prends la direction du nord de Bordeaux. Je trouve un camping fermé mais ça fera l'affaire ; par contre , surprise, mon matelas pneumatique est crevé. La nuit à la dure est un peu difficile !!!!


Mardi 31 mai

La nuit a été raide, pas envie de recommencer, je décide donc de précipiter ma remontée vers le Nord, en faisant toutefois quelques étapes indispensables. A Font Garnier tout d'abord où je trouve assez facilement l'Ophrys de l'estuaire. Cette population a été décrite sous le nom de Ophrys fuciflora subsp aestuariensis. Toutefois Rémy Souche la considère comme une population isolée de son Ophrys truncata. Je dois dire que je suis vraiment d'accord avec cet avis car je ne vois absolument aucune différence avec les plantes vues dans le Gers la veille. P. Delforge a publié un article dans lequel il affirme que la description initiale n'est pas conforme au code international et donc le nom serait, pour lui, invalide. Les taxonomiste de Kew l'auraient contredit et donc « aestuariensis » ne serait qu'un synonyme.

Sur deux sites à Moque-Souris, je trouve peu de plantes, ici aussi tout est bien sec.

Quelques kilomètres me séparant d'un autre Ophrys intéressant je vais donc revoir le joli petit Ophrys argensonensis (ci-contre). Il y en a peu et ils sont déjà en fin de floraison, je ne me souvenais pas que c'était si petit.

Petit arrêt ensuite à La Villedieu, je vois les petits Ophrys scolopaxoides rondouillards des Charentes en fin de floraison. Ils doivent correspondre aux Ophrys oceanica (nom provisoire) de R. Souche

Avant de remonter définitivement je fais un arrêt rapide à la côte Belet, juste pour voir à quoi ça ressemble. Le site semble intéressant mais je n'ai pas le temps de tout parcourir.




Merci à ceux qui m'ont accompagné ou informé :

Claude, Guy et Catherine, Annie et Michel, Elisabeth et Jean-Luc, Gilles, Hervé, Claire etc .

J'espère n'avoir oublié personne.


Photos des Orchidées


© Philippe Burnel 2022