Les Cichlidés du lac Tanganyika  
E - Cypri, Limno et gros Cichlidés

E - Les Cyprichromini

Dans cette tribu sont intégrés deux genres : Cyprichromis et Paracyprichromis. Ces poissons évoluent en bancs parfois considérables en pleine eau à proximité des côtes et à plus ou moins grande profondeur. En certains endroits plusieurs espèces peuvent vivre sympatriquement, de même il peut y avoir, au sein du même banc constitué d'une seule espèce des différenciations de couleur chez les mâles (queues jaunes ou bleues par exemple). Le très gros intérêt aquariophile des espèces de cette tribu est de pouvoir maintenir conjointement plusieurs mâles (de la même espèce et de la même forme chromatique !). S'agissant d'espèces de taille modérée (10 à 12 cm) il est possible de leur octroyer des bacs de taille relativement modeste (300-400 litres) pour un groupe initial d'une dizaine d'individus. Selon les espèces les mâles défendent des territoires en pleine eau ou à proximité immédiate de grandes roches verticales. En ce qui concerne la reproduction les espèces pondent généralement en pleine eau, les œufs étant pris en bouche par la femelle lors de leur descente vers le fond (C. leptosoma, C. microlepidotus, C. sp. "Leptosoma Jumbo", P. brieni). Toutefois certaines espèces ont besoin d'un substrat (roche) pour y déposer les œufs avant la prise en bouche (C. pavo, P. nigripinnis). Contrairement à ce qui peut être fait avec d'autres espèces à incubation buccale, nous déconseillerons formellement de faire cracher manuellement une femelle (Para-) Cyprichromis. Elles sont en effet très fragiles et ne supportent pas les manipulations. Il est donc préférable de les pêcher délicatement pour les laisser cracher librement dans un bac d'élevage.

Comme chez de nombreuses autres espèces des grands lacs africains, nous rencontrerons ici aussi plusieurs formes chromatiques. C. leptosoma, par exemple, montre une grande variabilité géographique des mâles, les femelles étant indiscernables. Lors de la constitution d'un banc il sera donc primordial de veiller à ce que tous les sujets appartiennent bien à la même forme chromatique.
 
Parcyprichromis nigripinnis "Blue Neon" Cyprichromis "Jumbo Kitumba" Cyprichromis "Jumbo Tricolore"

F - Les Limnochromini

Quelques espèces appartenant à cette tribu sont occasionnellement rencontrées dans le commerce aquariophile : Limnochromis auritus, Reganochromis calliurus, Triglachromis otostigma, Gnathochromis permaxillaris pour ne citer que les plus connus. Ce sont essentiellement des espèces vivant sur les fonds vaseux à plus ou moins grande profondeur. Certaines espèces creusent des galeries dans la vase. En aquarium des tuyaux de PVC enfoncés obliquement dans le sable pourront être utiles. Certaines espèces pratiquent l'incubation buccale biparentale. Ce ne sont pas des poissons très exigeants, ils sont assez peu agressifs et donc faciles à maintenir.

Une autre espèce est également connue des Cichlidophiles avertis, il s'agit de Benthochromis tricoti. Cette très belle espèce planctophage ressemble à un gros Cyprichromis, il vit à de grandes profondeurs (souvent plus de 100 mètres) et remonte en eau moins profonde pour se reproduire. Reproduction par incubation buccale maternelle (encore rarement réussie). A réserver aux aquariophiles très confirmés.

G - Les gros Cichlidés

Le lac Tanganyika, comme toutes les grandes étendues aquatiques abrite des espèces de taille importante. Ces poissons parfois rencontrés dans le commerce aquariophile seront réservés aux amateurs possesseurs de bacs volumineux ou aux aquariums publics.

