Les Cichlidés du lac Tanganyika 
D - Les ectodini

 

Toutes les côtes du lac ne sont pas occupées par des biotopes rocheux. De grandes plages de sable bordent certaines d'entre elles. Dans ces zones exemptes de cachettes évoluent des bancs de Cichlidés souvent argentés mais parfois extrêmement colorés. La limite entre zones rocheuses et sableuses n'est pas nettement définie et, entre les deux, la "zone intermédiaire" contient aussi ses espèces propres.

Dans cette tribu sont regroupés divers genres contenant des espèces variées. Certaines d'entre elles pourraient être classées parmi les "brouteurs" alors que d'autres sont planctophages ou filtreurs de substrat. Nous distinguerons deux groupes parmi les espèces les plus couramment maintenues en captivité : Les espèces à pelviennes allongées (Ophthalmotilapia et apparentés), les sabulicoles stricts (Xenotilapia et apparentés).

1er groupe :

Les espèces appartenant à ce groupe se caractérisent par un allongement important des nageoires pelviennes, plus ou moins ornées dans leur partie terminale d'ocelles ovoïdes jaunes, ce qui leur a valu le surnom anglais de "Featherfin Cichlids" ou germanique de "Fadenmaulbruter".
Les mâles, très colorés, défendent un territoire qui peut être constitué par un nid en forme de cratère, parfois important. Les femelles, de couleur argentée, évoluent en banc en pleine eau.
Les principaux genres appartenant à ce groupe sont : Ophthalmotilapia, Cunningtonia et Cyathopharynx. Bien qu'il ne possède pas de pelviennes très allongées et que son comportement alimentaire soit assez différent, nous intégrerons à ce groupe Aulonocranus dewindti, en raison de sa maintenance et de son comportement reproducteur assez identiques à celui de certaines espèces (et plus particulièrement Ophthalmotilapia heterodonta).

La coloration de base des mâles dominants est le bleu plus ou moins sombre selon les espèces. L'éclat de cette coloration est fortement accentué par un éclairage solaire. Certaines espèces, comme les Cyathopharynx, ont une coloration tout à fait remarquable et lumineuse. Le spectacle d'un mâle "Cyatho" entretenant son nid et tentant d'y conduire une femelle est un spectacle absolument inoubliable.
 
Cyathopharynx cf. furcifer Ophthalmotilapia ventralis

Toutes les espèces sont à maintenir en groupe constitué d'un mâle pour quatre ou cinq femelles, permettant ainsi au mâle d'être coloré en permanence. Dans de très grands bacs la cohabitation de deux mâles est possible et stimulera le dominant, l'autre évoluant alors dans le groupe des femelles s'il ne peut se constituer son territoire propre. Il s'agit d'espèces qui aiment avoir un espace important pour évoluer. Leur maintenance ne pourra donc être tentée que dans des volumes supérieurs à 500 litres. Les mâles, fortement territoriaux, construisent parfois des cratères très importants, pouvant utiliser, pour cela, la totalité du sable de l'aquarium. Chez certaines espèces les mâles les plus dominants construisent ces cratères au sommet des roches les plus hautes, tentant ainsi de s'approcher des bancs de femelles qui évoluent en pleine eau. Compte tenu du caractère des mâles, nous déconseillerons de maintenir conjointement d'autres espèces sabulicoles, même très distinctes. En effet, l'une ou l'autre espèce sera dominée et ne pourra donc être maintenue dans des conditions favorables à la reproduction. Toutes les espèces sont incubatrices buccales maternelles. Les alevins, lâchés au bout de trois semaines environ, forment un banc à la surface de l'aquarium, fréquemment près du rejet de la pompe.

2éme groupe :

Nous y intégrerons les espèces appartenant aux genres Callochromis, Xenotilapia, Enantiopus. Il s'agit d'espèces le plus fréquemment strictement sabulicoles (sauf quelques exceptions). Ils évoluent en bancs souvent importants dans les immenses étendues sableuses du lac. Si les femelles ne sont souvent pas très attrayantes avec leur coloration argentée (chez quelques Xenotilapia les femelles ont la même coloration que les mâles), les mâles présentent, particulièrement en période de reproduction, des couleurs souvent tout à fait remarquables. La maintenance s'inspirera de celles des espèces du premier groupe mais le bac pourra être plus petit. La reproduction se fait par incubation buccale, souvent maternelle mais parfois biparentale chez certains Xenotilapia. Les mâles construisent fréquemment des cratères, parfois ils délimitent leur territoire par des cercles de petits monticules de sable. Le comportement intraspécifique est très variable d'une espèce à l'autre et il n'est pas possible de donner de généralités.

Dans un aquarium toutes les espèces occupent la partie basse du bac, souvent en permanence "collées" au sable, il est judicieux de leur adjoindre des compagnons qui occuperont la zone supérieure. Peu agressifs les Cyprichromini rempliront parfaitement ce rôle. Il n'est pas utile de décorer le bac avec des amas de roches, quelques pierres éparses suffiront amplement. Par contre le sable devra être le plus fin possible car leur comportement alimentaire naturel consistant à filtrer sans cesse le substrat pour n'absorber que les particules consommables souffrirait d'une granulométrie importante, les gros grains risquant également de les blesser.

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Xenotilapia flavipinnis "Nyanza Lac"
 

Suite : Cypri, Limnochromini et gros Cichlidés

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