Le plus connu des grands Cichlidés du lac est certainement Cyphotilapia frontosa qui, avec son énorme bosse, laisse rarement indifférent. Ce poisson d'une taille de 30 à 35 cm pour un mâle adulte habite les zones assez profondes (40 m), il se nourrit de crustacés mais aussi fréquemment de petits poissons et les observations de son comportement prédateur ne sont pas rares en aquarium. Il sera donc très important de ne pas oublier ce fait si on souhaite le faire cohabiter avec des petits poissons. Il semble friand de Cyprichromis et de sabulicoles comme les Xenotilapia. La maintenance se fera dans un bac d'au moins 800 litres pour un groupe de un mâle et trois à quatre femelles. Il faudra fournir de nombreuses cachettes adaptées à la taille de chaque poisson, et particulièrement prévoir des cachettes utilisables par les femelles et non par le mâle, plus grand. La reproduction s'effectue par incubation buccale maternelle. Les jeunes libérés au bout d'un mois sont assez gros, près de 2 cm, et présentent très rapidement les barres noires des adultes. Il est possible, en absence d'espèces prédatrices, de maintenir les jeunes en compagnie des parents.

L'espèce présente diverses formes chromatiques :

- La population type est originaire de Kigoma (Nord Tanzanie) et présente 6 barres verticales sur les flancs. Le corps est relativement allongé (par rapport aux autres populations)

- Toutes les autres populations ne présentent que cinq barres latérales mais il est également possible de les scinder en deux groupes :

- Les Cyphotilapia du Burundi sont les plus fréquemment rencontrés en aquariophilie, la barre céphalique est bien marquée, elle part du dessus de la tête, traverse l'œil et se termine sur la partie inférieure du pré-opercule. Les îles Kavalla (Centre-Nord Zaïre) abritent une population proche distincte par la présence d'une légère coloration jaunâtre dans les membranes de la dorsale.

- Les Cyphotilapia du sud du lac ou "Cyphos bleus" ont un corps plus trapu. Ils sont caractérisés par une bande noire reliant les yeux en avant du front et par une coloration bleue plus marquée que chez les formes précédemment citées. On connaît plusieurs populations à coloration bleue plus ou moins intense, les marques céphaliques, et particulièrement la barre (ou tache) infra oculaire, sont d'un grand secours pour reconnaître ces populations. La bosse des mâles est souvent moins importante que chez les autres Cyphos.

Un autre grand Cichlidé particulièrement remarquable est Lobochilotes labiatus qui peut atteindre près d'une quarantaine de centimètres. Sa coloration grisâtre marquée d'une dizaine de barres plus sombres et de quelques reflets jaunâtres n'est pas particulièrement attirante. Mais ce qui fait tout son attrait pour les cichlidophiles confirmés ce sont ses lèvres fortement développées (d'où son nom). Elles lui permettent d'aspirer des proies dans des anfractuosités rocheuses. Notons au passage que quasiment toutes les régions du monde dans lesquelles on trouve des Cichlidés abritent des espèces à lèvres hypertrophiées. L. labiatus est une espèce particulièrement agressive, ses compagnons seront choisis parmi les espèces les plus solides (Petrochromis par exemple), et il ne sera conseillé, en tout état de cause, qu'aux aquariophiles très expérimentés et disposant d'un volume supérieur à 1000 litres.

Le plus grand Cichlidé du lac, et sans doute du monde, est Boulengerochromis microlepis. C'est un très beau poisson présentant de superbes reflets jaunes. Avec une taille qui peut atteindre plus de 70 cm et un comportement alimentaire de prédateur, on comprendra aisément qu'il est très peu maintenu en captivité. C'est un pondeur sur substrat qui dépose ses oeufs dans une cuvette creusée dans le sable et surveille très attentivement les quelques milliers d'alevins. L'espèce est très réputée pour ses qualités... gustatives !

Notons également la présence dans le lac de quelques "Tilapia" dont le plus connu est Oreochromis (Neotilapia) tanganicae, une espèce de grande taille, très prolifique, et donc pour ces deux raisons assez peu maintenue en captivité.

Le lac abrite encore de nombreuses autres espèces telles que les Plecodus, Perissodus (mangeurs d'écailles), Bathybates et Hemibates (Prédateurs de pleine eau) mais leur rareté dans les milieux aquariophiles, même très spécialisés, les exclut de cet exposé. Notons également quelques non-Cichlidés remarquables : Lamprichthys tanganicanus, Killi fragile mais éblouissant, Synodontis dont S. multipunctatus et S. petricola qui font incuber leurs œufs par les femelles Cichlidés, Mastacembellus ou Tetraodonmbu qui peuvent agrémenter un bac de Cichlidés lacustres.
Lamprichthys tanganicanus Synodontis multipuncatus

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